
L’émergence de nouveaux pôles d’attractivité à Toulon tombe à pic dans le contexte d’après-crise. Avec l’expérience du télétravail, de nombreux salariés ont découvert qu’ils pouvaient être tout aussi efficaces sans nécessairement vivre en région parisienne. La décentralisation qui pourrait s’ensuivre bénéficierait à de nombreuses villes de taille moyenne. Et Toulon, reliée directement par TGV à la Gare de Lyon parisienne, a clairement une carte à jouer. Une carte d’autant plus stratégique que les nouvelles infrastructures fleurissent justement… à proximité immédiate de la gare TGV.
« En France, quand on veut atteindre une taille critique, travailler avec des grands comptes, il faut être souvent à Paris : j’y monte toutes les semaines, témoigne Jean Larroumets en tant que président et fondateur de l’entreprise Egerie. Quand on est en centre-ville de Toulon, comme nous en avons fait le choix avec Chalucet, c’est beaucoup plus simple. Toulon a tous les équipements d’une grande métropole dans une ville de taille accessible. Le trajet est de quatre heures, soit une demi-journée pendant laquelle on peut facilement continuer à travailler et être efficace. On ne perd pas de temps. On monte à Paris pour deux ou trois jours, c’est moins pesant que d’y habiter. Et quand nos équipes de Paris viennent à Toulon, c’est une vraie bouffée d’oxygène pour elles. »
Nous restons ici, notre identité est à Toulon
D’ailleurs, la dépendance des chefs d’entreprise vis-à-vis d’une domiciliation parisienne pourrait bien s’atténuer. C’est en tous cas la volonté de Jean Larroumets, qui entend bien assumer cette identité régionale : « Jusqu’à peu, on pouvait subir une certaine pression de la part des fonds d’investissement qui ne voulaient pas soutenir une entreprise si elle n’était pas installée à Paris. Avant, on aurait été coincés, obligés d’accepter cette logique et de déménager. Mais il faut aussi parfois taper du poing sur la table et dire : « Non, nous restons ici, notre identité est à Toulon ». On arrive à recruter, y compris dans mon secteur où les ressources sont très tendues : développeurs et experts cyber. Une fois que l’on a réussi à les faire venir, ils ne s’en vont pas. En tant qu’entrepreneur, j’ai la volonté de réussir en région. Cela me semble important, il y a énormément d’énergie, et il faut aussi démontrer qu’il peut y avoir de belles histoires entrepreneuriales ailleurs qu’à Paris, y compris dans le numérique ».
Opération télétravail
L’atout télétravail n’a pas échappé aux responsables départementaux, qui au mois de mai dernier lançaient une « opération télétravail » incarnée par le slogan : « Le Var, la tête au bureau, les pieds en vacances« . C’est Var Tourisme, l’agence de développement touristique, qui a initié cette démarche visant à « inciter les travailleurs à venir savourer pleinement la destination du Var ». En lien avec les différents offices de tourisme du département, Var Tourisme a donc référencé sur une page dédiée tous les acteurs du territoire en lien avec le télétravail, en particulier pour les orienter vers des solutions d’hébergement adaptées à leurs besoins, et des espaces de coworking. « La crise va, de toute évidence, réinventer nos habitudes de voyage dans les années à venir. A cet effet, Var Tourisme souhaite s’adapter dès aujourd’hui et proposer une offre adaptée aux besoins des travailleurs / touristes« , indiquent les responsables de l’opération.
Bleisure : Toulon s’offre un vernis artyCertes, il y a la plage : vaste et facilement accessible au Mourillon, plus escarpée à Magaud ou à la Mitre, mais l’offre bleisure toulonnaise ne se situe pas qu’au niveau de la mer… La rénovation totale du Musée d’Art de Toulon (MAT), qui vient de rouvrir ses portes, et la façade bariolée dont s’est dotée l’Hôtel des Arts illustrent l’attention particulière accordée à la culture par les dirigeants actuels. Et la signature d’un partenariat avec le Centre Pompidou a donné encore davantage de consistance à l’offre toulonnaise. Après tout, Toulon et sa nouvelle « rue des arts » où ont fleuri galeries d’arts et bars branchés s’affirme maintenant comme une destination arty. Et que dire de l’Ancien Evêché, bijou cachotier en bas du Cours Lafayette – une autre possibilité bleisure, d’ailleurs, que ce marché provençal toujours haut en couleurs – ? Il compte parmi les principaux sites accueillant la Design Parade jusqu’à fin octobre, un festival d’architecture d’intérieur qui a lui aussi donné une nouvelle notoriété à la ville. Plus loin, à Porquerolles, la fondation Carmignac dote l’ile, déjà paradisiaque, d’un nouvel atout culturel. Enfin, dans un registre plus sportif, le stade Mayol est désormais ouvert aux visites, et la piscine en plein air de Port Marchand se prête tout à fait à quelques longueurs, selon le planning et la motivation de chacun… |