Le modèle Airbnb impacté par le virus

Parce qu’Airbnb est une entreprise globale avec des locations dans plus de 100 000 destinations à travers le monde, la crise du coronavirus COVID-19 risque de peser lourd pour son modèle économique. Seul bénéfice pour ceux qui louent un appartement: Les prix sont en chute libre…
Airbnb
A l'image des compagnies aériennes le Covid-19 ne sera pas sans impact sur l'activité et les finances d'Airbnb

Un appartement à Milan près du Corso Buenos Aires pour 30 euros la nuit le 19 mars prochain au lieu d’une centaine d’euros en temps normal, un autre appartement pour 72 euros près de la Grand-Place de Bruxelles aux mêmes dates… Les bonnes affaires se bousculent sur le site de Airbnb. L’effet coronavirus ne se reflète pas seulement sur les prix que les propriétaires proposent mais aussi sur les activités de la plus importante plate-forme de location d’appartements dans le monde (plus de sept millions à ce jour).

Le marché des locations d’appartements à très court terme en économie partagée avait connu une formidable envolée au cours des cinq dernières années. Selon une enquête de la DBS Bank, ce marché représentait en 2018 plus de 50 milliards de dollars en Amérique du Nord, 29 milliards en Europe et 7 milliards de dollars en Asie. La pandémie va lui donner un coup d’arrêt brutal cette année, car le coronavirus est en train de fermer aux voyageurs des dizaines de destinations, provoquant l’effondrement de la demande. Et ajouter des soucis supplémentaires pour Airbnb.

L’entreprise a déjà perdu 322 millions de dollars sur les trois premiers trimestres de 2019, contre un bénéfice de 200 millions de dollars au cours de la même période de l’année précédente, les coûts augmentant plus rapidement que les recettes au cours de son troisième trimestre. Le coronavirus devrait dès lors peser encore plus lourd en 2020 et repousser le calendrier de son introduction en bourse prévue au second trimestre de cette année.

Dès le début février par exemple, Airbnb a officiellement cessé d’offrir sur son site la location d’appartements pour Pékin – une mesure qui a été prolongée jusqu’à fin avril. Si certaines locations apparaissent toujours sur le site du groupe Airbnb, elles sont en fait validées par le gouvernement chinois car elles font partie généralement de résidences hôtelières, ouvertes aux quelques visiteurs se rendant encore dans le pays.

L’Europe devrait aussi enregistrer une forte baisse avec l’expansion du coronavirus, notamment pour les destinations urbaines les plus populaires où la demande d’appartements était aussi fortement dépendante de l’activité congrès et salons. Dans les prochaines semaines, il est peu probable que les propriétaires d’appartements à Barcelone, Düsseldorf – au cœur du Land allemand le plus touché par le coronavirus – Milan, Paris ou Zurich puissent faire de bonnes affaires. Il n’y a pas encore de chiffres sur l’impact mais il est probable que la demande recule d’au moins 30% en général en Europe et de plus de 50% dans les régions les plus affectées comme Milan, Venise ou encore la Rhénanie du Nord-Westphalie… Et autant de rentrées financières en moins également pour Airbnb qui prend une commission de 15% sur les locations auprès du propriétaire. Et s’il y a preneur, la chute des prix se traduit automatiquement par des rentrées moindres.
Airbnb a du ainsi faire montre de flexibilité envers les propriétaires inscrits sur sa plate-forme d’échanges tout comme envers les voyageurs. Comme indiqué sur son site, l’application de partage d’appartements en ligne a adapté sa politique d’annulation, plutôt restrictive en général.

Ainsi, face aux restrictions imposées par les gouvernements dans l’optique de l’épidémie, Airbnb a étendu ce qu’elle appelle sa « politique des circonstances atténuantes » qui permet aux hôtes et aux propriétaires d’appartements de pouvoir annuler sans frais une réservation. Cette politique est régulièrement mise à jour et tient compte des orientations et des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des autorités gouvernementales et sanitaires. L’application publie tous les liens permettant de se tenir informé de l’évolution de la situation sanitaire ainsi que des restrictions qui lui sont liées.
Voici par exemple les règles au 6 mars pour des réservations sur l’Italie. Les voyageurs qui se dirigent vers la Lombardie, la Vénétie et l’Emilie-Romagne et les propriétaires de ces trois régions peuvent faire jouer la clause de « circonstances atténuantes » pour toute réservation effectuée avant ou le 29 février pour des séjours en mars. Les mêmes règles s’appliquent à des voyageurs en provenance des trois régions recensées par Airbnb.  Depuis, cette disposition a été étendue à toute l’Italie suite à la mise en quarantaine de l’ensemble du pays.