L’Union Européenne a l’ambition d’un réseau grande vitesse reliant les métropoles du continent

Alors que l'on constate de plus en plus de transfert des passagers de l'avion vers le train à l'intérieur de l'Europe, l'Union Européenne souhaite accélérer cette tendance. Elle va favoriser un grand plan d'investissement dans un réseau de trains à grande vitesse d'ici 2040. Il permettra de relier toutes les grandes capitales européennes sur des temps de trajet variant entre 3 et 6 heures en moyenne selon la distance. 
l'Union Européenne veut transformer la mobilité des Européens en favorisant un réseau de trains à grande vitesse entre les grandes métropoles du continent (Photo: Gare Centrale de Milan- Luc Citrinot)

La Commission européenne a dévoilé le 5 novembre 2025 un plan ambitieux visant à réduire drastiquement les temps de trajet en train entre les grandes villes européennes d’ici 2040. Une telle ambition permettrait d’intégrer les réseaux ferroviaires à grande vitesse existants et de couvrir les nombreux trous dans la couverture actuelle. Un tel effort permettrait de limiter le recours aux vols court-courriers au sein de l’Union européenne dans le cadre d’une réduction de l’empreinte carbone.

Bruxelles présente en effet cette initiative non seulement comme une stratégie d’infrastructure, mais aussi comme une mesure climatique. Le transport ferroviaire ne représente que 0,3 % des émissions du secteur des transports, contre 73,2 % pour la route et 11,8 % pour l’aviation, selon les données de la Commission.

Une meilleure harmonisation entre les différents acteurs ferroviaires (Photo: trains néerlandais et belge côte à côte à Liège- Luc Citrinot)
Une meilleure harmonisation entre les différents acteurs ferroviaires (Photo: trains néerlandais et belge côte à côte à Liège- Luc Citrinot)

Faire du ferroviaire une vraie alternative à l’avion

« Améliorer les temps de trajet entre les capitales européennes est un résultat concret et pragmatique de notre volonté de rendre l’Europe plus unie et plus efficace », a déclaré le vice-président de la Commission, Raffaele Fitto. Selon la proposition, les principales villes de l’Union seraient reliées par un réseau ferroviaire à grande vitesse renforcé. Bruxelles estime le coût total à 345 milliards d’euros, financés grâce à une utilisation plus stratégique des fonds européens. Pour atteindre ces objectifs, la Commission appelle les États membres à mieux synchroniser leurs calendriers de construction. Elle souhaite aussi permettre des conditions de marché plus ouvertes.

Si le projet aboutit, la mobilité transfrontalière serait ainsi profondément transformée, avec la réduction de moitié de la durée de nombreux trajets. Dès 2030, Berlin et Copenhague devraient être reliées en quatre heures au lieu de sept. La liaison Vienne-Berlin, actuellement couverte en un peu plus de huit heures, durerait quatre heures et demie. D’ici 2035, Sofia et Athènes ne seront plus qu’à six heures d’intervalle, contre près de quatorze aujourd’hui.

De nouvelles liaisons transfrontalières permettront également de relier les pays baltes et de voyager de Paris à Lisbonne via Madrid. À plus long terme, l’ambition est d’offrir un réseau performant de trains. Optimalement, ils circuleront à au moins 200 km/h. Voire à 250 km/h lorsque cela est économiquement viable.

Les futurs temps de trajets ferrovaires, tels qu'envisagés par l'UE d'ici 2040 (Image : Commission Européenne)
Les futurs temps de trajets ferrovaires, tels qu’envisagés par l’UE d’ici 2040 (Image : Commission Européenne)

S’ouvrir sans limitation à la concurrence

Cette ambition d’un réseau grande vitesse à l’échelle de l’UE est structurée autour de quatre piliers. Le premier vise à accélérer les investissements, harmoniser les normes et éliminer les goulets d’étranglement transfrontaliers. L’Union imposera des délais contraignants d’ici 2027. Un accord ferroviaire à grande vitesse sera élaboré avec les États membres, l’industrie et les acteurs financiers pour mieux coordonner les sources de financement.

Le deuxième pilier entend ouvrir les marchés aux services ferroviaires. La Commission proposera en 2027 d’interdire la mise au rebut de matériels roulants encore fonctionnels. Cette mesure favorisera un marché de l’occasion à l’échelle de l’UE. Dès l’an prochain, une proposition améliorera la billetterie transfrontalière. Elle permettra des réservations fluides auprès de plusieurs opérateurs, avec une meilleure protection des passagers.

Le troisième est la suppression des restrictions à l’arrivée de nouveaux opérateurs. Il vise à stimuler la concurrence et à rendre la grande vitesse plus abordable. L’UE la favorisera grâce à une capacité mieux coordonnée et des redevances d’accès plus équitables. Sur ce dernier point, la coopération de chaque Etat sera nécessaire. On connaît déjà la réticence de la France ou des Pays-Bas à une vraie concurrence face à leur opérateur national…

L’innovation également mise en valeur

Enfin un dernier pilier de cette transformation portera sur l’innovation. Un appel à projets en 2026 soutiendra le développement du matériel roulant de nouvelle génération. En parallèle, une certification simplifiée des conducteurs et le déploiement de l’ERTMS* amélioreront l’interopérabilité.

Selon Apostolos Tzitzikostas, commissaire chargé des transports et du tourisme durables, « le train à grande vitesse ne consiste pas seulement à réduire les temps de trajet. Il s’agit d’unir les Européens. Mais aussi de renforcer notre économie et de mener la course mondiale au transport durable. Avec ce plan, nous transformons l’ambition en action. Soit supprimer les obstacles, mobiliser des investissements en faveur d’infrastructures modernes et faire du rail transfrontalier l’épine dorsale d’une Europe neutre en carbone, compétitive et sûre. Les citoyens de toute l’Union bénéficieront alors de trajets plus rapides, plus sûrs et plus abordables.»

* ERTMS : European Rail Traffic Management System, Système européen de gestion du trafic ferroviaire