
Il y a les grands discours sur l’environnement, les bonnes résolutions durables… Et puis il y a la réalité des habitudes dans le monde de l’entreprise. A en croire une étude menée par Emburse au Royaume-Uni – et repérée par BTN Europe -, le fossé est encore bien trop important. Le spécialiste de l’optimisation des dépenses a sondé un millier de salariés et 254 employeurs pour décrypter leurs actions concrètes pour concilier “business travel” et la fameuse “sustainability”. A la lecture des résultats publiés le 14 juillet, le chemin est encore long pour faire passer le développement durable au premier plan des préoccupations de l’entreprise et de ses voyageurs.
Certes, l’étude décèle bien “un désir de disposer d’options de voyage plus respectueuses de l’environnement”. Mais concrètement seuls 16 % des voyageurs d’affaires britanniques accorderaient la priorité au développement durable lors de la planification de leur déplacement. Emburse constate bien l’intégration de politiques liées au développement durable dans 71% des cas… Mais seules 37 % de ces entreprises appliquent activement ces politiques lors des réservations et de l’approbation des frais de voyage. Plus d’un quart des entreprises (27 %) auraient même réduit leurs investissements en matière de développement durable face à l’augmentation du coût des activités. Et certaines entreprises britanniques semblent assumer avoir déserté le terrain de l’écoresponsabilité. En effet, un quart des employeurs (25%) n’auraient tout simplement pas mis en place de politique de développement durable pour les voyages d’affaires. Et 6 % ne prévoient pas d’évoluer sur ce point…
On comprend mieux pourquoi le durable peine à se frayer un chemin dans le parcours de réservation du voyageur. A l’heure d’organiser leur déplacement, rares sont ceux qui ont fait de l’environnement le principal critère de choix… Ainsi seul un voyageur sur six fait du développement durable sa priorité numéro un. Le rapport coût-efficacité demeure la priorité (31%), devant la commodité et l’accessibilité (27 %) et même les miles. En effet, les programmes de fidélisation et de récompense (21%) devancent malheureusement les considérations écoresponsables (16%).

Les professionnels nomades semblent pourtant prêts à faire des efforts. Simplement, ils attendent une véritable implication de leur employeur. L’étude Emburse estime que 71% des salariés souhaitent que leur employeur fasse davantage pour favoriser les déplacements durables. Et 76% des voyageurs choisiraient un mode de transport plus durable si leur employeur proposait des programmes ou des incitations financières.
Pour Jeroen van Velzen, le constat est clair : « nous ne pouvons pas nous contenter de faire comme si de rien n’était en matière d’émissions”. Le SVP Travel & Mobility de Emburse insiste : “Les entreprises et les voyageurs doivent s’efforcer de réduire leur empreinte carbone. Il est prometteur que de plus en plus d’organisations mettent en place des lignes directrices et des politiques en matière de durabilité, mais ces données montrent qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que cela ne devienne une priorité« .
Pour Jeroen van Velzen, la pédagogie sera la clé, pour aboutir à une réservation éclairée, et donc responsable : « Les gestionnaires de voyages pourraient appliquer strictement les politiques de leur entreprise pour aider à atteindre les objectifs en matière de carbone, mais cette approche autoritaire risque d’éloigner les employés qui voyagent. En informant les voyageurs de l’impact de leurs déplacements en termes faciles à comprendre – comme le nombre de maisons qui pourraient être alimentées par l’énergie utilisée lors d’un voyage -, on peut obtenir des niveaux de conformité beaucoup plus élevés. Les employeurs doivent fournir à leurs employés des outils leur permettant de prendre des décisions plus judicieuses, et les employés doivent utiliser ces informations pour planifier des voyages plus respectueux de l’environnement. Nous ne devons pas nous contenter d’accorder un intérêt purement formel aux questions environnementales, mais transformer les bonnes intentions en actions concrètes” intime enfin Jeroen van Velzen.