Réactualisé le 21/9 à 13h30
C’était un des grands projets prévus à l’horizon des Jeux Olympiques de 2024. La transformation de la gare du Nord ne se fera finalement pas. Ou en tout cas pas tout de suite, ni dans les formes prévues dans le cadre du contrat de concession attribué en février 2019 à Ceetrus, filiale immobilière du groupe Auchan. SNCF Gares & Connexions a annoncé hier qu’une décision « sera prise très prochainement sur le devenir de cette concession« . Une façon polie de dire que ce chantier, dont le coût dérape dangereusement, a plus que du plomb dans l’aile…
« Des comptes ont été demandés à StatioNord (NDLR : coentreprise formée par SNCF Gares & Connexions (34%) et la foncière Ceetrus (66%) ) sur cette évolution inquiétante« , a déclaré la SNCF dans un communiqué, sa filiale SNCF Gares & Connexions remettant en question la capacité de son partenaire à mener à bien ce projet qui devait conduire au triplement de taille de ce qui est déjà la première gare en Europe.
En plus d’un coût global du projet qui s’élève maintenant à plus d’1,5 milliard d’euros, contre trois fois moins initialement prévus, ce vaste chantier ne pourrait, quoiqu’il arrive, être achevé dans les temps impartis pour accueillir les nombreux visiteurs attendus dans la capitale. Malgré les retards initiaux, la reconfiguration du terminal Transmanche devrait être achevée en septembre 2023, à temps pour pouvoir accueillir les supporters britanniques lors de la coupe du monde de rugby, la livraison des nouveaux espaces du terminal des départs étant prévue pour juin 2024.
De dérapages en pétitions, entre recours de riverains, tribunes de grands architectes contre le côté trop commercial du projet et invitation de la mairie de Paris à revoir la copie, la métamorphose de la gare avait déjà connu bien des péripéties. Pourtant, elle semblait sur de bons rails avec la conclusion d’un protocole en novembre 2020 entre la SNCF, SNCF Gares & Connexions, la SA Gare du Nord 2024 et la Ville de Paris, qui donnait son feu vert à la rénovation de ce hub ferroviaire clé.
L’abandon de ce projet a été salué par de nombreux acteurs politiques, notamment de gauche, Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, tweetant « Victoire ! » à l’occasion de cette annonce. Toujours via Twitter, la maire du Xe arrondissement dit rester mobilisée « aux cotés des habitants de #Paris10 pour faire émerger un nouveau projet + sobre et + écologique permettant de moderniser la #GareDuNord« .
Se fera, se fera pas ? La Ville de Paris, qui souligne avoir de longue date alerté contre ces « risques financiers et calendaires« , a invité à « ne pas reporter une nouvelle fois la modernisation et la rénovation de la gare » et entend travailler avec la SNCF en ce sens. Dans son communiqué, elle a rappelé que l’échéance des JO de 2024 devait rester un objectif commun pour la mise en œuvre de cette modernisation. De son côté, le gouvernement soutient l’idée d’un projet alternatif.
Interrogé par BFM TV, Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports, a expliqué avoir demander à la SNCF de repenser à un projet beaucoup plus réduit, de l’ordre de 50 millions d’euros, pour répondre aux enjeux de 2023 et 2024. « L’aménagement de la gare du Nord est un sujet sérieux, car c’est une gare difficilement praticable sur le plan de la gestion des flux« , a-t-il souligné. SNCF Gares & Connexions a d’ailleurs tenu à rappeler « son attachement » à « faire de la Gare du Nord rénovée une gare fonctionnelle et en capacité d’accueillir toujours plus de visiteurs avec un confort amélioré.«