Le cinéma en mode avion

Alternative au voyage au bout de l'ennui, la parenthèse d'un vol transatlantique ou d'une escale à rallonge peut aussi offrir un temps de cerveau disponible pour la découverte d'un nouveau chef d'œuvre...
Aerocinema
pendant la crise sanitaire, l’aéroport de Vilnius s’est transformé en cinéma drive-in (DR)

Si le monde de l’aérien s’invite volontiers dans celui du septième art, ce dernier le lui rend bien… Aussi studieux que soient les voyageurs d’affaires, qui n’a jamais pris plaisir à se faire une toile à 30 000 pieds d’altitude ? D’autant que, dans leur course à l’excellence pour séduire une clientèle premium, les compagnies aériennes rivalisent notamment dans le domaine du divertissement en vol. A la fois en soignant leur catalogue, mais aussi leur système IFE (In-flight entertainment). L’heure n’est pas encore aux dispositifs optoélectroniques évoqués récemment par easyJet dans sa vision du voyage en 2070… Mais force est de constater que les dispositifs qui équipent les cabines des nouveaux appareils – tout particulièrement dans les classes avant – offrent un confort visuel en constante progression. Les nouvelles classes affaires dévoilées par Etihad et Flydubai à l’occasion du dernier Arabian Travel Market sont par exemple dotées d’écrans de plus de 17 pouces, connectés en Bluetooth. Une récompense consacre d’ailleurs chaque année la compagnie équipée du meilleur IFE, un classement dominé par Emirates dans les derniers palmarès Passenger Choice Award et Skytrax.

Occuper un vol long-courrier à savourer la dernière palme d’or ou un « nanar » de bas étage : l’idée n’a rien de nouveau. Quant à profiter d’une séance de cinéma sur le plancher des vaches avant d’embarquer, le concept est plus récent, et moins démocratisé. Plusieurs grands hubs internationaux se sont en effet dotés de véritables salles de cinéma. A l’image de Singapour Changi, que cette offre aura peut-être aidé à être à nouveau désigné meilleur aéroport du monde il y a quelques semaines.

Pourtant, à l’heure où la fluidité du parcours voyageur apparaît comme un critère essentiel de succès pour ces plateformes, un tel investissement se justifie-t-il ? A fortiori dans des infrastructures où chaque mètre carré doit être optimisé. Voilà tout juste dix ans, CNN interrogeait d’ailleurs : « Des cinémas dans les aéroports : bonne idée, mais l’utiliseriez-vous ?« . L’article se posait en écho – dubitatif – aux résultats d’un sondage publié par Skyscanner. Sur les quelque 10 000 personnes interrogées à l’époque sur leur aéroport idéal, un voyageur sur deux (49%) citait l’accès à un cinéma. Le podium était complété par des cabines de sommeils (36%) et une bibliothèque (32%). Pourtant d’après les chiffres publiés par CNN, jusqu’à 40% de l’audience du IMAX installé au sein du hub de Hong Kong serait constituée par les employés de l’aéroport. Notons que certaines plateformes ont vu encore plus grand quant à la place accordée au septième art, certes dans un contexte ô combien particulier. L’aéroport de Vilnius s’est ainsi distingué pendant la crise sanitaire en transformant un parking avions en un bon vieux cinéma drive-in. Cet « Aerocinema », participant au Festival international du film de la capitale Capitale de la lituanienne, devait selon la direction de la plateforme marquer son soutien aux secteurs aérien et culturels. Une initiative originale pour se projeter « sur l’écran noir de ses nuits blanches »…