
Après une situation particulièrement difficile sur la taille des flottes de véhicules en location en 2021, la situation reste cette année encore tendue. La faute d’abord aux difficultés rencontrées par les constructeurs pour produire des véhicules en Europe, comme dans le monde, en raison de la pénurie de semi-conducteurs. Les véhicules sortant des usines sont ensuite prioritairement livrés aux particuliers qui les attendent depuis de longs mois. Des clients directs qui sont gages de marges supérieures pour les marques automobiles.
Outre ce rallongement des délais de livraison, ces perturbations ont entrainé un renchérissement du prix des véhicules, en lien avec l’inflation qui accroît le coût des matières premières. Pour accroître leurs chances de recevoir des véhicules les loueurs travaillent donc de façon étroite avec les constructeurs, au travers d’achats en buy back (avec une reprise à terme par la marque automobile). La guerre en Ukraine et les divers confinements en Chine, qui ont désorganisé l’appareil productif, devraient encore aggraver la situation avant une amélioration espérée en fin d’année.Des flottes plus fournies qu’en 2021
« Au vu de la demande actuelle, il n’y a pas de souci sur la flotte« , tient toutefois à rassurer Cédric Douls, directeur Marketing et Commercial d’Europcar. Et de préciser : « la période de rentrée de véhicules est en cours et nous avons rallongé la durée des accords de buy-back ce qui permettra de couvrir les besoins« . « La stratégie est de conserver les véhicules plus longtemps. Chez Enterprise, nous investissons en achetant des véhicules et attendons plus longtemps avant de les revendre sur le marché de l’occasion« , confie également Guirec Grand-Clément, directeur général France d’Enterprise.
La tension est encore plus forte pour les véhicules électriques, même si ceux-ci ne sont pas encore les plus demandés par les clients affaires. Là aussi, les loueurs entrent en concurrence avec les achats des particuliers, mais également avec les entreprises qui doivent se plier aux directives de la LOM dès que leur parc dépasse les 100 véhicules. Afin de sécuriser leurs approvisionnements et de s’imposer auprès des constructeurs, certains loueurs ne font pas dans la demie mesure. Après une commande de 100 000 Tesla en octobre 2021, l’américain Hertz a signé un contrat portant sur 65 000 véhicules électriques auprès du suédois Polestar, dont les livraisons ont débuté en Europe dès le printemps.
Des commandes massives de véhicules électriques
L’ensemble de la profession se veut désormais plus vertueuse sur le plan écologique. « Mieux vaut anticiper les réglementations futures et électrifier la flotte le plus rapidement possible« , justifie Cédric Douls chez Europcar. « Outre les véhicules vert, nous possédons tous des véhicules thermique récents voire très récents qui consomment moins qu’avant« , rappelle Guirec Grand-Clément. Une nécessité d’autant plus grande que des véhicules « propres » seront nécessaires pour pénétrer dans les nouvelles zones à faibles émissions (ZFE) des grandes villes comme Paris.
L’ensemble de ces éléments ont au final une conséquence directe sur le prix de la location, en forte hausse depuis deux ans. En mars, le comparateur Carigami annonçait ainsi une augmentation de 60% du coût total d’une location cette année comparé à mars 2021, après +35% l’an dernier en raison de la pandémie (*). Une envolée qui s’élèverait même à 75% entre mars 2022 et mars 2019 (*). « La hausse des tarifs est réelle et reflète la tension sur la disponibilité des véhicules et l’augmentation des coûts« , justifie Pascale Roque, directrice générale France de Hertz. Les professionnels conseillent de fait aux clients, affaires et surtout loisirs, d’anticiper au maximum leurs réservations.
Même s’il est difficile de faire des prédictions, tant les inconnues demeurent nombreuses – qui aurait imaginé qu’une guerre allait éclater aux portes de l’Europe après deux années de Covid ?-, les loueurs courte durée carburent à l’optimisme pour 2022, jouant à fond la carte de la flexibilité et de l’adaptabilité. Et tablent désormais sur un retour aux niveaux d’activité d’avant la pandémie au plus tard en 2024. La Coupe du Monde de Rugby et a fortiori les Jeux olympiques de Paris 2024 sont espérés comme des évènements positifs pour accompagner la dynamique de la location.
L’essor de l’autopartage à destination des entreprises, des collectivités territoriales et autres organisations du secteur public devrait en outre en constituer un rouage supplémentaire dans les prochaines années. Comme pour le segment loisir, la notion d’usage commence ainsi à prendre le pas sur la possession dans la gestion des véhicules professionnels. Avec des loueurs résolument engagés dans les nouveaux enjeux de la mobilité.
(*) Davantage axée sur le loisir, la comparaison est effectuée par Carigami sur la base d’une location pour 7 jours d’une citadine et de deux pleins d’essence sans plomb 95 (avec un réservoir de 45 litres).
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