
Le Ministre des Transports Clément Beaune a indiqué dans le quotidien Le Parisien mener la réflexion sur une régulation des jets privés dans un souci d’équité financier. « Il existe des motifs d’urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le Président de la République nécessite que tout le monde fasse des efforts », justifie-t-il.
Gouvernement : réguler ou fortement limiter ?
Clément Beaune évoque ainsi plusieurs pistes. Telles que demander aux utilisateurs de limiter leurs voyages, notamment sur les court-courriers. D’obliger...
Le Ministre des Transports Clément Beaune a indiqué dans le quotidien Le Parisien mener la réflexion sur une régulation des jets privés dans un souci d’équité financier. « Il existe des motifs d’urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le Président de la République nécessite que tout le monde fasse des efforts », justifie-t-il.
Gouvernement : réguler ou fortement limiter ?
Clément Beaune évoque ainsi plusieurs pistes. Telles que demander aux utilisateurs de limiter leurs voyages, notamment sur les court-courriers. D’obliger les utilisateurs à publier leurs itinéraires. Ou, plus radical, taxer fortement ces trajets. Le ministre a cité des exemples de vols de confort utilisant des jets privés sur des liaisons de type Paris-Bruxelles ou Paris-Genève. Là où, de fait, l’offre de trains et d’avions de ligne est importante.
« Cela devient le symbole d’un effort à deux vitesses », ajoutait encore le ministre dans le quotidien. Il a cependant précisé qu’il n’était pas question d’interdire l’usage du jet privé en France – contrairement à certaines rumeurs. Clément Beaune a ainsi souligné l’importance économique de cette activité aérienne. Il souhaiterait plutôt une législation au niveau européen.
Selon une enquête du lobby européen Transport & Environment pour des transports propres, l’aviation d’affaires représente de 15% à 20% du volume des voyages aériens. Mais générerait une empreinte carbone de 5 à 15 fois plus élevée par passager que sur un vol commercial. Soit, selon le lobby, environ 154 millions de tonnes de CO2.
En mai, Transport & Environment a révélé dans un classement que les géants de l’économie mondiale française n’en font toujours pas assez pour réduire leurs émissions liées aux voyages d’affaires.
Les entreprises françaises et la limitation des vols d’affaires selon Transport & Environment
Ce classement, lancé dans le cadre de la campagne de Transport & Environment « Travel Smart », note 230 sociétés américaines et européennes. Le lobby s’est basé sur 9 indicateurs liés aux objectifs de réduction des émissions, aux rapports émis et aux émissions liées au transport aérien.
L’analyse comprend 21 entreprises françaises. L’étude met en lumière les efforts significatifs que certaines sociétés doivent encore mettre en œuvre pour réduire leurs émissions liées aux voyages d’affaires. Ainsi, 16 entreprises françaises ne remplissent pas assez de critères et sont à la traîne sur le plan des objectifs ou des rapports liés aux vols d’affaires.
Si Renault, L’Oréal et LVMH ont effectivement des objectifs de réduction des émissions importants, ces sociétés ne se sont pas engagées à réduire leurs émissions liées aux vols d’affaires. Certains autres grands noms français, tels que Engie, Servier, Publicis et La Française des Jeux affichent les plus mauvais scores du classement. L’étude démontre qu’elles ne feraient aucun effort particulier pour réduire les émissions liées aux voyages d’affaires, ni pour communiquer leurs émissions liées aux vols d’affaires.

Denise Auclair, corporate travel campaign manager chez T&E, a déclaré : « La pandémie a prouvé que les sociétés peuvent être tout aussi efficaces en empruntant moins l’avion et en réduisant en même temps leurs émissions. Si certaines sociétés en France montrent que réduire les émissions liées au transport commercial aérien est possible, d’autres sociétés telles que LVMH et Renault sont à la traîne. Réduire les voyages d’affaires est économiquement pertinent pour les sociétés et cela protège en outre le bien-être des employés.»
Des efforts au niveau mondial
Sur les 230 sociétés mondiales du classement, 193 ne semblent guère pressées à réduire les émissions liées aux voyages d’affaires. Des sociétés telles que Google, Facebook et Microsoft figurent parmi les plus mal notées et doivent accélérer leur transition vers des déplacements plus intelligents, indique T&E.
Selon l’étude, une société affichant un score de A a pris un engagement de réduction absolue pour les voyages en avion, certaines d’entre elles ont même un objectif de réduction de 50 % ou plus d’ici 2025. Ces sociétés révèlent également leurs émissions liées aux voyages d’affaires ou au transport aérien depuis plus d’un an. Seules 8 sociétés sur 230 -soit 3 % du total- atteignent ce score.
À travers sa campagne, Transport & Environment demande aux sociétés:
- De s’engager publiquement à une réduction des vols d’au moins 50 % par rapport à 2019 d’ici 2025 au plus tard ;
- De mettre en œuvre des réductions de vols et de choisir d’autres modes de connectivité et de transport ;
- De communiquer des rapports quant à l’évolution de leurs efforts de réduction des émissions.
Le Ministère des Transports devrait éclaircir ses propositions de régulation en France à l’automne. Le gouvernement Borne pourrait être confronté au parlement à une proposition de loi radicale. Julien Bayou, coprésident du groupe écologiste EELV à l’Assemblée nationale expliquait dans les media déposer « à l’automne » une proposition de loi pour interdire les jets privés mais aussi les yachts…