Lyria voit le bout du tunnel à l’occasion de ses 40 ans

Pionnière des dessertes européennes à grande vitesse en 1981, Lyria entend relancer son trafic dans un monde post-Covid en augmentant de 30 % son offre en sièges d'ici avril 2022. Une façon de rivaliser avec l'avion alors que la question écologique est devenue essentielle pour les entreprises.
Lyria passera prochainement à 17 allers-retours quotidiens entre la France et la Suisse.
Lyria passera prochainement à 17 allers-retours quotidiens entre la France et la Suisse.

Ce mercredi 20 octobre, en gare de Genève, les équipes de la SNCF et des CFF, les chemins de fer suisses, ont célébré les 40 ans de Lyria (dénommé Ligne de Cœur jusqu’en 2002. La desserte franco-suisse a en effet été inaugurée le 27 septembre 1981, dans la foulée de l’ouverture de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon. De près de 6h de voyage, Paris-Genève tombait alors à 4h15, avec deux liaisons par jour. Par comparaison, le temps de trajet est aujourd’hui de 3h11 avec 8 A/R quotidiens. Les villes de Lausanne en 1984, puis de Bâle et Zurich en 1997, ont ensuite été reliées à la capitale française. « Lyria est un indéniable succès avec près de 5 millions de passagers en 2019. Le train est la réponse moderne et écologique pour voyager« , s’est félicité Jean-Pierre Farandou, le Pdg de la SNCF, qui possède 74% de la co-entreprise.

17 allers-retours entre la France et la Suisse à partir d’avril 2022

Prévu en 2020, le grand projet d’expansion de Lyria a été sabordé par la crise sanitaire. Les fréquences ont fondu avec les trafics, pénalisés de surcroît par la quarantaine demandée aux voyageurs par les autorités suisses de décembre 2020 à juin dernier. Un formulaire quelque peu fastidieux est d’ailleurs toujours à remplir en ligne via son smartphone ou un laptop lors de son entrée en Suisse.

De gauche à droite : Fabien Soulet, CEO de Lyria, Jean-Pierre Farandou, Pdg de la SNCF et Vincent Ducrot, CEO de CFF SA.
De gauche à droite : Fabien Soulet, CEO de Lyria, Jean-Pierre Farandou, Pdg de la SNCF et Vincent Ducrot, CEO de CFF SA.

Ce « choc de l’offre« , comme le présente Fabien Soulet, le CEO de Lyria, est à nouveau sur les rails avec une montée en puissance qui s’effectuera en deux temps, en décembre puis en avril 2022. Paris-Genève passera ainsi à 7 A/R en décembre prochain, puis à 8 en avril 2022. De leur côté, la ligne Paris-Zurich passera à 5, puis 6 fréquences et celle entre Paris et Lausanne à 6 A/R en avril 2022, dont 3 via Genève. « Lyria proposera alors 17 A/R quotidiens, ce qui représente pas moins de 18 000 places entre la France et la Suisse, contre plus de 13 000 en 2019, avant le Covid« , se félicite-t-il.

La Business Première de Lyria rivalise avec l’aérien

L’augmentation de 30 % des capacités ne semble pas effrayer la compagnie, encore loin d’avoir retrouvé ses volumes d’avant crise. « Deux tiers des passagers affaires, comme de nos voyageurs globaux, étaient de retour en septembre« , reconnait le dirigeant qui estime que les fondamentaux de Lyria sont néanmoins toujours là. Et de citer des liaisons de centre à centre permettant une optimisation du temps de travail, les 15 rames rénovées, le wifi et une prestation de restauration digne d’une classe affaire aérienne en Business Première.

Elaboré par le chef étoilé Michel Roth, un repas chaud est en effet servi pendant les trajets aux heures de repas et une collation légère entre les deux. En gare de Paris-Lyon, les clients de cette classe créée en 2017 bénéficient en outre de l’accès au corner Business Première du salon Grand Voyageur et d’un passage rapide des contrôles à l’entrée du quai. Pour profiter de ces services, le voyageur doit débourser 195€ l’aller simple entre Paris et Genève ou Lausanne, 199€ vers Bâle et 225€ vers Zurich. Pour booster les trafics, des tarifs attractifs sont proposés en Standard et Standard 1er, à partir respectivement de 29€ et 49€.

La crise sanitaire a renforcé les préoccupations environnementales

Lyria est d’autant plus confiante dans cette stratégie de relance de son offre que cette longue crise du Covid génère des clients affaires supplémentaires. « Nous n’avons jamais autant signé de contrats entreprises que depuis ce printemps. Il y a clairement un changement de politique dans le cadre de leurs engagements RSE qui joue en faveur du train comparé à l’avion. Ce basculement se ressent surtout sur Zurich, à 4h de Paris, car Lyria détient déjà une part de marché de 50 % sur Genève, à 3h11 de la capitale. Ces nouvelles règles en matière de politique voyage sont en outre très respectées par les voyageurs suisses-alémaniques« , observe Fabien Soulet.

Un repas en Business Première élaboré par le chef étoilé Michel Roth.
Un repas en Business Première élaboré par le chef étoilé Michel Roth.

Alors que Lyria est concurrencé sur ces trois routes par l’aérien avec les aéroports de Genève, Zurich et Bâle-Mulhouse, une étude commandée au cabinet suisse Infras joue clairement en sa faveur. Les émissions de carbone d’un voyage global en train seraient ainsi vingt fois moins importantes que l’avion, 14 fois inférieures à la voiture voir même 8 fois comparé à un véhicule électrique. « Nous avons du réaliser cette étude qui prend en compte l’ensemble des écosystèmes liés au train, car les entreprises demandaient des bilans carbone très précis« , explique-t-il. Une partie des nouveaux contrats sociétés signés concernent ainsi les économies carbone réalisées par leurs collaborateurs. « Lyria dispose de contrats adaptés à tous les types d’entreprises, selon leur taille et leur consommation annuelle sur nos lignes« , ajoute le DG de Lyria.

Et demain ?

Lors de la cérémonie, Vincent Ducrot, le CEO des CFF, a aussi émis des envies d’expansion. Avec à l’esprit les vacances de ses compatriotes, ces envies lorgnent plutôt vers le sud, Lyon et les régions Auvergne-Rhône-Alpes ou Provence-Alpes-Côte d’Azur. Voire jusqu’à Barcelone un jour…