Lufthansa monte à l’assaut dans la privatisation de TAP Air Portugal

Le groupe Lufthansa se positionne à son tour sur l'entrée dans le capital de TAP Air Portugal, après les groupes Air France-KLM et IAG. Le groupe allemand argue de ses succès dans l'intégration d'autres compagnies européennes.

Le groupe Lufthansa a officiellement confirmé son intention de participer au processus de privatisation de TAP Air Portugal. Dans une lettre transmise à Parpública, la holding publique portugaise actionnaire de TAP, l’entreprise allemande se positionne comme candidat à l’acquisition d’une participation minoritaire dans un premier temps. Avec un objectif de bâtir un partenariat stratégique de long terme garantissant l’avenir de la compagnie nationale.

« Notre ambition est de renforcer la connectivité mondiale du Portugal, de préserver l’identité portugaise de TAP et d’assurer sa croissance durable », déclare Carsten Spohr, président du directoire et CEO de Deutsche Lufthansa AG.

Carsten Spohr a ainsi souligné le rôle stratégique que TAP pourrait jouer en intégrant le premier groupe de transport aérien européen. Le groupe Lufthansa rappelle sa présence historique au Portugal. Ses différentes filiales assurent de fait plus de 280 vols hebdomadaires et emploient déjà plus de 400 personnes. Ce chiffre devrait atteindre 1 000 d’ici 2030, grâce à l’ouverture d’un site Lufthansa Technik près de Porto.

Le marché sud américain suscite la convoitise

Il y a certes le marché portugais. Mais, surtout, se profile derrière le lucratif marché de l’Atlantique Sud. Lufthansa voit en Lisbonne un hub clé, capable d’élargir des liaisons vers l’Amérique du Sud – en particulier le Brésil -, mais aussi vers l’Afrique lusophone et australe.

Le groupe Lufthansa met en avant l’intégration de nombreux transporteurs européens. A l’instar de Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines et plus récemment d’ITA Airways, tout en ayant conservé leur identité nationale. Le groupe estime disposer de la taille critique, de la solidité financière et de l’expérience nécessaires pour accompagner TAP dans un nouveau cycle de développement.

Mais Lufthansa n’est pas seule en lice. Air France–KLM a réaffirmé son intérêt pour TAP, attiré par la forte présence de la compagnie portugaise en Amérique du Sud et par le potentiel du hub de Lisbonne pour renforcer son propre réseau transatlantique.

Le groupe IAG, maison mère de British Airways, Iberia et Vueling, suit également le dossier de près. TAP constituerait pour lui un atout stratégique majeur, notamment pour consolider son influence sur les marchés latino-américains – même si l’intégration d’un nouvel acteur sur cet axe Atlantique Sud serait de fait en concurrence avec le hub IAG de Madrid avec Iberia. Et surtout, il pourrait faire face à l’hostilité des autorités européennes avec la constitution d’un groupe prédominant dans la péninsule ibérique.

Enfin, plusieurs investisseurs, dont certains fonds souverains du Golfe -dont le Qatar- déjà présents dans le secteur aérien, sont mentionnés comme intéressés, même si leurs démarches restent moins avancées que celles d’acteurs européens de l’aérien.

Réponse du gouvernement à la fin du premier trimestre 2026 ?

Le gouvernement portugais doit désormais analyser les différentes propositions dans un contexte où TAP, redevenue plus stable après sa restructuration, attire les regards des acteurs européens désireux de renforcer leur position sur l’axe transatlantique et sur les marchés lusophones. La bataille pour la compagnie nationale portugaise s’annonce donc particulièrement stratégique.

La balle est désormais dans le camp du gouvernement portugais qui devra préciser son calendrier et ses critères de sélection. À Lisbonne, l’exécutif assure vouloir mener un processus « transparent, compétitif et orienté vers l’intérêt national », tout en préservant l’importance stratégique de TAP pour la diaspora, les régions autonomes et les liaisons vers l’Amérique du Sud et l’Afrique lusophone. La réponse officielle devrait intervenir avant la fin du premier trimestre 2026.