La tendance n’aura échappé à personne en cette période de vacances : le coût des voyages a sensiblement augmenté au cours des derniers mois. Et forcément, les voyageurs d’affaires ne sont pas épargnés par cette inflation généralisée. Néanmoins, si le phénomène est global, tous les travel managers ne sont exposés de la même manière. En fonction des destinations les plus fréquentées par leurs équipes, l’impact de la hausse peut varier considérablement. C’est ce que TravelPerk s’est essayé à chiffrer au travers d’une étude mondiale publiée le 4 août dernier. La plateforme de gestion des voyages d’affaires s’est donc appuyée sur ses propres données de réservations pour dresser un état des lieux de l’inflation dans le secteur de l’aérien, du ferroviaire et de l’hôtellerie. Travelperk a choisi de comparer les tarifs pratiqués dans les 15 principales destinations affaires entre le premier et le deuxième trimestre 2022. Les 15 principales liaisons aériennes et ferroviaires ont également été analysées. Et s’il apparaît que le marché américain est le plus affecté – notamment à l’Est du territoire –, Paris figure parmi les destinations « problématiques » d’un point de vue tarifaire…
Dans l’hôtellerie, Paris figure en effet dans le top 10 des destinations où la hausse tarifaire a été la plus importante (+38%), partageant la cinquième place avec Berlin. New York (+49%), Boston (63%) et surtout Chicago (77%) occupent le podium. A l’inverse, une autre destination affaires européenne de premier plan, Londres en l’occurrence, figure parmi les destinations où l’augmentation est la moins marquée. Celle-ci atteint tout de même 22%… Notons que Singapour se distingue avec seulement 4% de hausse tarifaire constatés par Travelperk.
La Cité-Etat se distingue aussi dans le secteur aérien : elle est l’une des deux seules destinations concernées par une baisse tarifaire d’après Travelperk. En moyenne, le prix d’un vol Londres-Singapour aurait ainsi reculé de 10%. L’axe San Francisco-Londres (décidément) est également épargné (-4%). L’axe New York-Paris a lui vu ses tarifs s’envoler au deuxième trimestre (+62%). Mais c’est bien la ligne New York-San Francisco qui demeure la plus problématique avec une augmentation de près de 100% (96%)…
Dans le secteur ferroviaire, l’étude de Travelperk est logiquement consacrée au marché européen étant donné la densité du réseau en comparaison des Etats-Unis notamment. Et là aussi, Paris a connu des augmentations majeures. La hausse constatée pour les billets Paris-Bordeaux (+30%) et Bordeaux-Paris (+35%) n’a pas échappé aux travel managers français. Tandis que l’axe Paris-Lyon, autre ligne stratégique s’il en est pour les déplacements professionnels – a connu une hausse plus modérée (+7%).
les prestataires constatent une hausse de la demande et cherchent à compenser les revenus perdus pendant la pandémie
« Nos données montrent clairement que, bien que l’Europe ait connu des hausses importantes dans tous les domaines, les augmentations les plus spectaculaires du coût des voyages au cours du premier semestre 2022 ont été enregistrées aux États-Unis », résume JC Taunay-Bucalo, Chief Revenue Officer chez TravelPerk. Lequel pointe du doigt parmi les différents facteurs d’augmentation un effet pervers de la pandémie. Selon lui, certains fournisseurs surferaient sur le « revenge travel » pour engendrer ce que l’on pourrait ironiquement qualifier de « revenge revenue »… « Ces hausses sont dues à un certain nombre de facteurs externes avec lesquels tous les secteurs de l’industrie du voyage sont aux prises, notamment l’augmentation du prix du carburant, la pénurie de main-d’œuvre et les perturbations de l’économie mondiale. Toutefois, il est également vrai que les prestataires constatent une hausse de la demande et cherchent à compenser les revenus perdus pendant la pandémie ». En outre, à en croire JC Taunay-Bucalo, les entreprises ne doivent pas miser sur une désescalade au cours des prochaines semaines. Il prévient ainsi : « La demande de voyages restant extrêmement élevée, les entreprises et les consommateurs s’empressant de reprendre les rencontres en personne pour le travail et les loisirs après la pandémie, nous nous attendons à ce que les augmentations de coûts que nous observons se poursuivent pour le reste de l’année »…