
C’est un peu la pierre philosophale du travel manager moderne, le graal du voyageur d’affaires responsable… Du moins si l’on se fie à la description prometteuse de “Stay or Go”. A la veille de l’événement IFTM Top Resa, The Treep frappe un grand coup dans le domaine de la mobilité responsable avec le lancement de ce nouvel outil d’aide à la décision, co-développé avec d’autres entreprises participant à la Convention des Entreprises pour le Climat. Une plateforme encore en phase de test – elle va pouvoir se nourrir d’une expérimentation au sein d’une vaste structure publique au cours des prochains mois – dont le véritable lancement est attendu pour 2024.
A travers Stay or Go, le spécialiste de la réservation de voyages d’affaires éco-responsable aurait donc réussi à mettre en place un algorithme permettant, pour chaque déplacement, d’en mesurer en amont son indicateur d’essentialité. Celui-ci permettrait d’identifier les voyages d’affaires superflus sur la base de critères objectifs. Sont notamment étudiés le motif du déplacement, la durée du voyage, le mode de transport, le coût des billets, la valeur financière potentiellement générée, la date du dernier RDV en présentiel, les risques sanitaire et sécuritaire, et le degré de substituabilité par la visioconférence.

organisateur de réunions ou d’événements d’entreprise
Les responsables du projet détaillent : “Chaque critère est noté sur une échelle de 1 à 5 sur la base d’une grille d’évaluation. Cette grille peut être soit issue des données de mobilité de l’organisation ou de ressources documentaires externes, soit être basée sur une convention. Ainsi, les résultats reflètent les habitudes de mobilité de l’organisation. Par exemple, un voyage dont les coûts sont beaucoup plus importants que la moyenne des voyages effectués dans l’organisation aura une mauvaise note sur ce critère. Tandis qu’un voyage dont les émissions de gaz à effet de serre sont moindres par rapport à la moyenne aura une bonne note sur ce critère.” Au final la moyenne des notes est pondérée par l’importance accordée à chaque critère, et multipliée par le taux de non-substituabilité par la visioconférence. Celui-ci repose notamment sur la faisabilité en distanciel des différentes activités prévues.
Dès lors, The Treep n’entend pas avoir résolu l’équation au travers d’une seule formule mathématique universelle : l’outil doit s’adapter au cas par cas. Les responsables de The Treep expliquent ainsi que le taux de non-substituabilité par la visioconférence “est évidemment propre à chaque motif de déplacement ou type d’événement, et est issu d’une enquête préliminaire sur les pratiques de mobilité de l’organisation”.
Budget carbone limité, priorisation des déplacements
Comme son nom l’indique, Stay or Go délivre in fine un verdict sous la forme d’un pourcentage entre l’option de “Rester” ou celle de se déplacer. Charge ensuite à l’utilisateur d’appliquer ou non cette recommandation. The Treep ambitionne ainsi “d’amorcer un changement culturel dans un secteur encore dominé par les acteurs historiques, en diffusant l’idée d’un budget carbone limité et d’une démarche de priorisation des déplacements, que cela soit pour les organisateurs, comme pour les voyageurs« . Comme le résume Laurent La Rocca, CEO de the Treep, « Tous les voyages ne sont pas essentiels, mais il est essentiel de se rencontrer. Moins mais mieux, c’est certainement une définition valable du voyage professionnel responsable ».

A la différence d’acteurs opportunistes, parfois taxés de « greenwashing », The Treep présente l’avantage non négligeable d’avoir opté pour ce positionnement durable dès ses débuts, au cœur de son activité. D’où une véritable légitimité sur la question. Et son CEO ne faisait d’ailleurs pas mystère de nourrir une telle ambition. En début d’année, Laurent La Rocca indiquait déjà à Voyages d’Affaires : « Nous travaillons en R&D sur des algorithmes qui permettraient, en fonction de différents critères d’essentialité, de distinguer les voyages essentiels ou non. Par exemple, il y a tel motif de voyage, je dois aller voir un client pour boucler une affaire, je ne l’ai pas vu depuis six mois, l’enjeu financier est très élevé : quel que soit le moyen de transport que je vais utiliser, il faut que j’y aille. Et il s’agit ensuite d’enclencher une stratégie de neutralisation carbone. Mais il y a aussi beaucoup de voyages non essentiels, si l’on est sur une fréquence de contacts élevée par exemple. On travaille sur un outil qui mettrait tout le monde d’accord avec des critères rationnels« . (…) Interrogé sur le détail de ces critères, Laurent La Rocca expliquait alors : « Il y a les critères « classiques » comme la durée, le prix, l’empreinte carbone, mais aussi les risques sanitaires et sécuritaires, les enjeux financiers… L’aspect social est important également, que ce soit avec ses clients ou avec ses équipes, car quand tout se passe en visio, la culture d’entreprise se délite. La date des derniers rendez-vous en présentiel est donc aussi prise en compte. Il y a certains motifs de déplacements qui limitent fortement sa substituabilité : une gestion de crise, une signature, une expertise sur site. Il y a toujours des solutions, mais c’est plus complexe que de se déplacer. Nous sommes en train de modéliser cette substituabilité du voyage par la visioconférence« . Un projet qui se matérialise donc finalement aujourd’hui à travers Stay or Go.