Décideurs : Pierre-Frédéric Roulot, CEO de Louvre Hotels Group et Jin Jiang Europe

Développement en Europe et en Asie, repositionnement de Golden Tulip, nouvelles marques : Pierre-Frédéric Roulot, CEO de Louvre Hotels Group et Jin Jiang Europe, dévoile les ambitions du cinquième hôtelier mondial.
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Pierre-Frédéric Roulot, CEO de Louvre Hotels Group et Jin Jiang Europe.

D’année en année, votre groupe ne cesse de s’étoffer. Jusqu’où comptez-vous aller  ?

Pierre-Frédéric Roulot – Nous sommes le cinquième groupe hôtelier mondial, et notre ambition est d’être le numéro trois d’ici deux ans. En 2017, nous avons ouvert près de 1000 établissements dans le monde, dont les deux tiers en Chine où notre groupe compte plusieurs filiales, Plateno côté économique, Vienna sur le segment haut de gamme et Jin Jiang pour les cinq étoiles. Depuis le rachat de Louvre Hotels Group par Jin Jiang International en 2015, les marques Campanile, Golden Tulip et Kyriad sont toutes présentes en Chine et je pense que, d’ici trois à cinq ans, nous devrions avoir 250 hôtels pour chacune de ces enseignes sur ce marché.

Et dans les autres régions du monde ?

P.-F. R. – L’Europe demeure au cœur de nos préoccupations, avec des marchés stratégiques dans lesquels nous souhaitons continuer à nous développer comme l’Allemagne ou la Grande Bretagne. Cependant, une de nos grandes priorités est de poursuivre notre expansion sur la Route de la soie où nous avons implanté près de 200 établissements en à peine trois ans. Pour poursuivre ce projet, nous allons nous renforcer en Russie. Nous sommes aussi le premier hôtelier en Inde depuis le rachat de Sarovar. Nous comptons d’ailleurs profiter des connexions de ce groupe indien en Afrique de l’Est et au Royaume-Uni pour nous développer sur ces marchés. De même, nous nous appuierons sur les relations de Louvre Hotels en Afrique francophone pour y étendre notre empreinte. La marque Golden Tulip, à la fois haut de gamme et affaires, mais aussi avec une composante loisirs, est particulièrement adaptée à ce continent en plein renouveau.

Aujourd’hui, tout le monde dédie des concepts aux millenials. Golden Tulip s’inscrit dans cet esprit, tout en gardant un côté statutaire.

Venons en justement à vos marques. Golden Tulip a connu un sérieux coup de jeune. Pourquoi ce repositionnement ?

P.-F. R. – Aujourd’hui, tout le monde dédie des concepts aux millenials. Golden Tulip s’inscrit dans cet esprit, tout en gardant un côté statutaire. Une fois entrés dans la vie active, les cadres de la génération Y ne veulent pas arriver dans un truc de jeunes. Ils veulent qu’on prenne en compte leur mode de vie et, en même temps, leur nouveau statut. Une reconnaissance qui passe par une belle salle de bains, un grand lit, des restaurants étoilés proposant des menus à prix légers, autour de 35 euros. Ils souhaitent avoir la possibilité de travailler tout en profitant de moments de détente. Chez Golden Tulip, ils peuvent sortir de réunion et partir faire un tour de tandem pour découvrir la ville, par exemple. Ces temps-ci, on perd un peu de vue ces basiques pour aller vers la digitalisation. Mais une appli, c’est deux minutes d’interaction, alors que les clients restent au minimum huit heures chez nous. Dans nos hôtels, la digitalisation se veut douce, toujours en complément de l’interaction humaine.

Et pour la touche plus lifestyle qui plaît aux “millenials” ?

P.-F. R. – Nous avons plusieurs marqueurs qui mettent tout de suite dans une ambiance urbaine et désacralisent l’hôtel, par exemple un personnel en baskets ou un food truck devant l’entrée. Dans les lobbys, nous avons des murs interactifs où trouver les informations culturelles de la ville, mais aussi laisser des messages aux autres clients, par exemple “qui veut partager mon taxi demain matin ?”. En parallèle, les Golden Tulip apportent toujours une touche locale, avec un boulodrome à Marseille sur le toit-terrasse notamment. On a aussi créé des “body care bars” où les clients peuvent se servir en shampoings, en savons et personnaliser leurs séjours avec des produits de beauté adaptés à leurs besoins.

Côté luxe, vous avez récemment repris Hôtels et Préférence. Quelles sont vos ambitions pour cette chaîne volontaire ?

P.-F. R. – J’y crois beaucoup. Jusqu’ici, on me proposait plein de beaux établissements, par exemple un boutique hôtel en plein La Havane ou des lodges en Afrique, de petites pépites que je ne pouvais pas placer sous l’une de nos marques, mais qui correspondent tout à fait à l’offre d’Hôtels et Préférence. Aujourd’hui, cette chaîne compte 150 établissements, un tiers en région parisienne, un tiers en province et un tiers à l’étranger. Je pense qu’on peut multiplier par cinq le nombre de membres.

Un peu à l’image de ce que fait Hôtels & Préférence sur le haut de gamme, vous venez de lancer Kyriad Direct, une nouvelle enseigne destinée à regrouper des hôtels économiques non standardisés. Quelles sont vos ambitions avec cette nouvelle marque ?

P.-F. R. – Avec cette nouvelle marque, nous avons souhaité conquérir un segment où nous n’étions pas encore présents : le deux étoiles. Kyriad Direct vient compléter un portefeuille de marques allant du un au cinq étoiles pour répondre à toutes les attentes de nos clients, mais aussi de nos investisseurs. Chacun pourra trouver chaussure à son pied parmi nos dix marques. Nous avons envisagé le segment deux étoiles comme une véritable opportunité, le marché français étant en demande d’une nouvelle offre économique. Chaque jour, de nombreux hôteliers indépendants mettent la clé sous la porte faute de visibilité et de clientèle, mais également car leurs établissements ne sont plus aux normes. Avec Kyriad Direct, nous allons soutenir ces hôteliers qui pourront s’appuyer sur la puissance de distribution, la notoriété et le savoir-faire d’un groupe du top cinq mondial, sans perdre leur identité, puisque les établissements seront dé-standardisés. Nous avons identifié sur le réseau français 600 établissements susceptibles d’être intéressés par cette nouvelle offre. Nous ambitionnons 100 ouvertures en France dans les 18 prochains mois, tant dans en centre-ville qu’en périphérie.

Quels gages de qualité et d’expérience offriront les Kyriad Direct aux voyageurs d’affaires ?

P.-F. R. – Notre marque Kyriad Direct s’adresse aux voyageurs d’affaires, mais aussi à la clientèle loisirs. Le parti pris de la marque est de proposer le meilleur du confort à prix abordable. Notre gage de qualité est de faire partie du top 5 mondial avec des fondamentaux en termes d’accueil et de services. Chaque séjour chez Kyriad Direct sera également gage d’expérience singulière, puisque différente et non standardisée dans chaque établissement de la marque. Chaque hôtelier proposera les mêmes fondamentaux à ses clients, tout en les surprenant par son authenticité et son identité propre. C’est là toute la richesse de cette nouvelle marque : le meilleur rapport qualité prix pour une expérience toujours différente.

Jin Jiang est très impliqué dans l’hôtellerie de luxe en Chine. Cette expertise peut-elle s’étendre à l’international ?

P.-F. R. – Jin Jiang est en effet propriétaire de près de 160 palaces en Asie, la plupart confiés en gestion à de grands noms tels Waldorf Astoria ou Fairmont. Mais nous voulons créer notre propre univers de luxe en nous appuyant sur trois marques : Kunlun, qui dupliquera à l’international le luxe intemporel de l’hôtel Kunlun à Pékin ; J Tower dans un style plus contemporain et branché, du nom de cette tour à Shanghai – la deuxième plus haute au monde – dans laquelle nous allons ouvrir un hôtel en fin d’année ; et enfin, un projet un peu fou, les Ying Garden, que nous voulons proposer dans les grandes villes asiatiques. Le premier hôtel a ouvert en plein Pékin – un autre sera bientôt achevé à Shanghai – et recrée des palais de familles nobles chinoises comme ils pouvaient l’être il y a cinq siècles, remplis de meubles anciens, le tout dans un parc de 60 hectares agrémenté de lacs où vous allez en bateau de villa en villa. Le Ying Garden a le confort d’un cinq étoiles imprégné d’authenticité et d’histoire. Comme si vous dormiez dans la Cité interdite.

Ses dates clés

Diplômé de l’ESCLCA et d’un Master’s Degree d’HEC Paris.

Avant de rejoindre Louvre Hotels Group, Pierre-Frédéric Roulot a passé 20 ans au sein de McDonald’s où il a occupé des postes stratégiques tels que Deputy Managing Director France et Chief Operating Officer Southern Europe.

  • 2007 : CEO de Louvre Hotels Group.
  • 2015 : nommé également CEO de Jin Jiang Europe.
  • 2017 : nommé à la tête des marques Metropolo par Jin Jiang.