Univ’AirPlus : RSE, sécurité et digital au coeur du « voyager mieux »

L’édition 2021 d’Univ’AirPlus a proposé cette année une thématique autour du ‘voyager mieux’, abordé sous trois angles : la RSE, le devoir de diligence et la digitalisation des voyages.
Table ronde consacrée au
Table ronde consacrée au "duty of care" lors de l'édition 2021 d'Univ'Airplus.

Traditionnel événement de la rentrée pour les acheteurs et travel managers, Univ’AirPlus s’est tenu le jeudi 9 septembre. Un événement organisé pour la première fois en virtuel en raison des incertitudes liées à la pandémie et de la volonté du spécialiste des paiements corporate que cette édition se tienne effectivement.

Cette quinzième édition avait pour thème le « voyager mieux », « une tendance qui existait déjà avant la crise mais qui, d’un besoin, est devenue une obligation« , comme l’a souligné Julie Troussicot, directrice France d’AirPlus International, en préambule de l’après-midi. Parmi ces obligations, l’une dépasse largement le cadre du voyage d’affaires et rejoint les préoccupations existentielles de la planète : la RSE. Mise à l’arrêt des déplacements, alternative probante aux voyages à travers les visioconférences : le Covid a amorcé un changement d’attitude, on l’espère irréversible, vis-à-vis des déplacements professionnels, qui représentent la moitié des émissions de gaz à effet de serre des entreprises, et encore bien plus dans le secteur des services.

« On observe une montée en puissance de ce sujet de la part de collaborateurs et du top management. Mais comment transformer l’essai ?« , s’interrogeait Lucile-Laure Plesse, en charge du sourcing pour le groupe Roche. La table ronde consacrée à la RSE a mis en lumière certaines difficultés pour la mise en pratique de politiques voyages durables efficaces, notamment la diversité des mesures de l’empreinte carbone selon les fournisseurs. « Par exemple, si on change d’agence de voyage, le mode de calcul ne sera plus toujours le même« , a remarqué Amélie Berruex, directrice générale d’Axys Odyssey. Pour aller plus loin, les méthodes de calcul adoptées en interne par les entreprises doivent aussi être à la hauteur des ambitions. « Si une entreprise veut prendre le sujet à bas le corps, elle doit s’imposer une méthode de calcul qui soit sévère« , a proposé Laurent La Rocca, fondateur de The Treep.

Autre difficulté mise en avant, celle de proposer la bonne information au bon moment dans les outils de réservation pour accompagner les professionnels dans le choix de modes de transport doux ou d’hébergement responsable. Car, ce qui est ressorti des échanges comme un priorité forte pour l’accélération du changement, c’est la sensibilisation des voyageurs à travers une communication positive autour des enjeux de la RSE. « Il faut responsabiliser les collaborateurs, mais d’abord les éduquer, donner du sens« , estime Thibaut Massiet du Biest, directeur des services et achats internes de Metro. Dans ce même ordre d’idée, Laurent La Rocca, fondateur de The Treep, encourage la gamification « pour avoir un réel impact et inciter les voyageurs aux actions RSE. »

De son côté, Lucile-Laure Plesse a évoqué le lancement récent dans son entreprise d’une plate-forme de communication autour des voyages et de la RSE. Elle a aussi l’importance de relais au sein de l’entreprise pour propager la bonne parole. « Il y a des collaborateurs proactifs dont je fais mes influenceurs, explique-t-elle, alors que d’autres ont toujours peur de perdre en confort en renonçant à l’avion, par exemple parce qu’ils habitent près d’un aéroport ou parce qu’ils peuvent gagner des miles.  »

Deux start-up récompensées lors d’Univ’AirPlus

Comme lors des dernières éditions, UnivAirPlus a mis en avant plusieurs start-up à travers ses Innovation Rooms dont l’une était logiquement consacrée à… la RSE. Quatre jeunes entreprises sont ainsi venues « pitcher » : Search Mobility, Jeekan, TaxyMatch et Rategreen, dont les outils mesurent l’impact RSE et fait le tri entre labels disparates et autres calculateurs de CO2. Une start-up déclarée vainqueur après le vote des internautes. L’autre Innovation Room était consacrée au bien-être des voyageurs et a vu la start-up Bonport rempoter le prix pour son idée de bulles de tranquillité installées au coeur des gares pour des rendez-vous d’affaires en toute tranquillité. Les autres participants étaient HtoH, Runnin’City et SanctiFly.

Pour ce qui est des autres thèmes abordés, UnivAirPlus est revenu sur le devoir de diligence, le fameux « duty of care » déclaré priorité numéro 1 de 99% des travel managers selon une récente étude de BCD Travel. Un sujet dont l’importance est naturellement sortie renforcée par la crise. « Depuis une décennie, la notion du duty of care était déjà bien ancrée dans la majorité des grandes entreprises françaises, a souligné Nicolas Bourgeois, directeur de la sécurité de Renault. Mais avec le Covid, le niveau d’attente de la part des collaborateurs s’est largement accru. » Un aspect également constaté par Cécile Caplin, Regional Security Manager d’International SOS : « Il y a une prise de conscience autant de la part des managers que des voyageurs. Nous avons par exemple reçu cinq fois plus d’appels de salariés avec la pandémie. »

La pandémie a aussi changé la façon d’appréhender les risques, en démontrant qu’ils dépassent largement le cadre des seules zones à risques. « Les entreprises n’avaient pas toujours conscience des autres risques« , a souligné Amélie Berruex, d’Axys Odyssey. Un point confirmé par Nicolas Bourgeois : « traditionnellement, la direction sûreté se penchait sur les risques sécuritaires classiques, la délinquance, le terrorisme et les accidents de la route. » Pour aller plus loin, il invite à la co-construction de nouveaux protocoles entre la direction RH, la médecine du travail et le travel management :« Il y avait déjà cette collaboration pour les zones à risques, mais la crise renforce la nécessité de ce travail en commun. »

Comme pour la RSE, l’information des voyageurs sur les risques est un élément clé, la pandémie ayant montré le besoin d’outils de veille réactualisés en permanence. Ainsi, International SOS a-t-il mis en place pendant la crise un score d’impact covid selon les pays, fondé sur la possibilité ou non d’entrer sur un territoire, de pouvoir y travailler en fonction d’éventuels couvre-feu. Reste que, pour Ziad Minkara, directeur général chez CDS groupe, « un travail sur l’ensemble de la chaîne de valeur avec des normes communes a encore une marge de progression. » Avec la crise, le spécialiste de la réservation hôtelière CDS s’est mis à proposer un Indice Covid, fondé sur les nouvelles mesures sanitaires mises en place par les hôteliers. « Aujourd’hui, les politiques hébergement sont en train d’être réécrites à l’aune de ces nouvelles exigences« , a expliqué Ziad Minkara, qui voit dans la crise « un accélérateur de la fin des réservations hors des canaux de l’entreprise« .

RSE, digital, devoir de diligence : trois déclinaisons du voyager mieux

Ce n’est pas une surprise, la pandémie a engendré une accélération phénoménale de la digitalisation des voyages, dernier thème abordé dans l’après-midi lors d’Univ’AirPlus. Selon le cabinet selon McKinsey, le Covid a fait faire un bond en avant au numérique de trois ans par rapport aux prévisions pré-crise, tous secteurs confondus. Mais reste encore une large marge d’amélioration dans le monde du voyage d’affaires. « La digitalisation a beaucoup progressé dans le grand public mais dans le secteur du voyage d’affaires, ça a mis plus de temps à démarrer, que ce soit du côté des agences, des aéroports ou des compagnies », constate Helene Billon, directrice du groupe Orange en charge des voyages d’affaires et de ses alternatives.

Avec la révision à la baisse des déplacements, l’arrivée de nouveaux outils venant améliorer l’expérience voyageur est un élément clé pour cette professionnelle du travel management dont la société s’était tourné dès le milieu des années 2010 vers l’automatisation de la réservation, du paiement et de la gestion des notes de frais. « Ceux qui vont continuer à voyager vont être plus exigeants, vouloir moins de stress, de la fluidité, entrevoit-elle. Sinon, ils resteront chez eux pour faire une visio. » Une exigence vis-à-vis d’outils digitaux efficaces qui joue aussi sur la marque employeur de l’entreprise afin de capter les nouveaux talents. Pour Raphaël Daverio, directeur produits de TravelPerk, la crise a surtout encouragé les entreprises à « regarder leurs coûts en allant de plus en plus vers le digital. »

Du côté des fournisseurs, Pierre-Hugues Schmit, directeur commercial et opérationnel de Vinci Airports, a souligné l’efficacité du certificat digital européen qui « a marché remarquablement bien et évité des heures d’attente dans les aéroports. » Parmi les innovations mises en place par son groupe, Vinci Airports a lancé à Lyon un compagnon de voyage biométrique qui permet aux voyageurs de traverser l’aéroport de manière fluide et sans contact. Une application également déployée à Lisbonne et qui devrait monter en puissance avec l’enrôlement de nouvelles compagnies, mais aussi l’ajout d’une offre de services au sein des hubs. Ou quand le digital est étroitement associé au voyager mieux.