
Des collaborateurs éparpillés façon puzzle, des directions éclatées, des équipes qui ont du mal à se retrouver : l’évolution du monde du travail, accélérée par la pandémie, chamboule les habitudes des entreprises. Quand certaines n’ont pas, tout bonnement, abandonné l’idée d’avoir des bureaux pour basculer en « full remote ». Le constat n’est pas nouveau, mais cet état de fait se traduit par le besoin croissant de moments de rencontres pour maintenir à flot la culture d’entreprise, souder les équipes et avancer sur de nouveaux projets.
Fondés dans la foulée des confinements, deux nouveaux acteurs, Homanie et The Oasis House, se sont lancés sur le marché des séminaires avec une idée sensiblement identique : offrir de belles maisons pour des réunions au grand vert, loin du fracas du quotidien. Toute ressemblance avec ce qui a fait le succès de Châteauform’, référence en la matière, n’est évidemment pas fortuite, les deux ne cachant pas s’en être inspiré. Mais Homanie comme The Oasis House entendent incarner le « comme à la maison » dans sa forme la plus pure. C’est-à-dire avec des maisons de taille restreinte entièrement privatisables. De 10 à 20 chambres en moyenne, toutes avec salles de bains privatives, entourées d’immenses espaces verts, elles offrent une entière intimité aux participants, leur évitant d’avoir à se mélanger à d’autres groupes.


Pour autant, si le socle de leur offre est similaire, le positionnement de ces deux acteurs diffère sur bien des points. Tandis qu’Oasis House joue sur la tendance lifestyle, Homanie fait carrément dans le grand luxe. Entrepreneuses expérimentées – passée pour l’une par le groupe Bertelsmann et la création du site Bureauxlocaux, par la fondation du site Milleetunelistes pour l’autre -, Marie Treppoz et Sophie Desmazières ont eu pour volonté commune de créer avec Homanie la collection des plus belles demeures françaises avec services. Des sites exceptionnels destinés à recevoir des vacanciers fortunés, mais aussi des événements professionnels hors saison, les séminaires représentant d’ailleurs les deux tiers de l’activité aujourd’hui.
A l’origine, l’offre d’Homanie s’est appuyée sur les propriétés personnelles des fondatrices ; des lieux d’exception à l’abandon, entièrement transformés pour accueillir des séjours exclusifs. En parallèle, la collection s’est développée avec d’autres propriétaires qui, à travers ces locations saisonnières, peuvent trouver le moyen d’équilibrer de coûteuses restaurations. « Au début, la collection rassemblait une quinzaine de propriétés. Aujourd’hui, elle en compte soixante« , précise Sophie Desmazières, cofondatrice du groupe.
Avec une offre concentrée en large part dans le Sud de la France, Homanie propose par exemple un hameau de cinq maisons entouré de lavande dans le Drôme provençale – 17 chambres au total – ou un domaine à la lisière de la forêt des Maures, à côté de Saint-Tropez. Le plus grand lieu de séminaires proposé par Homanie avec un ensemble de 25 chambres et quatre maisons, chacune avec piscine.

Mais la collection s’étend aussi à d’autres régions que la Provence-Côte d’Azur. Notamment près de Paris, à Giverny ou dans l’Essonne, avec un château médiéval, non loin de Deauville avec une villa XIXe, mais aussi dans les Alpes avec un hameau de quatre chalets près de Megève. Ou encore à l’étranger, en Italie, au Portugal et en Espagne, Homanie ayant parmi ses membres certaines des plus belles demeures de Cadaquès. « Pour autant, notre priorité est de consolider notre offre en France en allant vers des zones où nous ne sommes pas présents, le Sud Ouest par exemple, pourquoi pas la Bourgogne« , explique Sophie Desmazières.
A moyen terme, la collection devrait réunir une centaine de maisons, sélectionnées autour d’un cahier des charges d’une centaine de critères. Parmi lesquels, naturellement, des salles pouvant accueillir des réunions avec toute la connectivité requise. « Nos demeures doivent toutes avoir les mêmes caractéristiques : des finitions parfaites, une situation remarquable. Nous recevons plusieurs demandes par semaine pour rejoindre Homanie, mais toutes les maisons n’ont pas la qualité recherchée« , décrit l’autre cofondatrice, Marie Treppoz.
Demeures d’exception et maisons de campagne chaleureuses
Parmi ses clients, Homanie compte quelques entreprises du CAC 40, mais surtout des start-up et des PME. « Des entreprises qui, souvent, font le choix d’être plus modestes côté immobilier de bureaux et d’offrir en parallèle des parenthèses idylliques à leurs salariés« , remarque Marie Treppoz. Se réunir dans l’une ou l’autre de ces maisons fréquentées par des happy few constitue en effet un vrai privilège, quand certaines locations peuvent monter en saison jusqu’à 200 000 euros la semaine. Que les entreprises se rassurent cependant, les séminaires proposés par Homanie leur reviendront nettement moins chers, avec des forfaits autour de 450 euros par personne et par jour en pension complète.

En comparaison, les séminaires de The Oasis House se positionnent un cran en dessous, autour de 250€ par jour et par personne. « Ce qui peut nous permettre d’avoir de la récurrence, avec des équipes ne venant pas seulement pour leur grand séminaire, mais plusieurs fois dans l’année« , explique Camille Personnat, cofondatrice de la société avec Guillaume Prigent. Si les start-up ont été la clientèle première, The Oasis House cible aujourd’hui l’accueil de séminaires d’équipes de grands groupes, « des entreprises qui ont besoin d’apporter de la cohésion, de retenir leurs talents« , précise l’entrepreneuse. Jusqu’à imaginer une nouvelle offre qui devrait être lancée prochainement : la privatisation d’une maison sur plusieurs semaines, ce qui permet aux entreprises de faire tourner leurs équipes de manière récurrente.
Après avoir commencé avec une poignée de maisons partenaires, le modèle de The Oasis House est en train d’évoluer pour se tourner vers la propriété et la rénovation de grandes maisons de campagne. « Nous en avons acheté deux qui ouvriront en septembre, l’une entre Etampes et Rambouillet et l’autre près de Nemours. En parallèle, deux autres sont en cours d’acquisition, dans le Perche et dans le Vexin« , précise Camille Personnat. Grâce à une récente levée de fonds, The Oasis House a maintenant les fonds suffisants pour acquérir une petite quinzaine de lieux dans un premier temps. « C’est notre objectif de 2024« , avoue-t-elle.


Outre sa taille – entre 10 et 20 chambres -, un espace qui serve de pièce de vie ou encore la possibilité d’offrir une piscine ou un court de tennis, The Oasis House a comme autre critère de recherche l’accessibilité de la maison depuis Paris. « Nous nous concentrons dans un premier temps sur l’Ile-de-France, là où se concentre 80% de la demande de séminaires« , résume Camille Personnat. Avant, fort probablement, d’aller plus loin, vers Marseille, Lyon ou Bordeaux par exemple, autant de destinations faciles d’accès en TGV.