
Comment s’est achevée l’année 2022, et comment se présente 2023 ?
Marta Gomes – Il y a eu une reprise très forte des événements en présentiel et des performances au-delà de ce que l’on attendait. Les performances sont bonnes aussi en termes de fréquentation. L’année 2023 semble bien partie à plusieurs titres, mais nous restons prudents avec des perspectives économiques ralenties par l’inflation qui peuvent avoir un effet sur les événements d’entreprises ou sur la participation à des salons, en raison de l’augmentation des prix. Il demeure difficile d’avoir une visibilité concrète sur 2023. Par rapport à nos calendriers, aux réservations...
Comment s’est achevée l’année 2022, et comment se présente 2023 ?
Marta Gomes – Il y a eu une reprise très forte des événements en présentiel et des performances au-delà de ce que l’on attendait. Les performances sont bonnes aussi en termes de fréquentation. L’année 2023 semble bien partie à plusieurs titres, mais nous restons prudents avec des perspectives économiques ralenties par l’inflation qui peuvent avoir un effet sur les événements d’entreprises ou sur la participation à des salons, en raison de l’augmentation des prix. Il demeure difficile d’avoir une visibilité concrète sur 2023. Par rapport à nos calendriers, aux réservations des événements récurrents ou internationaux, ce sera plutôt une bonne année. Reste à voir la partie à plus court terme de l’événementiel corporate. Au niveau de Viparis, jusqu’à maintenant la demande est bonne et même supérieure à la période pré-Covid. Reste à savoir si cela va se maintenir sur 2023 au vu de l’inflation voire d’une possible récession qui pourrait se profiler. Nous sommes donc optimistes dans le sens où nous avons traversé une crise très forte et que malgré cela les événements sont revenus, que le média événement reste quelque chose de demandé, d’important pour les marques, pour les entreprises. Etre présents sur les événements, en termes de networking, de retour sur investissement, reste irremplaçable. Et la crainte que l’on aurait pu avoir sur le fait que le digital pouvait prendre le pas n’a pas eu lieu en 2022. En 2023, le secteur profitera aussi de la réouverture de l’Asie, des participants et des exposants asiatiques.
Quelle est votre feuille de route en tant que nouvelle présidente de l’ICCA ?
Marta Gomes – J’ai déjà commencé à travailler sur les priorités internes et externes à l’association. En interne, on a vécu une période compliquée avec le Covid, nos adhérents sont en train de reconstruire leur business. Certaines zones sont encore en train de rouvrir, notamment en Asie. Des différences régionales persistent. Nous allons donc lancer en début d’année 2023 un sondage de nos adhérents pour avoir une meilleure visibilité sur leurs priorités, comprendre ce qui a changé avec la crise pour mieux définir comment aborder les années à venir. Nous mettons aussi en place la transformation digitale de l’association avec un nouveau site Internet et un nouveau CRM en début 2023, des outils pour que les membres puissent se connecter entre eux via une plateforme d’échange en ligne. Nous allons aussi améliorer notre base de données internationale.
Et en externe ?
Marta Gomes – En ce qui concerne les tendances globales des événements et des congrès, notre priorité concerne le développement durable. ICCA est très impliquée avec Joint Meetings Industry Council. Nous avons présenté notre feuille de route Net Zero Carbon Events à la COP 27 à Charm el-Cheikh, avec un objectif des événements net zéro d’ici 2050. L’année 2023 va être beaucoup dédiée aux groupes de travail pour rentrer vraiment dans le concret et avancer sur ces priorités, avec des objectifs intermédiaires de 50% de réduction en 2030. Il y a aussi la problématique du recrutement et de la rétention des talents. Nous pouvons nous appuyer sur le programme Future Leaders Council, une sorte de conseil d’administration de jeunes qui entrera dans sa deuxième édition à partir du mois de mai et avec lequel le board ICCA échange régulièrement. Il y a aussi le programme de formation ICCASkills, construit pendant la crise avec des contributions d’experts mondiaux du secteur des congrès, et avec l’aide des principales universités d’event management. L’année 2023 verra l’ouverture de centres de formation sur tous les continents.

La crise a-t-elle engendré des changements dans la formation des professionnels de demain ?
Marta Gomes – Il y a des sujets sur lesquels on met un focus plus important : développement durable, diversité et inclusion, héritage des événements… Il faut pouvoir communiquer sur la valeur de l’événement, le retour sur investissement de la participation, du voyage, l’impact au niveau scientifique, sociétal… Tout en mesurant bien sûr l’impact carbone.
Après s’être substitué au tout-présentiel pendant la crise, le format hybride est-il voué à disparaître ?
Marta Gomes – Dans le monde des congrès, et surtout des congrès scientifiques, l’hybridation reste d’actualité et ne disparaîtra pas. Dans le sens où l’on a créé un intérêt, un besoin pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Mais aussi et surtout pour avoir un outil d’engagement de la communauté sur toute l’année. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de diffuser l’intégralité du contenu en s’attendant à ce que l’audience reste quatre ou cinq jours devant l’ordinateur. Ce n’est pas réaliste. Le streaming se limitera à quelques sessions clés, avec l’accès à un replay tout au long de l’année. Il s’agit surtout de garder un lien avec la communauté sur la durée. Pour moi l’hybridation ne disparaîtra pas.
Cette expérience a-t-elle fait évoluer le modèle économique ?
Marta Gomes – Le modèle économique pourra encore évoluer sur le sujet de la captation du contenu, celui d’un accès 365 jours par an via abonnement par exemple. On n’y est pas encore mais je pense que cela arrivera probablement dans le futur. Mais le modèle économique du congrès lui-même, en présentiel, n’a pas vraiment évolué. Ce qui change un peu, c’est un focus plus fort sur l’expérience visiteur pour proposer quelque chose de plus engageant, plus participatif, pour une expérience plus mémorable. C’est un sujet qui devrait être au cœur des priorités pour l’avenir.
La manière dont on conçoit les centres de congrès a-t-elle évolué ?
Marta Gomes – Pas véritablement. La flexibilité a toujours été un atout majeur. Les centres de congrès les plus réussis, avec les taux d’occupation les plus élevés, sont ceux qui proposent une variété d’espaces, de tailles de salles, une flexibilité permettant de changer de formats entre des petits ateliers, des grandes plénières et des espaces d’exposition bien connectés qui soient un peu un passage obligé. Je pense que cela n’a pas fondamentalement changé.
Le retour en force des congrès et événements est-il compatible avec les impératifs environnementaux ?
Marta Gomes – On a tous un travail à faire pour réduire notre empreinte carbone au maximum. Les congressistes s’attendent à ce que des mesures concrètes soient prises pendant l’événement. Nous sommes très regardés. La plupart des centres de congrès n’ont d’ailleurs pas attendu la crise sanitaire pour s’attaquer au sujet, à l’image de Viparis. Cela fait donc longtemps que c’est une priorité pour nous, mais la tendance s’accélère, notamment sous l’impulsion des organisateurs. Nos clients veulent organiser des événements écoresponsables et mesurer leur impact, étant eux-mêmes sous la pression de leurs exposants et visiteurs .