L’Etat à la manœuvre pour relancer les trains de nuit

Après Paris-Lourdes et Paris-Briançon hier et avant Paris-Vienne demain, le gouvernement confirme sa volonté de rouvrir une dizaine de dessertes en train de nuit en France d'ici 2030 et de rouvrir rapidement des dessertes entre Paris et plusieurs capitales européennes.
Départ des premiers trains de nuit Paris-Lourdes et Paris-Briançon de la gare d'Austerlitz. (c) S. Jaladis
Départ des premiers trains de nuit Paris-Lourdes et Paris-Briançon de la gare d'Austerlitz. (c) S. Jaladis

Dimanche soir, malgré un froid humide, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, et Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, ont fait le déplacement en gare d’Austerlitz pour célébrer la relance des trains de nuit avec le premier départ du Paris-Briançon à 20h52 et du Paris-Tarbes-Lourdes une heure plus tard. Le retour de cette offre ferroviaire nocturne par la SNCF a été rendue possible grâce à la dotation de 100 millions d’euros octroyée en 2020 par le gouvernement dans le cadre du Plan France Relance.

Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, a salué la relance des trains de nuit en France. (c) S. Jaladis
Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, a salué la relance des trains de nuit en France. (c) S. Jaladis

La liaison Paris-Nice relancée en mai dernier fut la première à ouvrir la voie et affiche déjà un taux d’occupation de l’ordre de 80%. D’autres lignes devaient suivre, « une dizaine d’ici 2030« , a confirmé le ministre. Et de citer Bordeaux, Rodez et Albi, Bayonne et Saint-Sébastien (en Espagne), Perpignan, Cerbère et Barcelone mais aussi Limoge et Toulouse, Montpellier et Marseille. Le premier ministre Jean Castex a de son côté récemment déclaré tenir à l’ouverture d’un train de nuit Paris-Aurillac qui n’était pas prévue dans le schéma envisagé où l’on notera que la Bretagne fait figure de grande absente.

Des douches à l’arrivée à Paris-Austerlitz pour les passagers de 1ère classe

« C’est un nouveau départ et non un retour en arrière. Les conditions sont aujourd’hui plus favorables aux trains de nuit en raison de l’urgence climatique qui nécessite de réduire l’empreinte carbone des déplacements, de l’ouverture à la concurrence au niveau international, d’une offre de trains rénovés et d’une grille tarifaire simple. Nous avons tout pour réussir« , a pour sa part estimé Jean-Pierre Farandou. Opérant un aller-retour quotidien, ces trains de nuit Intercités affichent ainsi des tarifs à partir de 19€ en siège 2nde inclinables, 29€ en couchette 2nde (six places par compartiment, mais seulement quatre actuellement en raison du Covid) et de 39€ couchette 1ère (quatre places).

Couchette de seconde classe. (c) S. Jaladis
Couchette de seconde classe. (c) S. Jaladis

Pour séduire la clientèle, les trains ont été rénovés et bénéficient d’une nouvelle literie, de couette moelleuse et de WC réaménagés. Sans oublier surtout l’ajout du wifi et d’une prise électrique pour chaque couchette. Enfin, s’inspirant de l’aérien, un salon réservé à l’arrivée aux passagers de 1ère classe a été créé à Paris-Austerlitz à proximité des quais. De quoi séduire la clientèle d’affaires qui veut retrouver un teint de fraicheur en débarquant dans la capitale. Cet espace d’accueil pourrait à terme être accessible aux clients de 2nde classe contre un supplément.

Relier Paris aux grandes capitales européennes

Ce retour en grâce des trains de nuit concerne aussi l’international où plusieurs lignes européennes ont été remises en service ces dernières années. Paris-Vienne sera la prochaine dès demain, mardi 12 décembre, à l’initiative d’ÖBB, les chemins de fer autrichien, en partenariat avec l’allemande DB (un arrêt étant marqué à Munich), la suisse CFF et la SNCF. Jean-Baptiste Djebbari et Jean-Pierre Farandou seront à nouveau réunis pour l’occasion, en gare de Paris-Est cette fois ci.

« Je veux davantage de trains de nuit reliant Paris aux capitales européennes« , a ajouté Jean-Baptiste Djebbari hier soir. Après le Paris-Berlin fin 2023 (via Bruxelles), le ministre étudie la faisabilité de dessertes vers Madrid, Rome, Copenhague voire Stockholm. « Je lancerai début 2022 un appel à manifestation d’intérêt afin d’amorcer ces projets qui ont besoin d’être soutenus le temps de trouver leur public« , a t-il précisé. Et d’évoquer également la possibilité de transversales européennes dont un Zurich-Lyon-Barcelone en 2024 et un Luxembourg-Strasbourg-Barcelone via Metz, Nancy, Montpellier et Perpignan.

Le challenge de trouver 300 voitures à rénover

Concernant cette offre ferroviaire européenne, il entend qu’un saut qualitatif soit opéré avec la mise en service en 2025 ou 2026 de voitures-lits de 1ère classe en complément des traditionnelles voitures-couchettes et sièges inclinables. L’ensemble de ce plan de relance des trains de nuit implique toutefois de trouver « 300 voitures à rénover représentant un investissement d’au moins 800M€ en intégrant les 30 locomotives et deux ateliers« , estime le ministre des Transports.

Six douches à l'arrivée à Paris Austerlitz pour les passagers de 1er classe. (c) S. Jaladis
Six douches à l’arrivée à Paris Austerlitz pour les passagers de 1er classe. (c) S. Jaladis

Cet objectif ne sera pas une mince affaire à atteindre, car nombre de ces voitures sont parties à la ferraille et aucun constructeur n’en produit à l’heure actuelle. En outre, plusieurs compagnies ferroviaires européennes effectuent des recherches similaires afin de restaurer d’autres liaisons de nuit sur le Vieux Continent, n’hésitant pas à aller acquérir des voitures décaties jusqu’au fin fond de la Russie. Pour parvenir à disposer de ces « nouvelles » rames à partir de 2026, Jean-Baptiste Djebbari n’exclut pas de « faire appel à une ou plusieurs compagnies de location privées qui assureront la commande et la gestion des trains comme cela existe en Allemagne et en Grande-Bretagne« . A suivre…