Les croisières retrouvent progressivement les groupes MICE

Costa et MSC, les deux principales compagnies de croisières sur le marché français, tentent de relancer leur activité MICE qui fut très impactée durant la crise sanitaire dans le sillage de la croisière en général. Les innovations environnementales des nouveaux paquebots sont mises en avant auprès des entreprises pour faire la différence.
Les compagnies de croisières Costa et MSC espèrent une reprise progressive de leur activité Mice. Ici, deux de leurs bateaux dans le port de Marseille.
Les compagnies de croisières Costa et MSC espèrent une reprise progressive de leur activité Mice. Ici, deux de leurs bateaux dans le port de Marseille.

Alors que le Costa Toscana vient d’effectuer sa croisière inaugurale en Méditerranée, accueilli en grande pompe à Marseille le 6 mars par les autorités portuaires et politiques locales, ce nouveau paquebot est vu comme le symbole de la reprise par la compagnie de italienne Costa. Le secteur de la croisière a en effet été particulièrement chahuté pendant les deux ans de pandémie, entre croisiéristes malades du Covid-19, paquebots refusés dans certains ports ou amarrés à quai pendant de long mois.

Grâce au reflux de l’épidémie, les navires reprennent progressivement la mer depuis quelques semaines. Le plus souvent avec des jauges réduites, mesure que les compagnies justifient par un principe de distanciation entre les passagers mais que l’on peut aussi interpréter par des volumes de réservation encore inférieurs à 2019. La guerre menée par la Russie en Ukraine pourrait en outre peser sur les prochaines ventes, forçant déjà les compagnies à rayer Saint-Pétersbourg de leurs itinéraires en mer Baltique. L’envolée actuelle des cours du pétrole et du gaz devrait par ailleurs impacter les tarifs des croisières, les compagnies ne pouvant absorber ce surcoût dans la durée.

Une reprise des croisières sans visibilité

Alors que Costa et son concurrent MSC réalisaient entre 30 et 40 opérations Mice par an avant la crise, cette activité tente un redémarrage à petite vitesse dans le sillage du marché des groupes. « Durant la pandémie, nous avons reporté, parfois à plusieurs reprises, les opérations que nous avions en portefeuille sans quasiment perdre de clients, que cela soit sur de petits groupes de 20 personnes, des voyages de récompense pour plusieurs centaines de commerciaux ou l’affrètement d’un paquebot pour 2 000 invités« , précise Frédéric Saint-Paul, directeur des ventes de Costa Croisières.

Les mini-croisières en Méditerranée au départ de Marseille, port aisément accessible en TGV ou en avion, restent plébiscitées pour ces opérations chez les deux opérateurs. « Nous programmons plusieurs croisières de 3 à 5 nuits depuis Marseille en juin et octobre. C’est plus facile à utiliser pour les entreprises que d’insérer un évènement de deux ou trois jours dans une croisières d’une semaine« , souligne Gianluca Martini, l’un des directeurs commerciaux de MSC, qui met aussi en avant ses paquebots de la classe Armonia, de plus petite capacité (970 cabines), plus adaptés aux privatisations totales.

MSC World Europa

« Le marché reste néanmoins imprévisible avec des demandes de dernière minute pour des groupes de 200 à 400 personnes sur des départs dans les trois prochains mois« , ajoute Frédéric Saint-Paul. Ces réservations tardives émanent de sociétés ne souhaitant pas s’engager trop en amont de peur d’une énième vague de la pandémie. « MSC reçoit aussi des demandes pour des évènements à un mois du départ, ce qui est très rare pour ce type d’opération« , confirme Gianluca Martini. A l’inverse, deux paquebots, le MSC Poesia et le futur MSC World Europa, ont été affrétés dès novembre 2019 par le Qatar pour faire office d’hôtels flottants durant la coupe du monde de football qui se déroulera en novembre et décembre 2022.

Pour soutenir le marché Groupe en général, et Mice en particulier, Costa a lancé une promotion avec une personne gratuite pour 10 payantes. Et promeut son nouveau concept d’excursions reposant sur des expériences, convenant davantage aux attentes des clients entreprise. « Certains programmes sont élaborés sur-mesure, agrémentés d’activités originales sous-traitées à des réceptifs locaux selon un cahier des charges strict et un respect du timing de chaque escale », explique Frédéric Saint-Paul. De son côté, MSC avait réuni en novembre 2021 des responsables d’agences évènementielles et de sociétés lors d’une croisière spéciale à bord du MSC Grandiosa afin de faire découvrir son offre haut de gamme MSC Yacht Club et les avantages d’une opération en mer : unité de lieu, privatisation gracieuse des espaces et moyens techniques, même classe de cabines…

Communiquer autour de la croisière durable

Les deux croisiéristes répondent ensuite aux préoccupations environnementales des entreprises en communiquant abondamment sur les actions entreprises en ce domaine : filtrage des fumées des cheminées, tri des déchets, traitement des eaux, réduction du gaspillage alimentaire… « MSC a conçu une charte environnementale, car cela fait partie des critères de choix des entreprises« , estime Gianluca Martini. « L’environnement est un argument qui n’était pas mis en avant autrefois, mais qui est devenu aujourd’hui un élément incontournable pour les sociétés. Il est argumenté lors de chaque appel d’offres« , surenchérit Frédéric Saint-Paul. Avec, comme nouvel atout, le Costa Toscana, le second navire de la flotte à bénéficier d’une propulsion au gaz naturel liquéfié (GNL) après le Costa Smeralda, son jumeau lancé en 2020.

Cette technologie permet de réduire les émissions de particules (de 95 à 100%), d’oxyde de souffre (100%), d’oxyde d’azote (85%) et de CO2 (jusqu’à 20%). « Nous travaillons déjà à tester d’autres innovations comme les piles à combustible et les batteries afin d’aboutir à terme au premier navire de croisière à zéro émission« , a déclaré le président de Costa Croisières, Mario Zanetti, lors de la cérémonie à Marseille. Un port où, dès 2025, les paquebots pourront se brancher électriquement sur les quais afin d’avoir des escales « zéro fumées ». De quoi espérer redorer le blason de la croisière auprès des habitants de la Cité phocéenne…

Le Costa Toscana, nouveau géant des mers

Costa Toscana.
Costa Toscana.

Paquebot de 6 730 passagers à pleine capacité, le Costa Toscana compte 2 663 cabines, 15 restaurants, 18 bars, un théâtre et une kyrielle de salons, 4 piscines, un spa, une salle de sport, un casino, des boutiques… Il navigue cette année dans l’Ouest de la Méditerranée au départ de Marseille chaque samedi. Au programme : des escales à Savone, Civitavecchia (le port de Rome), Naples, Ibiza (ou Palma de Majorque) et à Valence.