Lausanne réinvente sa culture

La ville, surtout connue pour ses palaces qui se languissent le long du Lac Léman et la présence du Comité International Olympique, souhaite être un peu plus que cela. C’est autour de sa gare que se créé le Lausanne nouveau, notamment dans le domaine de la culture.  
Lausanne
Panorama de Lausanne, la ville haute et le quartier du Flon (Photo: LC)

Lausanne est une base idéale pour débuter un voyage en Suisse, notamment pour les voyageurs français.  Déjà parce que la capitale du canton de Vaud est à un peu moins de quatre heures de Paris en TGV Lyria. Surtout, contrairement à Genève, géographiquement en marge de la Confédération Helvétique, Lausanne permet de rapidement gagner le reste de la Suisse. A 45 minutes de Neuchâtel ou de Fribourg, à 1h20 de Berne et un peu plus de 2 heures de Bâle.

La cinquième ville de Suisse s’affirme ainsi comme une agréable première étape pour s’imprégner d' »helvétisme ». La vie y est moins trépidante qu’à Genève, plus provinciale… On flâne ainsi le long des quais du district d’Ouchy, le long de la « Riviera vaudoise » où les palaces 1900 se mirent paresseusement dans les eaux du Lac Léman. La ville haute, le cœur historique de Lausanne avec la cathédrale, est tout aussi paisible.

Lausanne Hôtel de Ville
La Place de la Palud avec l’hôtel de ville de Lausanne (Photo: LC)

Quand le rail se mélange à la culture

Le cœur urbain de Lausanne bat en fait ailleurs, entre ville haute et ville basse : dans le quartier du Flon. C’est là où se retrouve la jeunesse de la ville dans d’anciens entrepôts reconvertis en bars, restaurants, clubs, boutiques branchées et galeries d’art. Le Flon est facilement repérable : il se situe sous l’immeuble du Bel-Air, premier gratte-ciel de Suisse construit en 1931 avec ses 15 ou 19 étages – selon la rue d’où on le regarde !

Lausanne est réputée pour sa vie nocturne. Elle a l’ambition de gagner ses galons de capitale romande de la culture. La ville est certes connue pour sa fondation de l’Hermitage ou son extraordinaire musée de l’art brut. Et elle souhaite davantage affirmer encore ce positionnement. Elle ne lésine donc pas – à coup de centaines de millions de francs suisses – à investir dans son image culturelle.

« Plateforme 10 » est le nom donné au nouveau quartier des arts lausannois, adjacent à la gare centrale. Il se construit étape par étape. En 2019, on a ouvert dans un ancien entrepôt de maintenance des chemins de fer suisses converti et totalement transformé le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Probablement le seul musée d’art au monde avec vue sur des voies de chemin de fer…

La bâtisse de plus de 3500 m2 a été conçue par le studio d’architecture barcelonais Barozzi Veiga. Derrière la longue façade de 145,5 mètres de long et 22,1 mètres de haut, se retranche la collection publique du Canton, soit quelques 10 000 œuvres. Degas, Renoir ou Soulage y côtoient les Suisses Hodler, Giacometti ou Vallotton. Seconde étape importante : l’ouverture programmée ce mois de juin 2022 pour deux autres institutions culturelles, le mudac (musée du design et des arts contemporains) et Photo Elysée.

MCBA Lausanne
17 mètres de plafond pour le hall d’entrée du Musée Cantonal des Beaux-Arts (Photo: LC)

« Plateforme 10 » accueille deux nouveaux musées en juin

Les deux institutions bénéficieront chacune de 1 500 m2 de superficie pour accueillir leurs collections et expositions temporaires. Soit le double de leur ancien lieu. Même si elles se retrouvent au sein d’une même structure, les deux institutions conserveront des identités bien distinctes. En haut, place au mudac, à sa lumière zénithale et à ses espaces d’exposition ouverts, entièrement modulables. En bas, Photo Elysée bénéficie d’un éclairage contrôlé, pour préserver ses collections. Ici aussi l’espace pourra être cloisonné pour présenter diverses expositions ou rester ouvert.

Un lieu de culture unique en Suisse et qui s’avère un lieu surprenant, contemporain à l’excès, et qui révolutionne le caractère un peu « ronronnant » de Lausanne… Le site de « Plateforme 10 » va d’ailleurs encore évoluer. On y prévoit un jardin et des espaces verts ainsi que des espaces de restauration. Quelques boutiques se sont installées déjà et devraient façonner ce lieu de convivialité et d’arts incongru à côté de la gare centrale.

Cette dernière fait d’ailleurs aussi l’objet d’un gigantesque projet de transformation.  Un investissement de 1,3 milliard de francs suisses permettra de faire face au doublement attendu du trafic des trains et des gares d’ici à 2030. De nouveaux quais, des souterrains, une nouvelle ligne de métro et la reconfiguration de la place vont faire de ce quartier la nouvelle carte de visite de la capitale vaudoise. Des projets qui vont encore rythmer cette entrée centrale de Lausanne jusqu’au début de la prochaine décennie.