L’Inde soutient son transport aérien face aux compagnies du Golfe

Le ministre des transports indien vient de refuser l'augmentation de capacités des transporteurs du Golfe et exhorte en parallèle les compagnies indiennes à offrir davantage de vols à l'international.
La future flotte d'Airbus d'Air India (Photo montage: © Airbus 2023)

Les compagnies aériennes du Golfe sont, en deux décennies, devenues essentielles à l’intégration de l’Inde dans le transport aérien international. En effet, grâce à elles, les voyageurs d’affaires peuvent atteindre une bonne douzaine de villes du sous-continent.

Qatar Airways propose le plus vaste réseau avec 13 destinations, suivi par Saudia avec 10 escales. Emirates et Gulf Air volent vers 9 villes et Etihad vers 8. Sans compter les transporteurs low-cost du Golfe. Toutes ces compagnies se taillent ainsi la part du lion sur les lignes internationales entre l’Inde et le reste du monde.

Acheter du temps aux compagnies locales indiennes

Mais il est vrai que les compagnies du Golfe ont fait face jusqu’à présent à des transporteurs indiens financièrement faibles. Et donc incapables d’investir dans leur flotte. Le gel des capacités aériennes pour les compagnies internationales remonte en fait à la restructuration d’Air India il y a une décennie.

Mais la vente d’Air India au riche consortium privé Tata donne désormais les moyens à la compagnie nationale indienne de soutenir la compétition. Air India vient récemment de passer la plus grande commande de son histoire avec 470 jets.

Au cours d’une récente conférence, Emirates, Turkish Airlines et le transporteur low cost koweïtien Jazeera Airways ont tous demandé plus de droits de trafic sur l’Inde. Ce que le ministre indien de l’aviation civile a opposé par une fin de non-recevoir dans une interview avec Reuters.

Il a en revanche exhorté les compagnies aériennes indiennes à commander davantage de gros porteurs pour répondre à la demande, y compris pour des compagnies domestiques. « Il est temps que nos transporteurs se tournent davantage vers le marché international. C’est ce que nous poussons les compagnies aériennes à faire et ce processus a déjà commencé », expliquait Jyotiraditya Scindia à l’agence Reuters.

L’Inde, hub du monde ?

Air India, IndiGo, la startup Akasa Air et Jet Airways 2.0 font toutes état de projets ambitieux de croissance internationale avec l’intégration de nouveaux avions long-courriers dans les années à venir.

Selon les analystes, le gouvernement indien pense ainsi au-delà des compagnies aériennes. En souhaitant récupérer le trafic perdu au profit des transporteurs étrangers, il veut positionner l’Inde comme une plaque-tournante du trafic aérien mondial. Le ministre a ainsi évoqué la création d’un hub géant au coeur du pays qui permettrait d’offrir des correspondances depuis l’Amérique du Nord et l’Europe vers l’Inde et le reste de l’Asie.

L’ambition du gouvernement Modi est très claire. L’Inde doit être LE HUB entre l’est et l’ouest. Une position qui a du bon sens pour un pays de plus de 1,4 milliard d’habitants. Mais qui se teinte néanmoins d’un brin de nationalisme…