Chaire Pégase : 38% des voyages d’affaires en avion remplacés par la visio ?

Dans sa dernière étude, la Chaire Pégase table sur un recul durable du voyage d’affaires en avion, au profit de la communication virtuelle. Près de 40% des déplacements aériens pourraient même être durablement remplacés par la visio-conférence.
Zoom visio
"A long terme, (...) environ 40% des déplacements professionnels aériens ont de fortes chances de ne pas être rétablis" estime le rapport de la Chaire Pégase (Zoom DR)

C’est la question qui fâche chez nombre de professionnels du voyage d’affaires : le virtuel remplacera-t-il partiellement mais durablement les déplacements professionnels suite à cette période inédite ? Une question à laquelle différentes études apportent régulièrement une réponse rassurante, mais pas toujours entièrement convaincante en termes d’objectivité, leurs auteurs ayant tout intérêt à voir la machine business travel repartir de plus belle… Spécialiste de l’économie et du management du transport aérien et de l’aérospatial, la Chaire Pégase envoie un message moins optimiste. Dans sa nouvelle étude publiée le 8 juin, l’équipe de Paul Chiambaretto estime que la prise de pouvoir de la communication virtuelle est là pour durer…

En se basant sur un sondage réalisé auprès de 548 voyageurs d’affaires français, la Chaire Pégase estime d’abord que près de trois professionnels sur quatre (72%) ont moins pris l’avion en 2020 qu’avant la crise. Et 70% d’entre eux maintiendront un rythme de déplacement inférieur tant que des restrictions seront imposées. « En revanche, une fois les restrictions levées, la baisse du trafic des voyageurs d’affaires devrait être de 42% » ajoutent les auteurs du rapport, qui pointent du doigt « l’explosion du recours à la visioconférence depuis 2020 ». « Alors que 16% des voyageurs d’affaires faisaient régulièrement des visioconférences avant la crise, la quasi-totalité d’entre eux en ont réalisées depuis. Ainsi, 53% de leurs déplacements ont été remplacés par des visioconférences en 2020, un taux qui devrait baisser à 51% tant que les déplacements sont limités avant de se stabiliser à 38% lorsque tous les déplacements seront possibles », prévoit l’étude de la Chaire Pégase.

 

A terme, la visioconférence serait ainsi susceptible de se substituer à près de quatre voyages d’affaires en avion sur dix : une donnée qui variera bien sûr selon le motif du déplacement. Logiquement, les rendez-vous « en interne », entre deux collaborateurs d’une même entreprise, seront les premiers sacrifiés. Les formations devraient également pâtir de ce nouvel équilibre. A l’inverse, note la Chaire Pégase, « Les voyageurs d’affaires ont plus tendance à maintenir leurs déplacements lorsqu’il s’agit d’interagir avec des parties prenantes externes comme dans le cadre de la prospection ou de salons professionnels ».

un effet de saturation comparable à du technostress

Pourtant, comme le souligne ce rapport, la visio-conférence a montré ses limites au cours de l’année écoulée. Certes, le virtuel a été associé à une réduction des risques de contamination (82%) et à de substantielles économies sur le budget voyages (77%) et l’impact environnemental (76%), tout en offrant un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle (66%). Mais les auteurs du rapport évoquent un « effet de saturation comparable à du technostress », pour 82% des sondés, le sentiment du perdre du lien avec ses collègues (73%). En outre, d’un point de vue business, 64% des voyageurs d’affaires ont eu moins d’opportunités pour atteindre leurs objectifs, et 60% d’entre eux ont eu plus de difficultés pour lancer de nouveaux projets ou acquérir de nouveaux clients, d’après l’étude.

Malgré tout, les auteurs du rapport estiment : « A long terme, nos chiffres révèlent qu’environ 40% des déplacements professionnels aériens ont de fortes chances de ne pas être rétablis ». Un recul du voyage d’affaires au profit du virtuel qui va forcer les acteurs du business travel à se réinventer, estime la Chaire Pégase. En effet, les auteurs du rapport rappellent la dépendance des compagnies traditionnelles vis-à-vis de cette clientèle premium, qui représenterait 25% des passagers mais pèserait à hauteur de 55 à 75% des profits. Dès lors, l’équipe de Paul Chiambaretto estime que ces compagnies aériennes vont devoir repenser leur modèle économique, à la différence des transporteurs low-cost, moins impactés par ce nouveau paradigme.