Pierre-Olivier Bard (Avis Budget) : On continue à avoir de plus en plus de véhicules « verts »

Activité, tarifs, disponibilité des véhicules, verdissement des flottes : le point sur l'actualité du groupe Avis Budget avec Pierre-Olivier Bard, directeur général France.
Pierre-Olivier Bard, directeur France du groupe Avis Budget.
Pierre-Olivier Bard, directeur France du groupe Avis Budget.

L’activité du groupe Avis Budget ces derniers mois est-elle à la hauteur de vos attentes ?

Pierre-Olivier Bard – Dès la fin des contraintes liées au covid en début d’année, nous avons eu la chance de voir le retour à partir de mai de la clientèle nord-américaine, que nous n’avions pas eue depuis deux ans, essentiellement des touristes portés à la fois par l’envie de revenir en Europe et un taux de change dollar-euro favorable. L’été a été dans la même veine avec de nombreux touristes européens en juin et juillet et, en août, un marché domestique moins performant que les années passées, sans doute parce que les Français avaient eux aussi l’envie de pouvoir voyager de nouveau, en Grèce par exemple. En ce qui concerne le voyage d’affaires, nous commençons aussi à revoir la clientèle long-courrier après avoir vu revenir les Européens.

Pour autant, le télétravail et les visioconférences continuent-ils à peser sur la reprise des déplacements professionnels ?

Pierre-Olivier Bard – Si vous prenez notre activité, elle est globalement en recul de l’ordre de -23% à -24% par rapport à 2019, essentiellement en raison de la baisse du voyage d’affaires. On constate que les déplacements repartent bien, mais à des niveaux bien inférieurs à ceux que nous avons connus avant. Retrouvera-t-on un jour ces 20% de perdus, je n’en suis pas sûr. Si la durée des déplacements est un peu plus longue qu’avant, en revanche leur fréquence est moindre. Surtout en région parisienne à la différence de la province où les déplacements continuent. Les nouvelles méthodes de travail font qu’avec les visioconférences, les réunions qui nécessitaient de venir au siège sont en diminution.

La taille de votre flotte a-t-elle réussi à suivre l’évolution de votre activité ?

Pierre-Olivier Bard – Nous avons atteint les objectifs qu’Avis s’était fixés pour 2022, avec le nombre de véhicules planifié pour pouvoir servir nos clients cet été. Soit une flotte inférieure de 25% à ce qu’elle était en 2019, mais en ligne avec la demande. Pour autant, tout n’a pas été simple. On a dû étendre les durées de détention d’un côté, de l’autre changer notre méthode d’achat et faire l’acquisition de véhicules à l’unité pour combler les manques. Au final, nous avons la chance d’être un groupe solide avec les moyens de financement nécessaires.

On a beaucoup entendu parler cet été des tarifs élevés des locations de voiture. Est-ce une tendance lourde pour les mois à venir ?

Pierre-Olivier Bard – La loi de l’offre et la demande a joué sur le marché touristique estival. Alors oui, il y a eu une inflation, mais rien de particulier pour autant. Se poursuivra-t-elle ? Quand on voit les tendances actuelles en matière d’inflation et de ce qu’on peut attendre l’année prochaine, il y a trop d’incertitudes aujourd’hui pour vous dire quelle sera la tendance de prix dans le futur.

Pour revenir à votre flotte, la disponibilité des véhicules est-elle toujours aussi problématique ?

Pierre-Olivier Bard – Ça reste un challenge pour nous. Il a toujours cette problématique des semi-conducteurs, même si cela devrait se stabiliser au dernier trimestre de l’année avec le retour à une volumétrie normale de production. Cela ne devrait donc être bientôt plus un problème. Mais on commence à voir apparaître d’autres soucis liés à l’énergie. La production de pare-brise en demande beaucoup, principalement du gaz. De même pour la fabrication de verre ou la tôle. A cela pourraient s’ajouter les efforts que pourrait demander le gouvernement à certaines entreprises. Au final, soit les fournisseurs produiront à des coûts très élevés, soit ils seront contraints d’adapter la production. On peut donc s’attendre à encore connaître des problèmes de disponibilité sur le marché en 2023.

Pour la location de voitures, l'année est marquée par une tension sur la taille des flottes et une hausse des tarifs généralisée.
Pour la location de voitures, l’année est marquée par une tension sur la taille des flottes et une hausse des tarifs généralisée.

Où en êtes-vous du verdissement en cours de votre flotte ?

Pierre-Olivier Bard – On y va, on avance. On continue à avoir de plus en plus de véhicules « verts ». Les modèles hybrides représentent aujourd’hui une grosse part de notre flotte avec, en parallèle, 400 véhicules 100% électriques d’ici la fin de l’année. La contrainte majeure aujourd’hui reste les infrastructures de recharge. Car, concernant l’autonomie des véhicules, les constructeurs l’ont nettement améliorée, même si les gens ont besoin d’être encore convaincus sur ce point. Cette offre de recharge limitée est un vrai frein pour le développement de l’électrique. Que ce soit nos propres infrastructures, car ce sont des investissements très lourds, ou celles des gestionnaires de parking dans les aéroports et les gares. Tout ça avance plus lentement que ce que la loi LOM nous impose.

Face à cela, comment la demande pour des locations de véhicules électriques évolue-t-elle ?

Pierre-Olivier Bard – Il n’y a peu de demande jusqu’à présent. Elle est encore assez faible, mais en revanche, les clients se montrent plus intéressés de tester cette solution. Il est plus facile aujourd’hui de la leur proposer. On n’est pas sur une demande claire et définie, mais ça va arriver petit à petit. Les voyageurs d’affaires se renseignent par exemple, notamment ceux dont le siège est équipé d’une solution de recharge. En revanche, dès qu’on est sur des périodes de vacances, la clientèle loisirs est plus rétive en raison de l’autonomie des véhicules et de la disponibilité de stations de recharge. Une autre aspect qui peut aussi jouer sur la demande future, c’est le prix de l’énergie. On parle aujourd’hui de factures de 1 euro le KW pour une charge ultra rapide comme celles qui peuvent être proposées sur les autoroutes. Autrement dit, sauf si on recharge sa voiture chez soi ou au bureau, le plein d’une voiture électrique peut revenir aussi cher que l’essence. 

Certains pays comme l’Allemagne ou l’Espagne encouragent à prendre le train avec des offres à prix bradés. Constatez-vous cet arbitrage des voyageurs entre le train et la voiture ?

Pierre-Olivier Bard – Déjà, nous avons pour avantage d’être partenaire de la SNCF. Alors, si les voyageurs d’affaires sont incités à prendre le train et non l’avion pour les trajets courts, cela n’a pas plus d’impact que ça sur notre activité, puisque nous sommes présents autant dans les gares que les aéroports. Cependant, et pour revenir à notre activité en région parisienne, cela peut avoir une influence sur les déplacements professionnels dans Paris. Alors que les voyageurs pouvaient prendre une voiture à l’aéroport pour rentrer dans la capitale, ils n’ont plus cette nécessité en arrivant par train en centre-ville. D’autant qu’ils peuvent ensuite s’y déplacer en transports en commun. Des déplacements intra muros auxquels l’offre électrique pourrait tout à fait répondre d’ailleurs.