
La reprise de l’activité est-elle à la hauteur de vos attentes ?
Gérald Coutaudier – Je suis agréablement surpris. D’autant que nous étions assez inquiets après le 11 mai. On s’était dit que le téléphone allait recommencer à sonner à partir de cette date. Mais non, rien avant le 29 mai et l’annonce de la phase 2 du déconfinement par Edouard Philippe. Dans la tête des gens, ça a déclenché pas mal de choses, notamment la réouverture des restaurants et l’autorisation des déplacements à plus de 100 km. Car, avant cette date, il y avait encore pas mal de freins, que ce soit les écoles fermées ou le chômage partiel et le recours au télétravail pour...
La reprise de l’activité est-elle à la hauteur de vos attentes ?
Gérald Coutaudier – Je suis agréablement surpris. D’autant que nous étions assez inquiets après le 11 mai. On s’était dit que le téléphone allait recommencer à sonner à partir de cette date. Mais non, rien avant le 29 mai et l’annonce de la phase 2 du déconfinement par Edouard Philippe. Dans la tête des gens, ça a déclenché pas mal de choses, notamment la réouverture des restaurants et l’autorisation des déplacements à plus de 100 km. Car, avant cette date, il y avait encore pas mal de freins, que ce soit les écoles fermées ou le chômage partiel et le recours au télétravail pour la plupart des collaborateurs.
Combien de maisons sont-elles rouvertes à l’heure actuelle ?
G. C. – Au mois de juin, nous avons reçu l’équivalent de 60 % des demandes de réservation pour les mois à venir en comparaison de celles reçues en juin 2019. Cette tendance s’est poursuivie en juillet. C’est une vraie bonne surprise. Au final, nous pensions rouvrir une vingtaine de maisons avant l’été. Mais, poussée par cette demande, une quarantaine ont repris leur activité. Même nos lieux événementiels comme les Docks de Paris ou la salle Wagram ont redémarré dès juillet.
Vous attendiez-vous à ce redémarrage ?
G. C. – Franchement, au début du confinement, on n’imaginait pas grand chose, seulement à conserver le carnet de commandes que nous avions pour les mois de mars à juin. Nos équipes ont fait un gros travail là-dessus. Nous avons enregistré essentiellement des reports et peu d’annulations. Et, parmi ces reports, la plupart des réunions ont été décalées sur la période de septembre à novembre, et un plus petit nombre sur 2021, mais aussi en juin dernier. Cela confirme que les gens ont besoin et envie de se réunir. Alors que les entreprises n’avaient pas encore rouvert leurs bureaux, certaines nous avaient même demandé dès avril de pouvoir recevoir leurs équipes dès le lendemain du déconfinement. Mais nous n’avions pas encore les autorisations pour le faire. On a donc dû les faire patienter, nos maisons à Paris n’ayant rouvert que le 22 juin.

Quels types de réunions les entreprises organisent-elles aujourd’hui ?
G. C. – Ce sont principalement des petites réunions de sortie de crise, axées sur la réorganisation et la stratégie. Les entreprises ont besoin de redonner une feuille de route à leurs collaborateurs pour préparer la fin de l’année sans attendre la rentrée. Il y a des secteurs forts chez nous avec des entreprises pour lesquelles la vie continue, notamment dans l’énergie, la bancassurance ou les laboratoires pharmaceutiques.
Comment vos maisons se sont-elles organisées pour recevoir ces événements professionnels ?
G. C. – La force de nos lieux, c’est leur polyvalence. Avec toutes les contraintes actuelles, l’agilité prime. Une petite équipe, nous pouvons lui donner une salle de taille moyenne pour respecter les règles de distanciation. De la même manière, un séminaire de taille moyenne, nous lui donnons une plus grande salle. Quant aux réunions de plus grande ampleur, elles ne sont pas encore revenues chez nous. Nous avons fait un gros travail avec la Socotec sur le volet sanitaire en adaptant nos protocoles tout en prenant soin de garder notre ADN. Le but a été de trouver le bon compromis pour que tout le monde puisse se sentir bien dans le respect de ce qui est imposé. Nous voulons laisser les participants profiter au maximum de la générosité et de la liberté offertes par nos lieux.
Nous voulons laisser les participants profiter au maximum de la générosité et de la liberté offertes par nos lieux.
Comment se matérialise cette liberté offerte à vos clients, malgré les contraintes sanitaires ?
G. C. – Le gel, les lingettes : tout ça est partout à disposition ; dans les salles, autour du baby-foot ou près de la machine à café, sans qu’une personne soit là en permanence pour les servir. Les participants peuvent le faire eux-mêmes en toute sécurité. Ils reçoivent également un kit pour la journée pour limiter les manipulations, avec un masque et une enveloppe dans laquelle ils peuvent l’enfermer pour le poser sur un table, mais aussi un bloc-notes, un crayon et des bonbons.
Selon vous, quel impact aura le volet économique de la crise sur votre activité ?
G. C. – A court terme, nous n’espérons pas un retour à la normale avant 2022. La reprise est fragile. Il peut se passer beaucoup de choses, on le voit bien au jour le jour. Il suffit qu’il y ait une annonce d’un reconfinement à droite ou à gauche et, tout de suite, la demande ralentit. Puis, une fois cela oublié, ça repart. A ce jour, personne ne mesure encore l’impact économique de la crise actuelle. Il faut d’abord que tout le monde fasse le bilan, y voit plus clair sur la reprise, refasse ses budgets. Par contre, on perçoit que certaines entreprises, à titre préventif, ont gelé les réunions et les formations jusqu’à la fin de l’année.
Avec l’essor du « distanciel », la demande des entreprises va-t-elle évoluer ?
G. C. – Les curseurs vont certainement bouger. Mais une de nos convictions, c’est que l’humain ressortira plus fort de cette crise. On ne crée pas une culture d’entreprise en télétravail. Voilà pourquoi nous sommes optimistes à moyen terme. Nos lieux, nos maisons, notre concept seront encore plus utiles aux entreprises demain qu’hier. Peut-être sous des formes différentes d’ailleurs, certaines choses pouvant évoluer. On a commencé à interroger nos clients pour voir ce qu’ils avaient appris de cette crise et comment ils se projetaient vers l’avenir. Ecoutons nos clients, leurs besoins et on saura y répondre demain. Mais je suis sûr que les séminaires, les formations, les réunions de cohésion, bref le présentiel sera toujours aussi important.
L’humain ressortira plus fort de cette crise
La visioconférence est-elle un phénomène passager ou est-elle là pour durer ?
G. C. – Cette crise a démocratisé la visioconférence et elle sera sûrement beaucoup plus utilisée à l’avenir. Cependant, tout le monde y a un peu trop goûté ces derniers mois sans que ce soit toujours facile à vivre, que ce soit avec les enfants à la maison, avec la connexion ou le son qui ne marche pas, le participant qui ne s’est pas connecté sur la bonne interface. Cette solution restera une alternative. Cependant, on s’y prépare. Toutes nos maisons sont équipées de la fibre, ce qui est déjà un préalable, mais nous sommes allés plus loin en s’alliant avec un certain nombre de partenaires pour développer une offre de streaming. Ceci, afin de pouvoir faire des duplex avec des interlocuteurs éloignés et les retransmettre dans nos salles. Nous pouvions déjà le faire sur demande, mais maintenant, nous avons une vraie offre packagée.
Vos ambitions de développement sont-elles toujours les mêmes ?
G. C. – Rien n’a changé. Tous les développements prévus le restent. Notre établissement City à Marseille, qui devait ouvrir en plein pendant le confinement, sera finalement inauguré mi août. C’est une grande première, car c’est la première fois qu’un Châteauform City proposera des chambres. C’est une idée qu’on avait depuis longtemps, sans réussir à trouver le bon modèle économique à Paris. A Marseille, où l’immobilier est moins élevé, nous avons eu eu l’opportunité de le faire. D’ailleurs, nous aimerions bien dupliquer cette offre urbaine résidentielle dans d’autres villes de France. En 2021, nous ouvrirons une nouvelle maison du séminaire dans l’Ouest parisien, le château de Berchères. Pour 2022, nous avons deux autres maisons en projet près de Lille et de Bordeaux, en plus d’une autre maison en Seine et Marne, le château de Champgueffier. A l’étranger, nous ouvrirons une première maison aux Pays-Bas, près d’Amsterdam, en 2021. Le projet de campus que nous avons avec Deloitte continue également à son rythme. Tout se poursuit et nous permettra de compléter notre offre.
