Conseils de sécurité

Sans réduire les risques à zéro, un certain nombre de bonnes pratiques évite bien des désagréments en voyage. Des habitudes à prendre qui relèvent souvent du bon sens et de la vigilance.
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© antoniodiaz/Shutterstock.com

« Ca ne peut pas m’arriver, je connais la destination comme ma poche.” Et pourtant… “La population la plus compliquée à gérer, c’est vraiment les vieux routiers du voyage d’affaires, constate Xavier Carn, vice-président Sécurité EMEA d’International SOS. Ils vous disent ’vous n’allez pas m’apprendre ce que je dois faire’, et bizarrement, ce sont eux que l’on devra rapatrier d’urgence, soit parce qu’ils auront été faire du tourisme dans des zones moins sécurisées, soit parce qu’ils auront oublié de prendre de la Malarone contre le paludisme. Si vous souffrez de diabète par exemple, la combinaison des deux peut être extrêmement dangereuse.Grégoire Pinton, chef mondial des services de sécurité des voyageurs de GardaWorld, souligne cette baisse potentielle du degré de vigilance chez les road warriors du voyage d’affaires, “exactement comme les accidents de voiture qui arrivent le plus souvent près du domicile.

Comment, alors, rendre sensibles aux risques tous ces professionnels ayant sillonné l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique Latine de long en large ? Les spécialistes de la sécurité ne voient qu’un seul levier : l’expérience de leurs experts qui, par des exemples de terrain très concrets, sauront se faire écouter, même par les cadres les plus chevronnés. “On met en relation un voyageur et un analyste sûreté qui se rend régulièrement sur place, connaît parfaitement la ville, l’aéroport, la bonne compagnie de taxis, l’incident de rue un peu bête qui peut survenir, décrit Xavier Carn. Le conseil sera basé sur du vécu, pas de la théorie. C’est la seule façon d’avoir un discours qui porte.

Arnaud Kalika, responsable sûreté et intelligence stratégique de la société Meridiam, a sa méthode pour maintenir la vigilance de ses collaborateurs : rendre les formations obligatoires et les intégrer dans des fiches d’objectifs. “Ça change tout, dit-il. S’il y a toujours de l’écoute pour les formations sur l’Afrique, certains voyageurs ont récemment trouvé que j’exagérais les risques encourus au Mexique. C’est pour cela que j’ai fait organiser des rencontres avec d’anciens membres des services américains connaissant très bien le terrain. Leur message était plus audible.” Pour aider les entreprises à contrôler les connaissances de leurs employés, les agences intègrent à leurs outils de réservation des liens vers des informations sur la destination, quand ce ne sont pas des modules de formation à suivre obligatoirement en e-learning, sous peine de bloquer le processus de réservation.

À côté des habitués pétris de certitudes et qui peuvent pécher par excès de confiance, les entreprises doivent composer avec les divers caractères de leurs collaborateurs. Certains, insouciants, voire casse-cou, minimiseront les risques, tandis que d’autres, plus candides, ne verront pas les dangers qui les attendent au coin de la rue. “Bien souvent, un incident survient par méconnaissance des us et coutume,  de la culture du pays, souligne Xavier Carn. Le bon sens aide à se prémunir des risques, à commencer par ne pas être vêtu de façon trop visible ou se renseigner si on peut se rendre seul sur un marché ou s’il faut être escorté.

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Presque évidentes aussi, de simples précautions – ne pas laisser traîner ses affaires, par exemple – peuvent éviter bien des inconvénients. Comme dans la vie de tous les jours en somme, sauf qu’en déplacement à l’autre bout du monde, les problèmes prennent tout de suite une autre tournure. “Imaginez une petite entreprise qui envoie un de ses cadres stars signer des contrats en Chine ou ailleurs, explique Grégoire Pinton, et qui ne peut pas poursuivre son itinéraire, car il s’est fait voler ou a égaré son passeport, son ordinateur. Tout le voyage peut capoter avec des conséquences financières directes et indirectes pour sa société.”

Également sur la liste des inconvénients facilement évitables, celui de se voir refuser l’entrée dans le pays. “Certains voyageurs habitués à aller en Afrique savent que le visa se fait sur place. Or, et c’est déjà arrivé, il arrive que les autorités ne veuillent pas l’accorder. Que fait-on dans ce cas ?, se demande Arnaud Kalika. Dans le même ordre d’idée, l’Éthiopie a un système de e-visas, mais si vous n’avez pas bien fait votre enregistrement sur internet – ce qui peut facilement arriver – et que vous n’avez pas imprimé les deux documents nécessaires à l’entrée, vous ne passerez pas la frontière. Je préconise toujours à mes collaborateurs de demander leur visa en amont du voyage avec l’aide de notre service administratif, ou d’être accompagnés sur place par une personne qui en facilitera la délivrance.”

Selon la Fondation International SOS, la Kingston Business School et Affinity Health at Work, 41 % des sondés indiquent que leur humeur est changeante pendant un déplacement professionnel et près d’un tiers (31 %) ressentent un épuisement émotionnel.

Fort de son expérience, le responsable sûreté et intelligence stratégique de la société Meridiam met en garde contre un autre des péchés capitaux auquel les voyageurs peuvent facilement succomber, outre l’orgueil de se croire à l’abri des risques : la luxure. “Les exemples sont nombreux de personnes qui se sont faites détroussées dans leurs chambres d’hôtel, voire plus, poursuit Arnaud Kalika. Se laisser “tropicaliser” est un grand classique.”  “Ce qui se passe à Las Vegas reste à Vegas” : le slogan de Sin City est mis à mal lorsque survient un incident qui déborde du cadre privé. Or un voyage lointain, l’anonymat offert par les grandes villes, l’envie de profiter d’un moment de liberté hors du quotidien, tout cela mis bout à bout peut être cause d’incident sans une vigilance nécessaire.

Il ressort d’une étude menée par la fondation International SOS, l’université londonienne de Kingston et le groupe Affinity Health at Work qu’un tiers des voyageurs d’affaires internationaux sont plus enclins à avoir des comportements à risques à l’étranger en raison d’une moindre inhibition. Parmi les sondés, 46 % admettaient consommer souvent plus d’alcool lors de leurs déplacements, 35 % sortaient plus facilement dans des bars ou discothèques quand près d’un voyageur sur dix indiquait être susceptible d’avoir des relations sexuelles avec un nouveau partenaire.© Jacob Lund/Shutterstock

Loin des papillonnages potentiels, les trois auteurs de l’étude remarquaient aussi l’impact des déplacements sur la santé du voyageur, avec 45 % connaissant une augmentation du niveau de stress pendant leur périple à l’étranger. “Ce qui peut avoir des conséquences graves. Si le voyageur a une condition cardiaque sous-jacente et doit se déplacer dans des conditions difficiles, avec un agenda très serré, les facteurs de risques augmentent”, souligne Xavier Carn.

Car, il ne faut pas l’oublier, la problématique numéro un des voyages à l’étranger, c’est avant tout la santé des voyageurs. “L’essentiel de notre activité, ce sont des gens qui tombent malades ou se blessent et qu’on doit rapatrier, souligne Suzanne Pahler, directrice des pôles voyages & santé d’Europ Assistance France. Ça peut aller du simple billet de train jusqu’à l’avion sanitaire équipé d’appareils respiratoires.” Avec, aussi, des civières en guise de sièges-lits. Un confort dont les voyageurs d’affaires se passeraient sans doute fort bien.