Les voyageurs internationaux boudent les aéroports allemands

Le trafic aérien en Allemagne est à la peine. Les raisons : effondrement du trafic intérieur, prix des billets en hausse et capacités en berne. Mais aussi, selon l'association des aéroports allemands ADV, un recul du nombre de passagers internationaux qui choisissent l'avion.
Aéroports allemands
L'aaéroport de Cologne-Bonn ne bénéficie plus d'aucun vol sur Paris, un phénomène qui touche d'autres lignes Paris-Allemagne (Photo: Luc Citrinot)

Le trafic aérien allemand continue de se redresser suite à l’effondrement lié à la crise sanitaire. Mais force est de constater que la reprise du trafic vers le « moteur économique » de l’Europe est plus mitigée qu’ailleurs. Selon l’ADV (Association des Aéroports Allemands/Arbeitsgemeinschaft Deutsche Verkehrsflughäfen), de janvier à juillet 2023, le nombre de passagers a atteint 108,34 millions. Soit une progression de 25,1% comparée à la même période de 2022.

Parmi les grands aéroports allemands, le rebond profite particulièrement à Francfort, en hausse de 27,3%, à Hambourg (+26,7%), Stuttgart (+25,9%) et Munich (+25%). En revanche, Berlin fait moins bien que la moyenne à +19,2%. L’aéroport de la capitale confirme cependant sa place de troisième aéroport allemand par le nombre de passagers.

Mais si on analyse plus en profondeur les chiffres par faisceau, on constate que le trafic passagers reste très inférieur à celui de 2019.

Le nombre de voyageurs sur les lignes domestiques s’est effondré. Avec 12,9 millions de passagers entre janvier et juillet, il est de 53% inférieur à ce qu’il était en 2019. Pour le trafic Europe, l’ADV recense sur 7 mois 74,1 millions de passagers. Un chiffre qui certes est en hausse de 20% par rapport à 2022 mais reste encore inférieur de 18,5% par rapport à la même période de 2019. Seul le trafic intercontinental comble plus rapidement le trou avec 2019. Il n’est plus que de 15% inférieur aux chiffres de l’avant-Covid avec 21,1 millions de passagers.

11% de moins de passagers internationaux depuis 2017

L’ADV constate en fait une désaffection des passagers internationaux pour les aéroports allemands. Selon une enquête effectuée en 2022 dans les 21 aéroports de l’association auprès de 100 000 passagers, l’ADV recense une baisse du nombre de voyageurs étrangers qui choisissent l’Allemagne comme destination.

Selon l’association, jusqu’à la crise du Covid, la part des passagers qui visitent l’Allemagne en utilisant l’avion ne cessait de croître. Aujourd’hui un peu plus d’un passager sur 5 dans les aéroports allemands est étranger. Si l’on compare les années 2022 et 2017, cela représente une chute de 11%. Soit une part de marché de 23% sur le volume total de voyageurs aériens.

Pour Ralph Beisel, directeur général de l’ADV, « la forte baisse du nombre de passagers étrangers illustre le problème du transport aérien allemand. La cause principale est l’offre insuffisante des compagnies aériennes qui opèrent sur des liaisons point à point en Europe. Les compagnies low-cost évitent l’Allemagne, trop chère en raison de taxes et de coûts d’implantation élevés. Cette évolution négative nous conforte dans l’idée d’exiger du gouvernement fédéral un plafonnement des coûts de la sécurité aérienne et des redevances de navigation aérienne. Dans aucun pays d’Europe, les taxes et redevances liées à la réglementation n’ont augmenté aussi fortement qu’en Allemagne« , explique-t-il.

Berlin est la seule destination allemande servie par 4 compagnies aériennes depuis Paris CDG et Orly (Photo: Luc Citrinot)

Une offre réduite par exemple depuis Paris

On constate cette forte réduction de l’offre au départ de Paris par exemple. Depuis Roissy, 8 villes allemandes sont desservies. Tandis que 3 villes d’Outre-Rhin le sont au départ d’Orly. Air France domine sur l’axe Paris-Allemagne avec des vols vers 8 destinations. La compagnie a cependant cessé sa desserte de Brême et Leipzig, pourtant deux importantes destinations affaires.

En revanche, c’est du côté de Lufthansa et sa filiale Eurowings que l’offre s’est considérablement réduite. Les deux transporteurs relient CDG uniquement à Francfort, Hambourg et Munich. La compagnie allemande opère également deux vols quotidiens sur Orly-Munich.

Quant aux low-cost, elles sont effectivement en minorité sur le marché Paris-Allemagne. Easyjet et Transavia volent sur Berlin depuis Orly et/ou CDG. Vueling ne dessert plus qu’Orly-Hambourg après avoir suspendu ce printemps ses liaisons sur Leipzig et Nuremberg.

« Une réduction des coûts contribuerait de manière significative à augmenter à nouveau l’attractivité de l’Allemagne pour les compagnies aériennes, les entreprises et les touristes étrangers« , souhaite donc Ralph Beisel.