Interview : Sylvie Parcineau, CCI du Var

Sylvie Parcineau est Responsable du Pôle Attractivité au sein de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Var. Elle revient sur la portée des différents projets aboutis, en cours et à venir.
CCI du Var
Le siège de la CCI du Var, à Toulon

Où se situent aujourd’hui les principaux pôles affaires de Toulon ?

Sylvie Parcineau – Traditionnellement, les deux grandes zones d’activité sont à l’Est et à l’Ouest de l’agglomération toulonnaise. Il y a la zone industrielle de Toulon Ouest, qui court sur les communes de la Garde, de la Farlède, et une partie sur la Crau. Elle date de la fin des années 60 et continue à se déployer. C’est aussi à l’entrée de cette zone industrielle que l’on trouve la plus grande concentration commerciale du département avec Grand Var, Grand Var Est, Avenue 83, et toute une offre de commerces importante pour la métropole. La zone industrielle est dotée de belles implantations en termes d’entreprises, notamment dans la robotique sous-marine. Côté Ouest, sur la Seyne et Six-Fours, on retrouve la zone des Playes, qui accueille des entreprises de production ou de service, et le Technopole de la Mer à Ollioules, qui est vraiment le fer de lance de la métropole en ce qui concerne l’industrie liée à la mer et à la défense, mais qui s’ouvre aussi à d’autres secteurs d’excellence. Naval Group y a notamment implanté son navire amiral. On y retrouve des start-up, des activités liées aux systèmes embarqués marins et sous-marins, et qui peuvent aussi avoir des développements dans l’aérien ou le terrestre. Tout cet écosystème technique autour de la mer est animé à la fois par le Pôle Mer Méditerranée et par System Factory. Cette forme de cluster regroupe à la demande des entreprises qui viennent agréger des briques de technologies pour aboutir à des propositions sur-mesure et répondre aux attentes de gros clients dans le domaine de la défense ou de la marine civile.

Le nouvel éco-quartier de la créativité et de la connaissance est le fer de lance et la vitrine de cet écosystème

Assiste-t-on à une diversification de l’économie toulonnaise, ou reste-t-elle avant tout tournée vers la mer et la défense ?

Sylvie Parcineau – Il y a l’arsenal bien sûr, mais cela ne se limite pas à ça : les techniques maritimes se développent sur d’autres thèmes, l’écosystème technologique également. C’est une volonté de la métropole : développer un écosystème de start-up performantes. Chalucet incarne cette dynamique dans le centre-ville de Toulon : ce nouvel éco-quartier de la créativité et de la connaissance est le fer de lance, la vitrine de cet écosystème, fortement animé par Toulon Var Technologies (TVT). Il y a une pépinière, des programmes d’accélération, à la fois dans le domaine technique mais aussi dans celui de la culture et de la connaissance. Cela s’incarne aussi par l’organisation du festival Murex.

L’installation d’une « rue des arts » dans le centre-ville ne serait donc pas qu’un changement cosmétique ? Cela sous-tendrait une stratégie plus globale, avec une dimension économique ?

Sylvie Parcineau – Tout à fait : ce n’est pas que cosmétique ! Il y a une volonté de s’impliquer fortement avec des outils qui permettent d’alimenter cette Rue des Arts. Ce quartier correspond à l’ancien « Chicago », le quartier mal famé de Toulon, qui est en cours de réhabilitation urbaine depuis quinze ans. On y retrouve maintenant la Rue des Arts, une offre de logements, d’équipements, de services. On y trouve aussi de plus en plus de tiers lieux, des espaces de coworking, etc. L’idée, dans la basse ville, c’est que les start-puissent trouver des locaux et un milieu où se développer en lien avec plusieurs petites entreprises. Il y a aussi toute une dynamique liée au design. Il y a donc une économie qui se développe fortement autour de ces thèmes, portée par la métropole et TVT.

Est-ce que cette dynamique attire déjà de nouveaux voyageurs d’affaires, des investisseurs de nouveaux horizons ?

Sylvie Parcineau – En ce qui concerne la culture, c’est un secteur en émergence, avec un développement encore endogène. Nous n’avons pas encore d’aura internationale, même si la dernière édition du Murex est parvenue à réunir des investisseurs étrangers, des Pays-Bas ou du Royaume-Uni notamment. Quant à nos secteurs d’activité traditionnels, liés à la marine et à la défense, ils génèrent des investissements lourds, et une reconnaissance plus assise à l’international.

Au niveau français, avez-vous constaté un « effet télétravail » ?

Sylvie Parcineau – Oui, il y a beaucoup d’arrivées sur la métropole. Beaucoup d’agents immobiliers décrivent un marché saturé. Il y a une véritable attractivité vis-à-vis de salariés qui viennent travailler à distance.

Cela peut-il pousser à lancer de nouveaux projets d’infrastructures ?

Sylvie Parcineau – La métropole avait déjà initié de gros travaux qui sont en cours de réalisation, notamment au nord de la gare où un nouveau quartier va être livré à Montéty, avec plus de 15 000 m² de bureaux. Ce projet intègre également le repositionnement de l’école d’infirmières. C’est aussi l’une des ambitions de la métropole, qui veut faire revenir les étudiants en centre-ville pour le dynamiser, le rendre encore plus attractif. C’était déjà une volonté exprimée à travers le quartier de la créativité et de la connaissance, avec l’école de commerce Kedge et celle de design Camondo.

Le secteur des transports est-il lui aussi concerné par cette vague de transformation ?

Sylvie Parcineau – Tout à fait, et ce avec plusieurs axes de travail. Il y a la volonté d’améliorer la mobilité à l’intérieur de la métropole par une densification des trains express régionaux, avec une sorte de « RER toulonnais ». Il y a aussi un projet de bus à haut niveau de service. Parallèlement, nous pouvons aussi nous appuyer sur une très bonne desserte de transports en commun maritimes, qui fonctionne très bien à l’intérieur de la rade. Enfin, il y a aussi le projet d’amélioration de la Ligne nouvelle ferroviaire, avec l’opportunité d’une nouvelle ligne entre Marseille et Nice. Il n’y aura pas une nouvelle ligne complète, mais des tronçons qui permettront de densifier l’offre de transports au quotidien.

Un projet qui sera la nouvelle vitrine de Toulon

Comment va se concrétiser ce projet de « RER toulonnais » ?

Sylvie Parcineau – Cela passe par la création de la Halte Sainte-Musse, la rénovation de la gare de la Pauline à la Garde. Il y a aussi la volonté de s’appuyer sur une gare à l’ouest de l’agglomération, à Saint-Cyr-Sur-Mer. Le projet se veut donc très large, de Saint-Cyr jusqu’à la Pauline, voire Solliès-Pont, dont la gare pourrait constituer la porte d’entrée à l’Est. Au niveau maritime, il y a également le grand projet de Mayol à Pipady, avec notamment un nouveau quai de croisières, et des projets de recomposition urbaine sur toute la tranche qui va du stade de rugby jusqu’à la Tour Royale. Nous attendons les résultats du concours d’urbanistes qui a été lancé. C’est un gros chantier, qui demandera du temps, avec une vision à dix ou quinze ans, sur un projet qui sera la nouvelle vitrine de Toulon.

Tous les projets se cantonnent-ils à la métropole toulonnaise, ou les autres villes du département parviennent-elles aussi à attirer les entreprises ?

Sylvie Parcineau – L’ère toulonnaise représente 60 % de l’activité économique, mais ce n’est pas le seul moteur du département. Il y a aussi des développements sur d’autres territoires, chacun avec ses spécificités. Que ce soit le long de l’autoroute A8 autour de Brignoles, vers le Luc et le Cannet sur « Cœur de Var », ou encore aux portes d’entrée de la Dracénie, avec des espaces qui attirent également des entreprises et des offres foncières qui sont en train de se construire.

Quid du tourisme d’affaires ? Une destination comme Toulon doit avoir une carte à jouer sur le secteur du MICE…

Sylvie Parcineau – La métropole dispose d’équipements dédiés, à l’image du Palais Neptune, du palais du commerce et de la mer et du casino de Hyères : il y a des structures d’accueil pour des événements de différentes tailles. Nous travaillons bien avec Provence Côte d’Azur Events pour identifier des opportunités d’organisation de salons, par exemple autour de l’hydrogène, qui est aussi un élément fort du territoire en termes de développement économique, à la fois dans le domaine terrestre et maritime.