
Le modèle français, qui interdit désormais les liaisons aériennes court-courriers là où existe une alternative viable de moins de 2h30 par le train, trouve de nouveaux émules. L’Espagne veut interdire à son tour les vols court-courriers sur les lignes domestiques. Là aussi, à la condition qu’il existe une alternative en train de moins de 2,5 heures.
La proposition émane du parti socialiste (PSOE) au pouvoir en Espagne et du parti d’extrême gauche Sumar, qui ont conclu un accord pour former un nouveau gouvernement de coalition progressiste en octobre dernier. La mesure, si adoptée, vise à réduire les émissions des vols intérieurs rapides et à encourager les voyages plus durables, dans le cadre du plan d’action climatique 2050 de l’Espagne.
Cette interdiction pourrait affecter les vols en provenance de villes telles qu’Alicante, Barcelone, Séville et Valence depuis et vers Madrid.
Selon les associations écologiques, plus d’un tiers des vols domestiques pourraient disparaître au départ de la capitale espagnole. Seuls seraient conservés une poignée de vols servant à avitailler les lignes internationales et notamment intercontinentales.
Selon une étude publiée le mois dernier par Ecologistas en Acción, l’élimination des vols courts lorsqu’il existe une alternative ferroviaire d’une durée maximale de quatre heures permettrait d’économiser jusqu’à 300 000 tonnes de CO2 et de réduire le nombre d’opérations aériennes de 50 000 par an. L’impact serait logiquement moindre avec un transfert vers le ferroviaire dans le cas d’un trajet de 2h30.
Cette interdiction a-t-elle des chances de se concrétiser ? Tout dépend du jeu politique dans le pays et de la possibilité pour l’actuel Premier Ministre sortant Pedro Sanchez d’obtenir une majorité qui lui fait actuellement défaut au parlement. On en saura plus après le 27 novembre sur l’éventualité d’une coalition. Sinon, les Espagnols seront de nouveau appelés aux urnes en janvier 2024. Sans aucune garantie sur le prochain parti au pouvoir.
Le monde aérien se mobilise déjà face à cette proposition. A commencer par Iberia qui fait valoir que la fréquence des trains desservant les grands aéroports reste insuffisante en comparaison des vols intérieurs. Un tel transfert vers le ferroviaire signifierait un développement majeur des gares dans les aéroports. Et cela, afin d’éviter des ruptures de charge pour le passager, obligé de transiter par une gare pour se rendre dans un aéroport. L’aéroport de Barajas devrait cependant être doté de sa propre gare de train à grande vitesse en 2026…