
Il existe un paradoxe à Venise. La ville est une merveilleuse destination pour les voyages de stimulation ou les petits congrès de prestige. Ses superbes palais du 18ème siècle, ses hôtels de prestige – Bauer, Cipriani, Danieli ou Palazzo Gritti, entre autres -, l’atmosphère romantique de la ville historique le long de ses canaux font de Venise un lieu unique. Sauf que Venise reste pourtant en marge des grandes destinations de congrès. Si l’on se réfère aux chiffres communiqués par l‘ICCA en 2019, Venise se classait au 74eme rang en Europe avec 21 réunions et conférences internationales. Et en 143ème position dans le monde. Un résultat plutôt...
Il existe un paradoxe à Venise. La ville est une merveilleuse destination pour les voyages de stimulation ou les petits congrès de prestige. Ses superbes palais du 18ème siècle, ses hôtels de prestige – Bauer, Cipriani, Danieli ou Palazzo Gritti, entre autres -, l’atmosphère romantique de la ville historique le long de ses canaux font de Venise un lieu unique. Sauf que Venise reste pourtant en marge des grandes destinations de congrès. Si l’on se réfère aux chiffres communiqués par l‘ICCA en 2019, Venise se classait au 74eme rang en Europe avec 21 réunions et conférences internationales. Et en 143ème position dans le monde. Un résultat plutôt médiocre en Italie. Venise arrive en effet loin derrière Rome (rang 18 avec 102 réunions), Milan (32/73). Mais elle est aussi dépassée par Florence et Naples (88/33), Bologne (110/27) ou Turin (124/24).
La municipalité souhaite donc monter en puissance sur le segment MICE. D’autant qu’il correspond au repositionnement de la Cité des Doges qui souhaite moins de visiteurs à la journée et plus de véritables touristes passant plusieurs nuits. Car, contrairement à ce que l’on peut imaginer, le tourisme vénitien s’appuie essentiellement sur des visiteurs à la journée.

Un tourisme trop journalier
En 2019, dernière année « normale » pour le tourisme, la « Sérénissime » avait accueilli 5,52 millions de touristes générant près de 10 millions de nuitées. Sur ce chiffre, 4,7 millions venaient de l’étranger représentant une part de marché de 86,7%. Mais la fréquentation totale de la ville est estimée à plus de 20 millions de visiteurs par an. Les 14,5 millions restant proviennent des alentours ou des bateaux de croisière. Ces derniers par exemple contribuent à hauteur de 1.6 million de visiteurs annuels. Mais ils dépensent peu en ville. Selon une étude, un croisiériste laisse dans les caisses de Venise en moyenne 19 euros, un visiteur à la journée 5 euros…
« Ces touristes de passage contribuent à la dégradation des infrastructures et à la saturation de la ville historique, » assure Simone Venturini, le maire adjoint au tourisme. « Il est donc nécessaire de limiter plus strictement nos flots de visiteurs. Et de hisser la durée moyenne de séjour à 3, 4 ou même 5 nuitées. Contre un peu plus de deux nuitées aujourd’hui, » raconte-t’il.
L’équation est complexe. Economiquement, Venise a depuis longtemps été dépassée par d’autres cités en Italie. Restait donc pour la prospérité de la ville son tourisme. Une monoculture du tourisme a donc surgi au cours des 50 dernières années. Monoculture qui rapporte à la Cité des Doges plus de 3 milliards d’euros par an. On peut rattacher également l’activité culture. Avec ses nombreuses fondations, une biennale mondialement connue, un festival de cinéma tout aussi réputé que ceux de Berlin ou de Cannes, Venise est de fait une destination culturelle de premier ordre en Europe. Mais là encore, très dépendante de son activité touristique.
Le Lido, entre cinéma et nostalgie
Venise veut certes prendre des mesures pour endiguer le nombre de visiteurs à la journée en ville. Comme par exemple imposer un droit d’entrée. Mais surtout, Venise veut attirer un tourisme plus haut de gamme, plus générateur de revenus.
Outre le positionnement de la cité comme « Capitale des Arts », la ville veut cibler de nouveaux marchés. Il y a d’abord des créateurs et des voyageurs nomades. Ceux qui ont un fort pouvoir d’achat et peuvent contribuer à rendre Venise plus vivante et cosmopolite. Il y a les investisseurs attirés par un cadre de vie exceptionnel – sans voiture. La ville souhaiterait de fait attirer quatre milliards d’euros d’investissements. Et contribuer à la création de 20 000 emplois ainsi qu’à l’arrivée de 12 000 nouveaux résidents.
Le Lido est parfait pour des activités MICE. Il offre des lieux à des événements prestigieux, multifonctionnels, en particulier avec le centre de congrès du Palazzo del Cinema et le Casino
Et puis, il y a l’industrie du MICE. Sur ce segment, Venise a certainement une carte à jouer. Et elle s’appelle Le Lido. Cette île au large de la cité historique est considérée comme le côté balnéaire de Venise. Elle forme un cordon protecteur pour le lagon avec ses 11 kilomètres de littoral. Au 19ème siècle, le Lido est devenu une station balnéaire avec ses grands hôtels et ses spas. C’est là d’ailleurs qu’ont lieu le Festival de Cinéma de Venise ainsi que des activités de la Biennale chaque année.
« Le Lido est parfait pour des activités MICE. Il offre des lieux à des événements prestigieux, multifonctionnels, en particulier avec le centre de congrès du Palazzo del Cinema et le Casino. Et l’un des plus beaux golfs 18 trous d’Italie, » précise Simone Venturini. « Combinés ensemble, le Palazzo del Cinema et le Casino sont ainsi capables d’accueillir plus de 3 000 personnes, » ajoute-t-il.
Selon le Maire adjoint, il existe un projet de mise en valeur de la plage du Lido où se situent hôtels de prestige comme l’Ausonia Hungaria et l’Excelsior, le casino et le palais des congrès. La ville veut y consacrer 50 millions d’euros d’ici 2023. Elle espère aussi pouvoir attirer des investisseurs dans la rénovation de certaines structures tels que d’anciens hôtels tombés en décrépitude le long de la plage. Comme pour l’ancien Grand Hôtel des Bains, à l’abandon depuis 10 ans. Il servit d’ailleurs de lieu de tournage au film « Mort à Venise ». Tout un symbole!