
Quel est le positionnement de OfficeRiders sur le segment du MICE ?
Florian Delifer – OfficeRiders a débuté en 2016 avec la première version du site. Mon approche a été assez instinctive, quand je me suis rendu compte qu’il y avait un gâchis d’espace dans les grandes villes. Il y a beaucoup d’appartements, de lofts qui sont sous-utilisés en journée pendant la semaine et qui peuvent être utiles pour les professionnels : des entrepreneurs, des start-up ou des entreprises plus grandes, pour des usages de courte durée, pour se réunir, interagir, en étant dans le monde réel plutôt qu’en télétravail. C’est dans cette optique que j’ai créé OfficeRiders. Nous nous sommes intéressés non pas aux bureaux mais plutôt à tous ces espaces uniques, singuliers, qui vont être d’autant plus pertinents dans un contexte où les professionnels ont besoin d’un contexte humanisé quand ils se retrouvent en présentiel.
Qui sont les hôtes OfficeRiders ?
Florian Delifer – Il y a environ deux tiers de particuliers et un tiers de professionnels, souvent des ateliers, des galeries d’art… Mais on ne retrouve pas le bureau classique, traditionnel, sur le modèle de la salle de réunions dans une tour à la Défense par exemple. Nous nous intéressons à tous types de surfaces, à condition qu’elles soient fortement humanisées, avec une forte personnalité. Et il y a aussi généralement un hôte derrière, qui va créer une touche d’authenticité.
Pourquoi fermer la porte aux espaces de réunions plus classiques ?
Florian Delifer – Si l’on commence à distribuer des salles de réunion d’un hôtel de chaîne, cela va se retrouver en concurrence avec une offre que nous avons réussi à révéler grâce à un business model innovant. Pour autant, nous comptons dans notre catalogue des hôtels, mais ce sont des boutique hôtels indépendants, et quelques acteurs du coworking qui se distinguent. Nous avons une position forte parce que nous donnons accès à des espaces originaux. Il existe bien sûr des salles de réunions pratiques et esthétiques dans les hôtels, mais nous prônons une diversité et une authenticité qui font que l’on retrouve une expérience différente à chaque fois, des espaces plus grands et moins chers.
Qui sont les riders, ces professionnels qui réservent les espaces ?
Florian Delifer – On parle beaucoup aux start-up, mais pas uniquement. Les PME et les grands groupes passent par nous pour leurs séminaires, leurs réunions d’équipes. Nous avons déjà travaillé avec tout le Cac 40. Nous avions un positionnement de niche avant le Covid, et aujourd’hui le phénomène s’est étendu, et on compte parmi nos clients LVMH, L’Oréal…
N’y a-t-il pas un frein chez ces entreprises à l’idée de passer par un particulier pour le meeting & events ?
Florian Delifer – Quand on a créé OffieRiders, le sentiment des entreprises vis-à-vis des particuliers n’était pas forcément positif. Il pouvait y avoir des réticences vis-à-vis de la couche servicielle qui serait délivrée. Aujourd’hui, les retours parlent d’eux-mêmes : les meilleurs avis concernent des espaces de particuliers. Les hôtes mettent souvent plus de cœur, il y a plus d’authenticité, et ces expériences sont très appréciées des entreprises.
Couvrez-vous aussi le volet événementiel, avec des espaces affichant une capacité suffisamment conséquente ?
Florian Delifer – On ne dépasse pas les 80 ou 100 personnes. Notre cœur de cible, c’est un format réunissant entre 3 et 30 personnes.
Couvrez-vous les activités annexes, comme la restauration par exemple ?
Florian Delifer – Nous le faisons à travers nos hôtes, qui peuvent proposer du service. Moi le premier car je suis un hôte sur le site ! Je propose des boissons chaudes, le petit déjeuner… Et nous avons des partenaires qui peuvent proposer leurs déjeuners, leurs cocktails dînatoires, leur service de chef… Une réservation OfficeRiders garantit déjà des essentiels, comme le wifi, l’écran pour projeter, le paperboard, les boissons chaudes. Et d’autres couches servicielles peuvent s’ajouter.
Comment a évolué la demande depuis la reprise ?
Florian Delifer – En 2022, nous étions sur un niveau d’activité quatre fois supérieurs à ce que l’on avait en 2019, avant le Covid. Bien sûr, l’impact sur le court terme a été négatif pendant la crise, mais la reprise a été exponentielle à partir de 2022. On le voit au niveau des cibles, des entreprises auxquelles on s’adresse : la demande s’est vraiment étendue car les entreprises réorganisent le travail, et les tiers lieux sont de plus en plus considérés. La crise a fait réaliser aux entreprises que certaines choses pouvaient être faites à distance, qu’il n’était pas forcément utile de faire déplacer tous les salariés quotidiennement pour venir sur leur bureau centralisé, avec du temps perdu dans les transports… Les lignes ont bougé, et cela nous a permis d’apparaître comme une solution pertinente, et non plus comme un “Ovni”.

La demande a-t-elle aussi évolué dans les habitudes de réservation, les usages ?
Florian Delifer – Il y a de plus en plus de récurrence, des entreprises qui vont réserver quatre dates sur quatre semaines. On s’éloigne du réflexe « évènementiel », pour s’approcher de quelque chose qui remplace de plus en plus le bureau. C’est là que réside une énorme opportunité pour nous : des budgets qui ne sont plus placés sur des baux 3-6-9. Les entreprises réduisent la surface de leurs sièges, pour se rabattre sur des solutions comme la notre. L’argent qui n’est plus mis sur le loyer est investi dans le team building et les interactions qualitatives. Il s’agit de se réunir moins, mais mieux.
La demande pour des formats hybrides persiste-t-elle ?
Florian Delifer – Certains partenaires se sont greffés à notre plateforme pour pouvoir proposer des solutions de visio, de streaming, pour organiser des événement phygitaux. Nous avons par exemple un partenariat avec Logitech. C’est un format qui a été beaucoup utilisé pendant la crise, mais on observe un recul maintenant, il y a moins de demande.
Les entreprises se plaignent d’une hausse des prix dans le meeting & events. Avez-vous été aussi été concernés par la tendance ?
Florian Delifer – Les Riders paient 50 à 70% de ce qu’ils paieraient sur des options classiques, comme une salle de réunion dans un centre d’affaires ou dans un hôtel. Et pour autant nos hôtes engrangent trois fois plus d’argent qu’avec une location via Airbnb. Le prix d’entrée dans des espaces classiques se situe souvent à 2000 euros, quand nous avons un panier moyen à 800 euros. Nos riders nous choisissent avant tout pour la qualité des lieux, mais aussi pour des prix raisonnables.
Comment envisagez-vous l’activité pour la rentrée ?
Florian Delifer – La période de septembre à décembre génère une grosse activité. En général, sur le dernier trimestre, on fait quasiment l’équivalent du reste de l’année. On se situe pour l’instant à 50% de croissance, et on espère être à 100 voire 150% de croissance sur les derniers mois de l’année. Nous avons donc de très grosses attentes pour la fin de l’année.
Y a-t-il chez OfficeRiders, comme chez les autres acteurs du marché, un risque d’embouteillages face à de grands événements comme Paris 2024 ?
Florian Delifer – Effectivement. Mais nous avons beaucoup d’offres, en particulier sur l’Ile-de-France. Chaque mois, nous enregistrons plus de 100 nouvelles publications d’espace. Donc il y a un effet mécanique qui pousse les hôtes à être raisonnables sur les prix car il y a une concurrence. L’offre progresse plus vite que la demande sur notre site, ce qui tire plutôt les prix vers le bas.
Que vous inspire la consolidation en cours depuis plusieurs mois chez vos concurrents ?
Florian Delifer – On voit des entreprises échouer, d’autres fusionner, il y a de grosses manœuvres. Mais nous nous appuyons sur une offre assez unique, compétitive. Et on se dit que c’est la raison pour laquelle nous sommes encore là ! Nous allons sortir un nouveau site à la rentrée avec de l’intelligence artificielle, des choses innovantes. On reste donc optimistes, même si effectivement ça se consolide chez des acteurs qui n’ont pas la même authenticité. Nous n’avons certes pas les mêmes moyens que d’autres, ni les mêmes effectifs, mais la différence n’est pas si évidente en termes de chiffres d’affaires. Nous comptons faire notre place sur les cœurs de cible, nous sommes difficilement battables sur les formats de moins de 50 personnes en termes de prix et d’originalité. Nous n’avons pas de problème pour laisser les séminaires résidentiels et les formats plus grands à des acteurs plus importants. On a notre mot à dire sur le marché.