Garuda Indonesia flirte avec la faillite

La compagnie nationale Garuda Indonesia, partenaire d'Air France-KLM au sein de l'alliance Skyteam, se débat dans les difficultés financières. On parle même d'une possible mise en faillite si la compagnie n'arrive pas à faire face à ses échéances envers ses créditeurs.
Garuda sur l'aéroport de Jakarta en 2019 (Photo: LC)

A la fin de la semaine dernière, le transporteur national Garuda Indonesia a déclaré devoir une nouvelle fois différé le paiement d’un « sukuk » de 500 millions de dollars (un sukuk étant une obligation conforme aux règles islamiques et exempt d’intérêts). Garuda Indonesia explique faire défaut car elle continue d’être fortement affectée par la pandémie de coronavirus.

Une troisième vague de coronavirus touche en effet l’Indonésie. Et elle s’avère plus virulente que les deux vagues précédentes. Entre le 1er mai et le 22 juin, le nombre de cas positifs est passé de 1,67 à 2,20 millions tandis que l’on a recensé plus de 10 000 décès supplémentaires. L’Indonésie est aujourd’hui le pays le plus affecté par le Covid-19 en Asie du Sud-Est.

une étape difficile et inévitable

Les finances du transporteur national indonésien sont donc toujours fortement affectées. « Dans ces circonstances, et afin de s’assurer que la compagnie émerge de la pandémie en tant que compagnie aérienne forte et saine, la compagnie a conclu aujourd’hui à contrecœur qu’elle devait continuer à différer les paiements« , explique un communiqué.

Irfan Setiaputra, directeur général de Garuda, a déclaré que la décision de reporter les paiements était « une étape difficile et inévitable » alors que la compagnie se concentre sur l’amélioration de ses performances. Sur les neuf mois de 2020, la compagnie a ainsi affiché des pertes de 1,1 milliard de dollars. On estime que la dette du transporteur flirte désormais avec les cinq milliards de dollars. Chaque mois ponctionne en moyenne Garuda de 69 millions de dollars. Principale raison: la location de ses appareils.

Une future Garuda réduite de moitié ?  

Au plus fort de son activité, le transporteur indonésien opérait avec une flotte de 142 appareils. En début d’année, ce chiffre était tombé à 124. Mais plus d’une centaine de ces avions n’appartiennent pas à Garuda car exploités en leasing.

Dans le contexte de crise, seuls 53 appareils sont actuellement en service. Ils servent une trentaine de lignes domestiques et une douzaine de villes à l’étranger, dont Amsterdam en Europe.

Le réseau international va d’ailleurs être encore réduit en juillet. Selon Irfan Setiaputra, “il est impossible d’être profitable dans les conditions actuelles« . La compagnie envisage donc de suspendre ses lignes sur Melbourne, Perth et Osaka. Et de réduire ses fréquences sur Amsterdam, Kuala Lumpur, Singapour et Sydney.

La compagnie cherche donc à retourner ses avions à ses bailleurs pour juguler ses pertes. Dans un rapport interne, la direction de Garuda estime que ses besoins en flotte ne devrait pas excéder à l’avenir 70 appareils – soit la moitié de sa taille d’avant crise. Si elle continue d’exister…

Garuda cherche maintenant à obtenir une suspension du paiement des dettes envers les créanciers et les bailleurs dans le cadre d’un « accord de statu quo » afin d’éviter la faillite. La solution était ouvertement évoquée par le gouvernement indonésien – actionnaire à plus de 60% de la compagnie. Mais elle fait face depuis à l’opposition véhémente du parlement et des politiciens locaux. Car la disparition de Garuda serait en effet une catastrophe pour l’ego (et souvent le portefeuille) des politiciens.