Fin janvier, le lancement raté de l’application SNCF Connect a clairement fait les affaires de son challenger, Trainline. Durant les trois semaines qui ont suivi ce basculement laborieux, la plateforme indépendante de réservation a en effet enregistré une forte croissance du nombre de ses clients et de 50% de ses ventes de billets TGV Inoui et Ouigo. Présente aujourd’hui dans 45 pays, l’ex start-up Captain Train, rachetée en 2016 par son homologue britannique, a fait du chemin depuis, proposant la vente de 80 compagnies ferroviaires et 190 lignes de bus, le tout en 14 langues. De quoi lui permettre d’atteindre un chiffre d’affaires annuel de 3 milliards d’euros – dont 2,5 Md€ réalisés sur le sol britannique – lors de son dernier exercice clos fin février.
Encore impacté par les soubresauts de la pandémie de Covid sur ses différents marchés, ce résultat représente un retour à 90 % de l’activité d’avant la pandémie pour le loisir, mais de seulement de 30 % pour le marché « pro ». « Le segment affaires a toutefois repris des couleurs depuis début 2022, porté par le fait que les entreprises recherchent des solutions efficaces et opérationnelles pour réserver le train, mode de transport plébiscité au niveau européen au sortir de la crise sanitaire« , estime Christopher Michau, directeur Carrier and Supply Europe de Trainline.
Multiplier les fonctionnalités pour améliorer l’expérience voyage
Depuis 2015, le distributeur propose son outil Trainline for Business à ses clients corporate, des grandes comptes aux petites entreprises en passant par les cabinets indépendants, les administrations publiques et associations… Aucun chiffre précis n’est toutefois dévoilé pour le marché français. « L’outil est déployé en direct par nos équipes ou via les TMC et les agences de voyages pour servir leurs clients sociétés« , confie-t-il néanmoins. Dans ces derniers cas, Trainline utilise une API (ou Application Programming Interface) pour intégrer l’offre du portail de réservation de l’intermédiaire.
L’outil se veut adaptable sur mesure en incorporant différents éléments comme la politique voyage, les niveaux de validation, le paiement centralisé, l’envoi d’informations durant le trajet… Et Christopher Michau d’ajouter : « L’objectif est de rendre l’expérience de voyage la plus agréable possible« . Parmi les dernières fonctionnalités développées, il faut noter Seat Map, qui permet de choisir son siège sur la majorité des TGV, mais aussi ID Search, pour tout savoir sur son train en tapant son numéro dans l’application, ou encore Departure Board, pour optimiser ses correspondances dans une même gare. Sans oublier une nouvelle version de Récup Retard afin d’être remboursé automatiquement si le billet le permet.
Révéler les avantages écologiques du train sur l’avion
Trainline joue de surcroît la carte du voyage « vert », désormais très prisée par les entreprises, au travers de l’affichage de l’empreinte carbone pour chaque trajet recherché sur le site. « Ce service va être amélioré, car les sociétés veulent disposer du total annuel des émissions carbone correspondant à l’ensemble des déplacements en train de leurs salariés« , précise Christopher Michau. Une campagne marketing dédiée et un renforcement de la force de vente corporate sont aussi attendus cette année pour accompagner l’intérêt grandissant pour la clientèle professionnelle. En 2021, Trainline avait publié une étude confirmant l’avantage écologiques du train face à l’avion. Celle-ci affirmait que « selon les trajets, le bilan carbone peut être de 124 à 151 fois moins élevé dès lors qu’il est effectué en train plutôt qu’en avion« .
Réserver un voyage intégrant plusieurs compagnies ferroviaires
Outre l’ergonomie de son application, l’atout de Trainline demeure son offre exhaustive « sans parti pris » en matière d’opérateurs ferroviaires afin de comparer les horaires, les disponibilités et les tarifs. La plate-forme de réservation profite de l’ouverture à la concurrence du ferroviaire en France comme en Europe en distribuant la SNCF, la Deutsche Bahn, Trenitalia, Italo, la Renfe, mais aussi les trains low cost Avlo de la Renfe ou les TGV Ouigo Espagne de la SNCF. « Trainline trouve le meilleur tarif disponible sur un tronçon commun. Et permet de créer des itinéraires sur mesure, voire de mixer plusieurs transporteurs. Sur un Lille-Lyon avec changement de gare à Paris, la SNCF pourra être proposée sur le premier tronçon et Trenitalia sur le second. Ou, sur un aller-retour Paris-Lyon, il est possible de réserver l’aller un trajet avec l’un et le retour avec l’autre en fonction des prix affichés« , développe le responsable.
L’arrivée de Trenitalia dans l’Hexagone a déjà permis de tripler les ventes globales de Trainline sur l’axe Paris-Milan. Et la montée en puissance de la compagnie italienne, qui opèrera au 1er juin 5 allers-retours par jour entre Paris et Lyon, accentuera encore sa percée dans ses ventes hexagonales. « En Italie et en Espagne qui ont ouvert leur marché, nous avons pu observer les bienfaits de cette concurrence, générant une baisse du prix des billets et une augmentation des trafics. C’est tout bénéfice pour le consommateur« , se félicite Christopher Michau. Et de conclure : « Nous espérons la création d’autres acteurs dans l’Hexagone, même si plusieurs projets ont du retard au démarrage tels Railcoop et Le Train sur l’axe Atlantique qui ont été décalés à 2023. L’espagnole Renfe, qui a ouvert un bureau dans la capitale, pourrait également venir concurrencer Eurostar sur Paris-Londres« . Un engouement pour le ferroviaire gage de futures ventes sur Thetrainline.com.
