
Alors que certains ont sorti leur panoplie de temporaire estivant, les professionnels du voyage d’affaires dégainent leurs calculettes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les calculs ne sont pas bons ! Ou du moins, leur résultat, et son impact sur les budgets voyages. Il y a quelques jours, Travelperk chiffrait ainsi l’inflation dans le secteur du business travel entre le premier et le deuxième trimestre. Un porte-parole de la plateforme de gestion évoquait alors « des hausses dues à un certain nombre de facteurs externes avec lesquels tous les secteurs de l’industrie du voyage sont aux prises, notamment l’augmentation du prix du...
Alors que certains ont sorti leur panoplie de temporaire estivant, les professionnels du voyage d’affaires dégainent leurs calculettes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les calculs ne sont pas bons ! Ou du moins, leur résultat, et son impact sur les budgets voyages. Il y a quelques jours, Travelperk chiffrait ainsi l’inflation dans le secteur du business travel entre le premier et le deuxième trimestre. Un porte-parole de la plateforme de gestion évoquait alors « des hausses dues à un certain nombre de facteurs externes avec lesquels tous les secteurs de l’industrie du voyage sont aux prises, notamment l’augmentation du prix du carburant, la pénurie de main-d’œuvre et les perturbations de l’économie mondiale ». Et d’ajouter : « La demande de voyages restant extrêmement élevée, les entreprises et les consommateurs s’empressant de reprendre les rencontres en personne pour le travail et les loisirs après la pandémie, nous nous attendons à ce que les augmentations de coûts que nous observons se poursuivent pour le reste de l’année ». Aujourd’hui, CWT et la GBTA partagent le même constat à l’occasion de la publication du Global Business Travel Forecast 2023 le 10 août. Patrick Andersen, directeur général de CWT, témoigne ainsi : « La demande de voyages d’affaires et de réunions revient en force, cela ne fait absolument aucun doute. Les pénuries de main-d’œuvre dans l’ensemble de l’industrie du voyage et de l’hôtellerie, la hausse des prix des matières premières et une plus grande sensibilisation au voyage responsable ont tous un impact sur les services, mais les prix prévus sont, dans l’ensemble, équivalents à ceux de 2019 », assure le directeur général de la TMC.
La hausse tarifaire ne ferait donc que compenser le recul lié à la crise sanitaire et à la chute de la demande. C’est notamment le cas dans l’aérien, un secteur particulièrement affecté par les fermetures de frontières. Les auteurs du Global Business Travel Forecast pointent ainsi une baisse de 12 % en 2020 par rapport à 2019, puis de 26 % en 2021. En classe affaires, les prix auraient chuté de 33% entre 2019 et 2021, et de 24 % en classe économique. Si les chiffres dévoilés mercredi par CWT et la GBTA peuvent faire peur, les deux partenaires appellent à relativiser la hausse attendue. Les auteurs du rapport indiquent ainsi : « Les prix devraient augmenter de 48,5 % en 2022, mais même avec cette forte hausse, les prix devraient rester en dessous des niveaux pré-pandémiques jusqu’en 2023. Après une hausse de 48,5 % en 2022, les prix devraient augmenter de 8,4 % en 2023 ». Ces augmentations ne devraient pas pour autant faire fuir les professionnels nomades, d’après CWT et la GBTA. « Après deux années de dépenses minimales ou nulles, les voyageurs d’affaires seront probablement prêts à dépenser davantage pour leurs billets » estime le Global Business Travel Forecast.
L’hôtellerie n’échappe pas au phénomène de rattrapage des tarifs après deux années de disette – une baisse de 13,3 % en 2020 puis de 9,5 % en 2021 – mais le constat est plus nuancé. « Les prix des hôtels ont déjà éclipsé les niveaux de 2019 dans certaines régions comme l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique et l’Amérique du Nord et devraient le faire globalement d’ici 2023 », soulignent les auteurs du Global Business Travel Forecast. Néanmoins, ces derniers décrivent un marché européen à plusieurs vitesses, dans lequel la France ne serait pas la destination la plus touchée. « Les tarifs de certaines destinations d’Europe continentale, notamment l’Allemagne et la France, ne dépasseront probablement pas les niveaux de 2019 [en 2022] en raison des retombées économiques de l’invasion de l’Ukraine ».
Autre focus de l’étude : la location de voitures, qui depuis plusieurs mois peut tourner au casse-tête pour les voyageurs d’affaires et les travel managers. CWT et la GBTA soulignent que désormais : « La flambée des prix, la pénurie de véhicules et la nécessité de connaître les émissions carbone de porte à porte incitent les responsables des voyages d’affaires à prendre en compte le transport terrestre dès la planification du voyage ». Plus brève et plus faible que dans les autres secteurs du business travel, la baisse des prix (-2,5% en 2020) a rapidement cédé la place à une hausse généralisée : +5,1 % en 2021, puis 7,3 % en 2022, et 6,8 % d’après les prévisions 2023…
Enfin, le domaine des meetings & events devrait lui aussi voir l’augmentation tarifaire dépasser sensiblement les niveaux pré-pandémiques. Pour CWT et GBTA, les organisateurs doivent même s’attendre à une augmentation de 25% par rapport à 2019. La faute notamment à tous ces événements annulés pendant la crise, qui se bousculent aux portes des infrastructures MICE. « Outre la demande refoulée, les événements d’entreprise sont désormais en concurrence avec de nombreux autres types d’événements qui ont été annulés en 2020. Et, comme de nombreuses entreprises ont renoncé à des bureaux pendant la pandémie en faveur du travail à distance, elles réservent désormais des espaces de réunion lorsque le personnel se réunit en personne, ce qui alimente encore la demande », analysent les auteurs du rapport. Lesquels évoquent en outre des délais d’anticipation réduits en raison d’un contexte (sanitaire, économique, géopolitique…) toujours incertain.
Malgré cette tendance à une plus faible anticipation, le rapport a également tenté d’identifier les principales destinations événementielles pour l’année à venir. Se basant sur les réservations attendues par la division CWT Meetings & Events, il apparaît que Londres (1er) damera le pion à Paris (2e) sur le marché EMEA. New York, Sao Paulo et Singapour s’imposant également dans cet atlas du MICE 2023.