Pour tous les hommes d’affaires étrangers, les chambres de commerce et entreprises internationales qui espéraient une réouverture de Hong Kong, la nouvelle fait l’effet d’une douche froide. Mais finalement, elle n’apparaît pas comme une surprise.
Depuis la mise au pas de Hong Kong par la Chine Populaire et la quasi-disparition de son autonomie politique, Pékin continue d’isoler la métropole du sud de la Chine. Ou du moins de la déconnecter de ses liens avec le reste du monde.
La pandémie de Covid fournit de fait une formidable justification pour la Chine de restreindre les mouvements depuis et vers l’ancienne colonie britannique. Et ce même si Hong Kong a su parfaitement maîtriser la pandémie sur son territoire. En date du 30 octobre, Hong Kong recensait 12 343 cas de contamination au Covid-19 et 213 morts. Des chiffres remarquables pour un territoire de 7 millions d’habitants. On dénombre ainsi 11 fois moins de cas qu’à Singapour (187 851 contaminations à la même date et 364 morts).
La fermeture de Hong-Kong fait le bonheur de Singapour
La comparaison avec Singapour est d’autant plus intéressante que les deux villes ont une position similaire en Asie : deux centres financiers indépendants pour deux métropoles vivant de façon autonome. En revanche, la gestion de l’épidémie a conduit à des politiques de réouverture à l’extérieur diamétralement opposées.
Alors que Singapour a fini par reconnaître depuis septembre que son économie et sa prospérité restaient dépendantes de ses liens avec le monde extérieur, c’est l’inverse à Hong Kong. Si Singapour dessert peu à peu son étau en autorisant les visiteurs internationaux à rentrer sur son territoire, Hong Kong fait exactement l’inverse.
La ville poursuit une politique du « zéro cas de Covid » et a décidé de donner un tour de vis supplémentaire aux mesures d’isolement des voyageurs étrangers. Des mesures déjà considérées parmi les plus sévères du monde. Toute personne étrangère ou non résidente de Hong Kong doit ainsi s’isoler 21 jours en quarantaine dans des établissements désignés par le gouvernement. Ces établissements s’apparentent plus à des prisons avec interdiction absolue de sortir qu’à un lieu de villégiature.
Jusqu’à présent, Hong Kong offrait pourtant à quelques privilégiés – diplomates, VIP, dirigeants d’entreprises – la possibilité d’une quarantaine réduite ou à domicile. Mais ce sera bientôt fini à en croire la Chef de l’Exécutif, Carrie Lam.
Hong-Kong et Chine: même combat
Cette dernière vient d’ailleurs d’indiquer que la priorité de son gouvernement était de rouvrir ses frontières avant tout avec la Chine. Et ce, malgré les avertissements de la communauté financière et économique de la ville qui parle d’un suicide économique. On assiste en conséquence à un exode d’entreprises et d’expatriés depuis plusieurs mois. Qui s’installent à Singapour ou même à Tokyo.
La politique d’ouverture de Hong Kong semble donc bien se décider à Pékin. Et la priorité est donc de mettre sous tutelle totale la métropole. Quitte à la dépouiller de ce qui constituait sa quintessence économique : son ouverture au monde.
La Chine qui, par ailleurs, ne semble guère avoir la moindre velléité à une quelconque réouverture au reste du monde. On l’a vu dans la récente décision de ne pas autoriser d’étrangers à assister aux Jeux Olympiques d’Hiver 2022 de Pékin.
Dans un article récent, le quotidien Financial Times citait une source chinoise indiquant que le gouvernement chinois n’envisageait pas de rouvrir ses frontières aux voyageurs étrangers avant novembre 2022, date d’un important congrès du parti communiste…