
Soixante ans après son arrivée à Paris, et dix ans après son intégration dans le giron Lufthansa, Austrian Airlines retrouve des couleurs. Les voyants de la compagnie aérienne sont à nouveau au vert depuis 2017, et ses dirigeants sont maintenant bien décidés à préparer l’avenir. Plusieurs représentants du transporteur autrichien et du groupe Lufthansa sont d’ailleurs venus à la rencontre des médias français lundi midi, dans le cadre d’un « Café de Vienne » éphémère, arborant les couleurs d’Austrian Airlines.
Relativement discrète sur le marché français, la compagnie autrichienne n’en demeure pas moins installée historiquement depuis six décennies à Paris CDG, en plus des dessertes proposées à Lyon et à Nice. « On m’a fait remarqué que nous n’étions pas venus à la rencontre du marché français depuis quelques temps… C’est vrai, et ce n’est d’ailleurs pas spécifique à la France : nous étions occupés à restructurer notre business. Et cela a plutôt bien marché« , confessait avec humour Peter Nikolai Thier, en charge de la communication chez Austrian Airlines, devant les journalistes invités.
Les voyageurs français ne semblent pas en tenir rigueur au transporteur autrichien, et remplissent les quatre vols quotidiens proposés depuis Roissy – en plus d’un cinquième en partage de codes avec Air France – une « anomalie » inter-alliances, qui s’explique par le caractère historique de la liaison. Le taux d’occupation a même légèrement progressé l’an dernier (+1,5%) sur l’axe Paris-Vienne, et ce malgré l’arrivée d’un nouveau concurrent : Level. Au-delà du trafic point à point entre les deux capitales, pour des déplacements affaires ou loisirs, le public français plébiscite la fenêtre vers l’Est ouverte par Austrian Airlines : Albanie, Bulgarie, Russie, et au-delà les grands hubs asiatiques, comme Bangkok, en attendant le retour de la compagnie à Tokyo en avril prochain. Le tout bien sûr via Vienne, une plateforme en plein boom, sur laquelle la prédominance du régional de l’étape est régulièrement challengée.
Défendre notre hub de Vienne
En effet, la capitale autrichienne est devenue « the place to fly » au cours des derniers mois, s’imposant même comme l’un des principaux hubs en Europe pour les compagnies low-costs. Les appels d’air générés par la disparition de Nikki et l’acquisition de Laudamotion par Ryanair, la montée en puissance d’easyJet et de la nouvelle venue Level, auraient pu chahuter la position dominante d’Austrian Airlines.
Pour l’heure, la compagnie a pourtant préservé l’essentiel, à en croire les chiffres de 2018 : la compagnie revendique environ 48% des passagers sur l’aéroport de Vienne, une part de marché équivalente au précédent exercice. En publiant ses résultats 2018 il y a quelques jours, la direction de la plateforme a confirmé la tendance : « Les principaux moteurs de la croissance à l’aéroport de Vienne ont été Austrian Airlines, suivie par Laudamotion et easyJet. Dans l’ensemble, l’offre low-cost s’est fortement développée, notamment grâce à l’ouverture de trois nouvelles bases par Wizz Air, Laudamotion et LEVEL« , est-il indiqué dans le rapport.

Face à cet afflux, Austrian a quelque peu corrigé sa feuille de route : « Beaucoup de compagnies aériennes ont découvert l’aéroport de Vienne l’an dernier, comme s’il venait d’apparaître sur la carte pour de nombreuses low-costs… Nous avons donc revu notre stratégie et décidé que la priorité serait de défendre notre hub de Vienne pour les trois ans à venir« , indique Peter Nikolai Thier chez Austrian Airlines, qui ajoute sur la « to-do list » de la compagnie : « stabiliser notre croissance et améliorer notre rentabilité pour être capables d’acheter de beaux et grands appareils long-courrier« .
Austrian Airlines et l’aéroport de Vienne : quelques chiffres
- 130 destinations dans le monde
- 35 destinations en Europe Centrale et en Europe de l’Est
- 48,4% de part de marché en passagers à l‘aéroport de Vienne
- 395 vols par jour
- Zone de chalandise de l‘aéroport de Vienne : 23,4 millions d’habitants à moins de 3h de route