
Savoir que Wuhan se prononce Wouran ne sera bientôt plus qu’une simple question de culture générale. Et pour cause, la capitale du Hubei – l’une des provinces les plus riches de Chine – est en train de devenir une ville d’affaires de première catégorie. Certes, lorsque l’on flâne sur les rives du Yangtsé, on remarque surtout les vendeurs de cerfs-volants et les enfants juchés sur d’étranges montures dragonéiformes. Si, de prime abord, les hommes d’affaires semblent presque absents de ce portrait, il ne faut guère se fier aux apparences. En 2010, la conurbation de 9 millions d’habitants située à mille kilomètres de Pékin, de Shanghai et de Hong Kong, a tiré quelque 550 milliards de yuans (RMB), soit 66 milliards d’euros, de son activité économique… avec une croissance située autour des 15 %.
Cette fabuleuse prospérité, Wuhan la doit d’abord à un passé industriel qui remonte au XIXe siècle, époque où les premiers Occidentaux vinrent y faire du commerce depuis Shanghai. Les Français, surtout, s’y plurent et y restèrent. Tout un quartier, celui de la Concession française, désormais réhabilité et ponctué d’enseignes chics et de restaurants à la mode, en a d’ailleurs gardé les traces.
Si les années maoïstes ont eu raison des liens franco-wuhanais, la ville revit aujourd’hui le grand bond en avant… en version hexagonale. Les chiffres sont probants : un millier de Français y sont déjà recensés et la France est devenue le premier investisseur étranger de la métropole avec près de deux milliards d’euros injectés, déjà, en 2008, soit 60 % des investissements européens et 13 % des investissements étrangers. “Il y a ici une tradition de francophilie, voire de francophonie”, affirme Qin Huang, consule adjointe en charge des questions économiques.
Et pour cause : en 1998, la France a été le premier pays occidental à ouvrir un consulat général à Wuhan, suivi, dix ans plus tard, par les États-Unis et la Corée du Sud. “C’est d’abord la coopération universitaire, engagée il y a plus de 30 ans, qui a tissé les rapports franco-wuhanais”, continue la consule adjointe. Il faut dire que la capitale du Hubei est une vraie ville de têtes pensantes. Troisième pôle universitaire de Chine, elle a vu naître l’une des toutes premières universités du pays.
Relations franco-chinoises
“Rivière du ciel”
Wuhan a encore une autre ambition : celle de devenir un hub de transports routier, fluvial, ferroviaire, et même aérien. En 2015, Tianhe – la “rivière du ciel” – devrait devenir le quatrième aéroport international du pays, avec l’ajout d’un troisième terminal permettant d’accueillir jusqu’à 38 millions de passagers par an. Aussi, l’arrivée d’une toute première liaison directe entre Wuhan et l’Europe avec Air France pose-t-elle la pierre angulaire de ce développement. “La capitale du Hubei constitue un nœud de communication important, explique en effet Marnix Fruitema, directeur général Asie Pacifique d’Air France et KLM. Elle est située à un carrefour de la Chine centrale, dans une des provinces les plus dynamiques.” Pionnière dans le transport entre la Chine et l’Europe, la compagnie française fut la première d’Occident à inaugurer une liaison avec la République Populaire de Chine, dès 1966, avec Paris-Shanghai. En 2012, le Paris-Wuhan est encore une première. “Un grand nombre d’entreprises étrangères, dont plus de 80 sont françaises, sont déjà implantées à Wuhan, reprend Marnix Fruitema, avec de fortes prévisions de développement, mais aussi des échanges universitaires fréquents avec l’Europe.” Wuhan n’a pas fini de faire parler d’elle.
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