
Depuis la crise du Covid, l’aéroport d’Amsterdam Schiphol semble être en permanence dans l’œil du cyclone, aussi bien en raison des milieux politiques néerlandais que de la direction de l’aéroport. Rien ne semble épargner la plateforme qui pourrait à terme souffrir d’une image largement dégradée.
La réduction autoritaire du nombre de vols par le gouvernement néerlandais à partir de 2024 commence déjà à produire ses premiers effets. De nombreuses compagnies aériennes se voient désormais refuser l’accès à l’aéroport, pourtant un hub majeur sur le continent pour la saison 2024.
En 2022, Schiphol était la 4ème plateforme d’Europe avec 52,5 millions de passagers, derrière Istanbul, Londres Heathrow et Paris CDG. De janvier à septembre 2023, l’aéroport a accueilli 46,5 millions de passagers. Soit une hausse de 17% par rapport à la même période de 2022.
Il est certain qu’Amsterdam connaîtra une évolution moins favorable en 2024. Schiphol doit réduire le nombre de vols autorisés de la limite annuelle actuelle de 500 000 à 460 000 à partir du 31 mars 2024. Cette mesure du gouvernement néerlandais vise à réduire la pollution sonore et les émissions de CO2.
Toutes les compagnies déjà présentes seront concernées, en particulier le transporteur national KLM. Cette dernière estime devoir suspendre pour l’été prochain 17 vols quotidiens. Aucune ligne n’a pour l’instant été annoncée mais la majorité devrait concerner des liaisons sur l’Europe. Il est prévu de transférer également certaines lignes de la filiale low-cost Transavia vers Eindhoven ou Rotterdam.

De nombreuses autres compagnies comme Delta Air Lines ou Air India se voient refuser de nouveaux créneaux. Généralement, les compagnies déjà présentes devront en moyenne réduire de 3,1% le nombre de leurs vols.
Quant aux compagnies aériennes qui n’ont pas de droits « historiques » (c’est à dire une présence de plusieurs années), elles se voient dorénavant refuser l’accès à Schiphol. A l’instar du transporteur américain JetBlue, qui ne pourra donc plus se poser sur l’aéroport car nouvel entrant par rapport à 2023.
La compagnie a déposé une plainte contre les Pays-Bas et l’Union européenne auprès du ministère américain des transports au sujet des projets de réduction du trafic à Schiphol. Elle estime que l’accord de transport aérien entre les États-Unis et l’Union européenne devient en effet caduque. La compagnie a demandé des mesures de rétorsion à l’aviation civile américaine. Comme l’interdiction à KLM de venir se poser à New York-JFK.
Un malheur n’arrivant jamais seul, l’aéroport a dans le même temps annoncé une hausse significative des taxes aéroportuaires. Bien plus importante qu’elle ne devait l’être à l’origine.
En 2024, Schiphol augmentera donc ses redevances aéroportuaires non pas de 12 %, comme prévu, mais de 14,8 %. Une augmentation supplémentaire que la direction de l’aéroport justifie par les pertes de revenus en 2022, en raison des restrictions de voyage dues au Covid. Ce qui devrait se traduire par une augmentation probable des tarifs aériens depuis et via Schiphol. Un contexte qui ne fait pas l’affaire d’Air France-KLM dont le hub d’Amsterdam est un élément clé de sa stratégie mondiale.