
J’aime l’âme des villes, même si on dit qu’elles ont tendance à toutes se ressembler
« C’est certain, les voyages influencent mon travail ; chaque pays, chaque ville ayant sa propre spécificité. Pour l’Inde par exemple, c’est l’exotisme, la couleur, une sensibilité différente… Pour le Japon, c’est indéniablement la gastronomie. Et pour l’Amérique, je dirai que c’est certainement la musique. Mais, au fond, ce qui compte pour moi, c’est la surprise, les sensations nouvelles ; une autre ville, un pays que je ne connais pas encore…
J’adore voyager, même si, en général, je ne reste que très peu de temps sur place, trop peu de temps malheureusement. Mais je trouve malgré tout le moyen de me ménager quelques instants, de chaparder quelques heures qui n’appartiendront qu’à moi, et que, outre le fait de manger quelque chose de local, je consacre généralement à la culture. J’aime les musées, comme par exemple celui d’anthropologie de la ville de Mexico. Et puis, il y a les gens, ces rencontres avec les fabricants, les artisans, les ingénieurs… Toute cette richesse humaine qui me permet d’aller à la source des choses, notamment du côté des matières premières puisque, de notre côté, nous produisons dans le monde entier.
Dans tous les cas, je suis plutôt urbain. Je me sens bien à la campagne ou à la plage, mais guère plus d’une journée… En fait, j’aime l’âme des villes, même si on dit qu’elles ont tendance à toutes se ressembler, qu’on y retrouve des éléments de plus en plus globaux ; moi, je trouve que c’est le caractère des habitants qui compte, et qui est toujours très différent selon les cités, avec des références différentes, des points de départ différents. Lorsqu’on est à Paris, rien qu’aux gens, on sait immédiatement qu’on est à Paris. Pareil à Londres, ou ailleurs. Et ça influence certainement mes créations.
Par exemple, tout récemment, lorsqu’on a fait l’hôtel Pullman dans le quartier de Bercy à Paris, j’ai tenu compte de l’histoire de la marque qui connote des voyages dans des grands trains. Du coup, j’avais en tête des croisements de voies ferrées, des choses industrielles… et j’ai donc utilisé du métal dans ma décoration. Pareil pour le chêne et le liège… Pourquoi ces deux dernières matières ? Parce que Bercy était autrefois le quartier des négociants en vin. J’avais donc là une palette de matières premières conséquentes, des références historiques qui ont fortement influencé mon imagination. Et c’est ainsi partout dans le monde. J’ai évidemment ma propre conception de l’esthétique, mais je tiens toujours compte de l’esprit des lieux, de l’environnement culturel, et bien sûr des propres conceptions plastiques de mes clients.
Un hôtel, surtout un grand hôtel, doit pouvoir convenir à différents publics. Il concerne aussi bien les voyageurs solitaires, les hommes d’affaires et leurs rencontres professionnelles que les familles ou les couples et leurs rendez-vous glamour. C’est un lieu de passage, un endroit évident qui doit répondre à des souhaits différents. C’est un décor bien sûr, mais c’est aussi la façon dont tous ces voyageurs sont reçus, l’attention qu’on leur porte.
Reste, dans un voyage, le déplacement en lui-même. Pas l’avion qui est un moyen de transport fantastique, mais qui est ruiné par tout ce qu’il y a autour, les aéroports notamment. Les contrôles de sécurité, les passeports, les queues qui durent des heures… Alors, comme j’adore le train, je rêve à l’Hyperloop, ce prochain moyen de transport entre l’avion et le train. Et c’est pour très bientôt. »
Dernière création parisienne : Hôtel Pullman Paris Centre-Bercy – 1, rue de Libourne. 75 012 Paris. Tél. : 01 44 67 34 00
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