ISO 31030 : une nouvelle norme encadrant la sécurité des voyages

Une première norme, la norme ISO 31030, est spécifiquement dédiée à la gestion des risques liés aux voyages. Son fonctionnement et son intérêt décryptés avec Xavier Carn, d'International SOS.
Cellule de crise d'International SOS, un acteur qui a joué un rôle moteur dans la mise en place de la norme ISO 31030.
Cellule de crise d'International SOS, un acteur qui a joué un rôle moteur dans la mise en place de la norme ISO 31030.

ISO 20121, ISO 14001, ISO 9001: les acteurs du voyage se sont habitués ces derniers temps à voir fleurir des normes éco-responsables dans le secteur MICE. Cette fois, c’est une toute autre forme de responsabilité à laquelle s’attaque la norme ISO 31030, celle du devoir de protection des entreprises. Poussées par la pandémie, tirées par des collaborateurs de plus en plus exigeants vis-à-vis de leur employeur, la sécurité et de la sûreté des déplacements ont pris une ampleur nouvelle, la covid ayant, en quelque sorte, servi de caisse de résonance à ce sujet crucial.

Dérivée de la norme ISO 31000 sur le management du risque, cette norme est la première à se pencher exclusivement sur les déplacements, d’où sa baseline « Gestion des risques liés aux voyages – Recommandations pour les organismes« . Une initiative née de l’impulsion de la British Standards Institution et pour laquelle International SOS a joué un rôle moteur. Regroupant un collège d’une quarantaine d’experts venus d’horizons différents, que ce soit des travel et des risk managers, des directeurs médicaux et de la sécurité, des responsables RH ou encore des associations comme la GBTA et le réseau des directeurs sûreté-sécurité ASIS, ces professionnels ont apporté leurs différentes éclairages pour aboutir à un recueil de bonnes pratiques d’une trentaine de pages.

« La décision de créer un comité pour définir un standard décrivant ce que doit être une politique voyages idéale en matière de sécurité, de sûreté et de santé remonte à trois ans, soit avant la pandémie, explique Xavier Carn, vice-président et Conseiller Sécurité chez International SOS. Mais elle arrive à point nommé, car on voyage aujourd’hui de façon plus raisonnée. » Alors que les voyages d’affaires sont bien engagés sur la voie de la reprise, cette norme parue en fin d’année dernière vient guider les organisations de toutes tailles et de tous types – multinationales ou PME, ONG, écoles organisant des échanges scolaires, voire gouvernements – dans leur approche des risques liés aux voyages. « Tous ont le même devoir de protection, souligne Xavier Carn. Cette norme 31030 n’est pas contraignante et peut être utilisée par n’importe quel type d’organisation, une ONG, une école qui organise des échanges scolaires, une entreprise, un gouvernement.« 

« C’est un outil essentiel pour aider les organisations de toutes sortes à se doter d’un plan réaliste et détaillé couvrant toutes les possibilités et garantissant la sécurité de leurs travailleurs en déplacement« , décrit Kevin Myers, animateur du groupe d’experts qui a élaboré la norme ISO 31030. Le cas – dramatique – échéant, ce cadre de référence permet de montrer à la justice l’implication de l’entreprise à prévenir les risques. Cette norme a surtout pour vocation de porter le sujet non plus au niveau de la direction sûreté-sécurité, mais plus haut dans la hiérarchie, au niveau du comex ou de la présidence, invité à définir clairement quel est le niveau d’aversion au risque de son entreprise. « Une entreprise du luxe dont les collaborateurs se déplacent dans les grandes métropoles n’aura pas une même approche du risque qu’une société pétrolière« , souligne Xavier Carn.

Non contraignante, non certifiante, la norme ISO 31030 sert de canevas pour se poser les bonnes questions et mettre en place les bonnes pratiques en adéquation avec la culture de l’entreprise. Analyse dynamique des risques selon les destinations et les profils de voyageurs – chaque déplacement étant particulier -, mais aussi état des procédures et des circuit d’approbations dans la politique voyage, communication en cas de crise, communication de la politique sécurité concernant les voyages au sein de l’entreprise – ce qui pêche souvent : c’est à une revue de tous les mesures prises en interne qu’invite cette norme.

A travers l’évaluation du degré de maturité de l’approche des entreprises sur ces différents sujets, elle sert aussi d’outil de comparaison, et partant d’amélioration. Agences de voyages, outils de localisation et self booking tools, évaluation de la sécurité des hôtels dans des zones sensibles : le cadre de cette norme ISO déorde aussi aux relations de l’entreprise avec ses partenaires et fournisseurs. Dans ce cadre, la GBTA est d’ailleurs en train de bâtir un référentiel « pour donner aux acheteurs une grille d’évaluation des prestataires selon les fonctionnalités préconisées par la norme ISO », explique Xavier Carn.