Croisière : merveilleuse Méditerranée

croisière MSC Meraviglia, port de Gènes

Les boutiques de luxe, de parfums, de montres ou de sacs à main succèdent à un restaurant gourmet, un maître chocolatier ou à un marchand de glaces italiennes. La foule est dense, certes, mais elle musarde exactement comme elle le ferait dans la galerie marchande d’un centre commercial très haut de gamme. Elle prend son temps, cette foule qui parle un peu toutes les langues. Et, pour une fois, elle sent bien qu’il est inutile de jouer des coudes pour accéder aux rayons, car elle l’a, effectivement, tout son temps… Sous les arcades vaguement Renaissance du premier étage, un pub anglais a sorti quelques tables, un restaurant japonais l’a copié, voisinant un bar à champagne bondé en ce début d’après-midi, à l’heure des premiers embarquements dans le port de Marseille, à 20 minutes de la gare Saint-Charles et de ses TGV.

Car c’est sur un navire qu’on se trouve. Et cette galerie marchande longue de 96 m, c’est ce qu’on voit d’abord en embarquant sur le MSC Meraviglia, nouveau fleuron de MSC Croisières. Un choc ! Un gigantesque paquebot entièrement construit par les chantiers navals de Saint-Nazaire et lancé en grande pompe le 3 juin 2017. Les chiffres clés publiés à son sujet donnent à eux seuls le vertige : 315 m de long, 65 m de hauteur, 19 ponts, 2 244 cabines dont 75 % avec balcon, 5 714 passagers et 1 540 membres d’équipage, quatre piscines, un spa, 12 restaurants, 20 bars et lounges, dix lieux pour danser, quatre salles de conférence de 55 à 985 personnes. Sans compter le yacht-club, qui correspond, en gros, aux executive floors des grands hôtels avec lounge exclusif, bar, piscine, restaurant dédié et concierge 24h/24…

  • Constellé de lumières LED, le dôme de la promenade intérieure du MSC Meraviglia change régulièrement d’aspect, prenant tour à tour des airs de chapelle Sixtine, de ciel moutonné de nuages ou de voûte étoilée. En dessous, c’est une longue galerie marchande comme on en trouve sur la terre ferme, avec ses boutiques haut de gamme et ses restaurants.
  • Espace plus intime, le yacht-club dispose d’un service dédié et peut être en partie privatisé.
  • Aux accros aux machines à sous et aux tables de poker, le bateau propose aussi un condensé de Las Vegas avec son Casino Imperiale.
  • Avec ses deux piscines extérieures, le pont du paquebot se transforme en station balnéaire, façon Ibiza-on-the-Sea. En journée ou au retour d’excursion, les passagers viennent y prendre le soleil et profiter de divertissements comme des après-midi mousse ou de la dance musique au coucher du soleil.
  • Agrémentées de balcon pour la plupart, les cabines du bateau offrent toutes un grand confort.
  • Chaque jour, 1 540 membres d’équipage s’occupent du confort des 5 714 passagers hébergés sur le paquebot.
  • Desservant les 19 étages du bateau, le grand escalier brille de cristaux Swarovski. À ses pieds, des musiciens accompagnent les balades en soirée.
  • Piste de footing sur le pont supérieur, parc aquatique, complexe sportif, salle de fitness équipée dernier cri : une multitude d’options permettent de garder la forme, même en haute mer.

On pourrait comme ça aligner une bonne centaine de chiffres proprement hallucinants pour un navire. Qu’à cela ne tienne, on aura le temps de tout découvrir lors de cette croisière d’une semaine, un Marseille-Marseille en passant par Gênes, Naples, Messine, Malte et Barcelone, le grand bateau ne mouillant jamais plus d’une journée dans un port, le temps d’une excursion alentour.

Six villes, quatre pays, six ports : voilà le rythme de croisière du MSC Meraviglia, nouveau fleuron de MSC Croisières, sur une semaine.

Port de Marseille, 17 heures : les passerelles sont relevées, les amarres larguées. Le géant quitte le quai en silence, sans sirène d’au revoir, sans mouchoirs agités. Dommage. À bord en revanche, l’agitation est à son comble. Dans les cabines d’abord, où les nouveaux arrivants s’installent, mais surtout aux comptoirs des excursions, où chacun s’inscrit ou valide les sorties qu’il aura préalablement sélectionnées. Et puis, chacun d’explorer ce qui sera sa villégiature marine, de se perdre dans le dédale des coursives et des ponts promenades, de tomber par hasard sur une piscine ou sur une salle de bowling, de s’égarer encore, puis de guerre lasse s’asseoir sur les marches d’un escalier pour reconstituer mentalement le labyrinthe menant à sa cabine… C’est jamais gagné, et le secours d’un garçon de cabine passant par là est bien souvent nécessaire. Au début, en tout cas !

Mais ça y est, on est installé et l’on s’approprie les 17 m² de sa cabine aux tons très doux, rassurants presque : salle de bain-douche, placards, coffre, lit king size, bureau, canapé, minibar et surtout une terrasse privative sur laquelle paressent deux fauteuils et une table basse. Dehors, c’est l’enchantement de la Côte d’Azur qui passe sur bâbord, celui d’un coucher de soleil rouge sur ces villes et villages, des lumières de Toulon, de Cannes puis de Nice qui s’allument les unes après les autres.

La nuit méditerranéenne est merveilleuse, le vaisseau n’émet aucun bruit mécanique. Pas de ronronnement de moteur en bande-son, pas de trépidations subites. On n’entend rien de ce qui fait l’ordinaire acoustique d’un ferry ou d’un petit paquebot. Mieux, la taille du mastodonte n’autorise pas le moindre roulis, pas le plus petit tangage. C’est à peine si on sent la pleine mer. On se croirait plutôt dans un hôtel, un resort itinérant qui, chaque jour, amènerait sur ses flancs un paysage différent, une langue différente, une nouvelle idée de sortie. Le reste du temps, on profite des lieux qui transforment le navire-hôtel en destination à part entière. Le premier soir est généralement assez sage, les récents embarqués se contentant d’un dîner dans leur restaurant attitré, d’un tour sur le pont promenade ou dans la galerie Meraviglia, et d’un dernier verre sur leur balcon privé.

Gênes, de la renaissance à Renzo Piano

Tôt le matin, le MSC Meraviglia s’amarre dans le port de Gênes. Le restaurant-buffet, qui court tout de même sur presque le tiers de la longueur du bateau, en est déjà au coup de feu ; les plateaux se chargent de croissants – trop –, de petits pains – trop –, de charcuterie – trop –, de fromages – trop –, de céréales, de fruits… Bref, de toutes les nourritures terrestres en bien trop grandes quantités. C’est comme ça, les buffets. C’est assassin et presque toujours “plus gros yeux que gros ventre”, surtout les deux ou trois premiers jours où il faut une volonté de fer pour résister aux tentations.

À travers les baies vitrées : le port marchand de Gênes et, surtout, la ville. Toute l’Italie qui dégringole en amphithéâtre depuis le haut des collines jusqu’au port. Une beauté restée touristiquement un peu à l’écart par rapport au reste de la Péninsule – on pense ici à Florence, Venise, Rome ou Naples –, et c’est bien dommage. D’autant que l’ancien port, à 15 minutes à pied du port marchand, a été formidablement réhabilité par Renzo Piano, l’enfant du pays. C’est très gai, léger, élégant, bourré de petits bonheurs et de trouvailles contemporaines à l’instar de ces sculptures mobiles toilées de blanc, à mi-chemin entre ailes de moulins à vent et réminiscences de marine à voiles. Et des bistrots sur les quais, des restaurants aussi, dont le chic-cosy I Tre Merli, et d’anciens entrepôts réhabilités en centre de congrès, et surtout un gigantesque aquarium réputé dans le monde entier.

  • L’église Santa Maria delle Vigne de Gênes, tout en marbre et stucs dorés.

La ville elle-même, c’est en segway qu’on choisira de la découvrir. Une façon de rendre la promenade beaucoup plus ludique, juché sur un engin qu’on croirait sorti d’une planche d’Enki Bilal et qu’on aperçoit de temps en temps sur les lieux touristiques de toutes les grandes villes du monde. Ça a deux roues assorties à une espèce de manche à balai planté devant et c’est à peu près tout. C’est impressionnant comme ça, mais en fait c’est très simple, car cela tient tout seul en équilibre. On se penche en avant : ça avance. En arrière, ça s’arrête. Plus en arrière encore : ça recule. Un coup d’épaule sur le côté et ça tourne. C’est enfantin, dix minutes à peine d’apprentissage suffisent pour se familiariser et s’en aller à la découverte, par groupes guidés de six ou huit personnes, d’une cité escarpée tout en ruelles étroites, très sombres. Un labyrinthe renfermant une foultitude de palais et d’églises…

La cité fut, du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, l’une des plus riches d’Italie et il en reste assurément quelque chose. Le segway, béni soit-il, permet d’en découvrir l’essentiel sans la moindre fatigue. Et heureusement, car le long de trois rues principales regroupées sous le nom “Strade Nuove” et sur un espace somme toute assez réduit, s’alignent pas moins de 80 palais Renaissance ou baroques, le tout évidemment classé au Patrimoine mondial. Certains se visitent, dont le palazzo Rosso, le palazzo Bianco et le Palazzo Tursi. Des chefs-d’oeuvre d’architecture présentant, outre des appartements et leur mobilier, des pièces maîtresses de l’histoire de la peinture. Pêle-mêle : Le Tintoret, Véronèse, Van Dyck, Caravage, Rubens, Canova…

Tant qu’à faire, on prendra le temps de s’arrêter dans une boulangerie-pâtisserie sans âge et d’y déguster son premier ristretto italien, café hyper serré, que l’on accompagnera de focaccia, une sorte de pâte à pain et version italienne de la fougasse, spécialité génoise. Et comme on a le temps – l’escale, comme toutes les escales d’ailleurs, dure une journée complète –, on apprendra peut-être à confectionner un vrai pesto tel qu’il fut créé ici, des cours étant donnés dans le palazzo Spinola. C’est donc enchanté par cette première escale, et après avoir rendu à regret le fameux segway, que l’on regagnera le navire en fin d’après-midi, profitant une dernière fois de l’animation de ce port exceptionnel redessiné par l’un des plus grands architectes du tournant du XXe siècle.

Après-midi mousse pendant la croisière

À bord, l’ambiance est à son comble. Les nouveaux venus viennent d’embarquer, découvrant à leur tour leur hôtel flottant. Et comme ils sont majoritairement italiens, ils ont tendance à pousser très fort les décibels. Au bord de la grande piscine paysagée, c’est musique techno et après-midi mousse. Comme dans les boîtes d’Ibiza. La jeunesse en bikini – les Italiens, filles et garçons, adorent le bikini réduit au maximum – se déchaîne bras en l’air, tandis que sur scène, micro en main, l’ambianceur court et saute, gesticulant et piquant des doigts façon rappeur new-yorkais. Les bars – il y en a partout – servent force cocktails, avec ou sans alcool, que l’on accompagne de gigantesques coupes de fruits, voire de beaucoup moins chics burgers frites.

Pour sa part, à l’avant du bateau, une partie des étages 16 à 18 du yacht-club est réservée à la clientèle corporate. C’est-à-dire 95 suites avec conciergerie, lounge, bar, restaurant, piscine et solarium, inaccessibles aux autres passagers sans pass. L’ambiance du yacht-club est donc nettement plus feutrée, plus élégante, plus policée. Dès 18 h, les alcools se prennent ici en robes de cocktail et nœuds papillon ; jusqu’aux garçons à servir en queue de pie. D’ailleurs, le Meraviglia le soir est partout plutôt habillé, chacun selon son âge et ses goûts. Dans les restaurants tout d’abord, et surtout dans les nombreuses soirées à bord.

Ce soir, après un concert classique donné au pied du grand escalier à double volée –  un déluge de cristal signé Swarovski –, on assiste à une parade acrobatique du Cirque du Soleil avant de déambuler dans la galerie riche d’animations, mais aussi de promotions sur les sacs à main ou sur les parfums de grandes marques le tout accompagné de musique et de danse pour les ados… Bref, une version marine des promenades sur la rambla à l’Espagnole ou de la passeggiata italienne.

Le plafond de la galerie, couvert d’ampoules led sur 480 m², change sans cesse le décor qui va des voûtes d’une cathédrale gothique aux fresques de la chapelle Sixtine ou au ciel ponctué de quelques nuages blancs. À l’une de ses extrémités, c’est carrément Las Vegas au casino Imperiale, vrai casino fait comme il se doit de néons criards, de machines à sous, de tables de roulettes américaines ou bien encore de black jack… La mer n’existe plus. Et elle existera encore moins, lorsque plus tard dans la soirée, des portes qu’on n’avait pas encore aperçues au fond de la salle de jeux s’ouvriront sur une autre salle, de spectacle celle-là, et de 400 places. Au programme, rien de moins que la magie du Cirque du Soleil qui a monté tout exprès pour le bateau deux spectacles totalement différents, Sonor et Viaggio. Une véritable performance lorsqu’on connaît les contraintes inhérentes à un navire.

Le verbe haut des napolitains

Le lendemain, vers 9 h 30, c’est l’entrée sublime dans la baie de Naples, la colline du Vomero, le château Saint Elmo et la chartreuse Saint-Martin. Sur tribord : le Vésuve. À 11 h 30, les passagers débarquent et partent en excursion, qui en direction de Naples, qui pour Pompéi. C’est obligatoirement au choix, car même si les portes du navire ne ferment qu’à 19 h, on ne saurait en aucun cas élire les deux destinations en une seule après-midi d’escale.

Naples, alors. Naples et son cœur historique unique, compact, terriblement riche de palais et d’églises. Un Naples tel que le montrent les films, comme on l’imaginait donc, mais que malheureusement, pressé par le temps, on ne fait qu’effleurer en groupe derrière un guide cavalant à travers la ville. Alors, on effleurera le palazzo Reale, on parcourra la galerie Umberto I et on entrapercevra le Théâtre San Carlo, temple de l’opéra édifié en 1737 sur le souhait de Charles de Bourbon. Une pause s’imposera alors au Caffe Gambrinus (1860), l’une des plus anciennes et des plus célèbres institutions de Naples. Son café est un vrai bonheur, ses glaces aussi, mais c’est surtout l’occasion de goûter à la fameuse sfogliatella napolitaine, délicieuse pâtisserie en pâte feuilletée.

  • A Naples, la galerie Umberto I, au décor Belle Epoque très inspiré de celle de Milan

On dit que les Napolitains ont le verbe haut : c’est vrai ! On dit que la ville est grouillante et surpeuplée : c’est vrai ! On dit aussi que les Napolitains ont une conception très personnelle de la conduite automobile, et c’est encore vrai ! On s’en apercevra sur la route menant à la Spaccanapoli, longue artère piétonne qui suit l’ancienne voie grecque et coupe littéralement Naples en deux. C’est tout à fait rectiligne et assez étroit ; cela donne en tout cas une idée du Naples populaire tel qu’il fut, avec linge aux fenêtres et marmaille s’égayant dans les rues. Aujourd’hui, les touristes et les marchands qui vont avec ont envahi le lieu. Encore que… L’une des ruelles coupant la rue à angle droit, la Via San Gregorio, a la particularité – sans doute unique au monde – d’être spécialisée 12 mois sur 12 dans l’art de la crèche et du santon. Cela donne des habitacles totalement surréalistes, loin de la grotte de Bethléem et peuplés de petits personnages animés représentant à peu près tous les corps de métiers : pizzaiolo, barbier, fleuriste, marchand de vin, vendeur de vespa.

C’est très amusant, et sans doute aussi l’occasion de faire un marché de Noël, avant ou après l’heure, tout à fait inattendu. Tout de même, avant de rejoindre l’animation du bateau, on n’échappera pas à une dégustation de pizza, Margherita comme il se doit, qui fut créée ici en l’honneur de Marguerite de Savoie, les tomates, mozzarella et basilic évoquant les couleurs du drapeau italien. Pas grave pour les calories, car ce soir on dînera japonais à l’excellent restaurant Kaito Teppanyaki du bateau, haut perché sur des chaises-tabourets réparties autour de quatre grills géants où quatre cuisiniers font leur show. Succès assuré en bonus d’une cuisine asiatique raffinée. Après le dîner, branle-bas de combat dans les cabines, car préparation générale pour une soirée blanche sur le modèle de celles autrefois données par Eddy Barclay, tous les étés pour la jet set de Saint-Tropez.

Taormina, le romantisme à l’italienne

C’est en Sicile, à Messine que l’on débarquera le lendemain matin. A priori, c’est curieux de la part de MSC d’avoir choisi Messine pour escale, car, excepté le centre et le charmant quartier du Duomo, il ne reste pas grand-chose de la fabuleuse cité décrite par Cicéron, mais presque entièrement détruite au XVIIIe siècle par un séisme, suivi d’un tsunami. Encore que… les amateurs de peinture seront comblés avec deux tableaux du Caravage exposés au museo regionale, L’Adoration des bergers et La Résurrection de Lazare, exécutés par le génie-mauvais garçon lors de son séjour à Messine, au début du XVIIe siècle. Ils font écho à trois chefs-d’oeuvre, dont le remarquable Polyptyque de Saint-Grégoire d’Antonello da Massina. Après cette visite incontournable, on se dirigera tout naturellement vers le must des destinations de la gentry romantique du XIXe siècle, à une cinquantaine de km de Messine : Taormina.

On comprend mieux le choix de l’escale de Messine. Le site est sublime, tout accroché qu’il est à une paroi surplombant l’une des plus belles baies d’Italie. En prime et en toile de fond, l’Etna. C’est bleu vacances, bourré de ruelles fleuries et d’escaliers où l’on a oublié quelques grosses poteries ; avec partout des palais, de grosses maisons bourgeoises, des jardins plantés par une lady, Florence Trevelyan, installée ici en 1884 et, bien sûr, des églises. Un théâtre grec couronne l’ensemble, un lieu magique où se donnent les festivals d’été, ainsi que des concerts de rock stars. La scène artistique, littéraire surtout, raffolait de Taormina au XIXe siècle. Elle l’attire toujours autant, quelques célébrités y ayant leur maison de vacances. Ce sera donc une parenthèse paresseuse que cet après-midi-là, à musarder dans les boutiques de mode ou aux terrasses des cafés, voire carrément sur une plage.

La mer y est si belle qu’on traînera un peu des pieds pour regagner le bateau. Qu’à cela ne tienne, ce soir c’est la soirée du capitaine sur le pont 6. Les dames se sont donc mises sur leur 31, les messieurs aussi. Le maître à bord, Raffaele Pontecorvo, ne se fait prier pour se faire photographier en compagnie des passagers, un studio photo ayant été prévu pour cela. Ensuite ce sera karaoké, discothèque ou, beaucoup plus glamour, soirée Années folles.

Les jardins suspendus de La Valette

Lentement, très lentement, le bateau fait son entrée dans l’un des plus beaux ports du monde, celui de La Valette, à Malte, au décor inchangé depuis des siècles. La mer, comme prisonnière, est formidablement enserrée par des murs de défense, bordée de tours et de tourelles, avec, tout au-dessus, des jardins suspendus et des palais qu’on devine somptueux. C’est presque comme si le géant des mers accostait en pleine ville. Depuis le quai, on peut d’ailleurs directement atteindre l’ancienne cité via un ascenseur fort bienvenu. C’est riche, La Valette. Riche d’histoire – de Phéniciens, de Grecs, de Carthaginois, de Romains, de musulmans, de pirates esclavagistes, d’Angevins et d’Espagnols –, riche d’art et de culture aussi. Mais surtout, il y a les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean qui débarquèrent ici en 1530 et construisirent le Palais du Grand Maître, ainsi que les “auberges”, vastes maisons où se regroupaient les chevaliers. Les artistes ne tardèrent pas à les suivre, les chevaliers s’étant faits mécènes au fil du temps. Caravage, encore lui, y séjourna un temps sous la protection du Grand Maître pour échapper une condamnation à mort à Rome. Il y peignit cinq toiles, dont son plus beau tableau, la sublime Décollation de Saint-Jean-Baptiste, conservée dans la cathédrale. Cette co-cathédrale Saint-Jean, point d’orgue d’une visite à La Valette, est un chef d’oeuvre de l’art baroque, dissimulé derrière une façade plutôt austère.

À l’intérieur, ce ne sont que dorures, sculptures, peintures et marbres… Mais ce sont surtout les somptueuses décorations du pavement qui impressionnent. On ne voit qu’elles. En fait, il s’agit de 369 pierres tombales de marbre polychrome brillant à l’extrême. Au menu de la demi-journée d’escale, figure aussi le Palais du Grand Maître, ses cours intérieures et ses pièces décorées grand luxe, mais surtout l’armurerie, exposant l’une des plus riches collections d’Europe. Pour le reste, on se perdra volontiers dans cette capitale-musée au charme fou, grimpant ses ruelles surplombées de balcons fermés comme autant de moucharabiehs, longeant les très hauts murs de quelques palais. On marche à La Valette, et beaucoup. Du coup, ce soir on sera sage et il se pourrait bien qu’on laisse de côté la “tropical party” pour assister, bien assis, à l’un des spectacles donnés au Broadway Theatre. C’est pas grave, demain, la totalité de la journée se passera en mer, en direction de Barcelone.

  • Bâtie sur une étroite péninsule entourée par la mer, La Valette offre un ensemble urbain pratiquement inchangé depuis le XVIIe siècle, concentrant sur une surface infime 320 monuments classés.
  • À La Valette, sur l’île de Malte, le palais du Grand Maître possède une des plus belles collections d’armes et armures au monde.

Comme toujours, la journée commence tôt le matin. Le ciel de la galerie de leds est bleu azur. Sur le pont 16, c’est stretching, suivi un peu plus tard d’un cours d’aérobic. Autour des piscines, les garçons de bain préparent des centaines de transats qui, l’après-midi, transformeront le bateau en station balnéaire. Mais surtout, cette journée de navigation permettra d’explorer le navire et de découvrir, il n’est jamais trop tard, toutes les activités qu’il propose.

C’est proprement hallucinant. Côté animations, cela donne entre autres et au fil de la journée : tournoi de baby-foot, démonstration de fabrication de mozzarella, création de cocktails, leçons de danse country, rumba et cha cha cha, dégustation de vins italiens, tournoi de football et de ping-pong, bingo… C’est beaucoup, surtout si l’on ajoute à cela un tour dans l’immense salle de sport ou mieux, une séance de massage, manucure ou pédicure au spa balinais. Sans compter, les deux simulateurs de formule 1, le bowling ou encore l’Aqua Park et ses quatre gigantesques toboggans. Le lendemain, Barcelone clôturera en méga urbanité cette exceptionnelle découverte de la Méditerranée occidentale.

Barcelone, Gaudi et Picasso

C’est grand, Barcelone. C’est tellement vivant, unique, catalan dans toute son âme, avec une culture si marquée qu’on peinera à élire une excursion plutôt qu’une autre. On aura le choix entre le Barri Gotic, quartier historique à proximité du port, une découverte de l’architecture moderniste avec, en apothéose, la Sagrada Familia de Gaudi, des visites des trois grandes institutions d’art moderne que sont le Musée Picasso, la fondation Miro et la Fondation Antoni Tapies ou tout simplement flâner sur les ramblas, dévaliser les magasins proposant des marques espagnoles à de prix défiant toute concurrence et s’arrêter à l’un des innombrables comptoirs des bars à tapas fleurissants dans le marché couvert historique de la Boqueria. Un feu d’artifice de saveurs méditerranéennes. Ce seront les dernières, car demain débarquement à Marseille, TGV et Paris trois heures après. De son côté, le MSC Meraviglia remettra le cap sur Gênes pour un tour identique, avant un autre, et encore un autre. De grands ronds dans l’eau en quelque sorte.

  • Pour terminer ce “Best of” d’architectures classées à l’Unesco, la Sagrada Familia de Barcelone