Les efforts des entreprises pour réduire les émissions mis à l’index par T&E

L'organisation Transport & Environnement (T&E) vient de publier son classement des grandes multinationales en fonction de leurs efforts de réduction des émissions carbone de leurs voyages d'affaires. Bilan : peut largement mieux faire.
Transport & Environnement a publié un classement des sociétés lié aux émissions carbone des vols d’affaires.
Transport & Environnement a publié un classement des sociétés lié aux émissions carbone des vols d’affaires.

Il y a souvent loin de la parole aux actes. Alors que les grandes entreprises clament toutes leur volonté de réduire l’empreinte carbone de leurs déplacements professionnels, la Fédération européenne pour le transport et l’environnement, plus communément appelée Transport et Environnement (T&E), vient tempérer ce discours. Regroupant une soixantaine d’organisations européennes engagées dans une vision de la mobilité à zéro émission, Transport et Environnement a établi un classement concernant les voyages d’affaires de 230 multinationales américaines et européennes, en compagnie de l’organisation environnementale Stand.earth. Son verdict : elles peuvent très largement mieux faire.

En effet, il ressort de cette analyse que 193 entreprises n’agissaient pas « avec suffisamment de rapidité et d’ambition pour réduire les émissions liées aux voyages d’affaires« , relève T&E. Pour noter les entreprises, ce classement s’appuie sur neuf indicateurs relatifs aux objectifs de réduction des émissions, aux rapports et aux émissions des voyages en avion. Et, comme toujours, ce classement délivre son lot de récompenses et de bonnets d’âne. Ainsi, sur 230 entreprises, seules huit ont obtenu le score maximal de A. Soit autant de sociétés s’étant engagées dans une nette réduction des voyages en avion, certaines visant un objectif de -50 % ou plus d’ici 2025, et déclarant en parallèle leurs émissions liées aux voyages d’affaires ou aériens depuis plus d’un an. Première, l’entreprise pharmaceutique danoise Novo Nordisk devance plusieurs acteurs de la finance et du conseil tels Swiss Re, Legal & General, Zurich Insurance Group – qui s’est par exemple engagé à réduire les déplacements professionnels de 70 % d’ici 2022 -, Lloyds Banking, Ernst & Young, mais aussi une banque française, Crédit Agricole.

Au total, 21 entreprises françaises sont présentes dans ce classement, certaines s’étant fixées des objectifs clairs de réduction de leurs déplacements et notées B à l’image de Cap Gemini, AXA, BNP Paribas et Dassault Systèmes. En revanche, pour les 16 autres, T&E estime qu’elles « ne remplissent pas assez de critères et sont à la traîne sur le plan des objectifs ou des rapports liés aux vols d’affaires. » Si Engie fait partie des entreprises classées en bas de ce palmarès, d’autres groupes français affichent aussi la note D, la plus basse, à l’image de La Française des Jeux, Publicis et Servier, les autres étant éparpillées en milieu de classement.

Denise Auclair, responsable de la campagne sur les voyages d’affaires chez T&E, note que, « si certaines sociétés en France montrent que réduire les émissions liées au transport commercial aérien est possible, d’autres sociétés telles que LVMH et Renault sont à la traîne. » Le commentaire note toutefois que Renault, comme L’Oréal ou encore Vodafone, se sont toutes fixé des objectifs de réduction des émissions à l’échelle de l’entreprise, mais ne se sont pas engagées à réduire les émissions liées aux voyages d’affaires en avion avant une certaine date.

Si les entreprises françaises n’apparaissent pas aux premiers rangs de ce classement, qu’elles soient rassurées ou non, elles ne sont pas les seules. Volkswagen et Accenture sont aussi montrés du doigt, tandis que Google, Facebook et Microsoft se situent dans la catégorie la plus basse du classement, T&E les invitant à « accélérer leur transition pour devenir des voyageurs intelligents« . Car, c’est là aussi, l’objectif de cette analyse faite par T&E et de sa campagne Travel Smart lancée pour demander aux entreprises de « s’engager publiquement à atteindre un objectif absolu de réduction d’au moins 50 % des vols par rapport aux niveaux de 2019, d’ici 2025 ou plus tôt« . Selon Transport & Environnement, réduire les voyages d’affaires de 50 % d’ici 2030 en Europe équivaudrait à 32,6 Mt d’émissions de CO2 en moins, soit l’équivalent de 16 millions de voitures polluantes retirées de la circulation.

Alors qu’avant la pandémie, les voyages d’affaires représentaient environ 15 à 20 % du transport aérien d’après une étude de McKinsey, soit environ 154 millions de MtCO2, T&E invite les entreprises à continuer sur la voie de la modération, non plus de façon contrainte et forcée par les restrictions de déplacement, mais de manière réfléchie et volontaire. « La pandémie a prouvé que les entreprises peuvent être aussi efficaces, voire plus efficaces, en prenant moins l’avion et en réduisant leurs émissions en même temps, a déclaré Denise Auclair. Voyager intelligemment, c’est faire en sorte que chaque réunion compte. Bien que tous les voyages d’affaires en avion ne puissent être évités, les réunions virtuelles constituent un substitut efficace dans de nombreux cas. Nous l’avons fait pendant deux ans, alors pourquoi nous arrêter maintenant ?«