
Vie de bureau ou télétravail ? Depuis une petite vingtaine d’années, l’Ameublement français observe la qualité de vie au travail à travers son baromètre biennal Actineo. Fruit de la consultation de 1200 actifs, sa dixième édition vient sans surprise consacrer l’ancrage du télétravail dans les habitudes. Alors qu’ils n’étaient encore que 53 % en 2019, aujourd’hui 72 % des professionnels travaillent en dehors de leur bureau, ne serait-ce qu’occasionnellement, ce nomadisme pouvant aller jusqu’à trois lieux de travail différents au cours d’une même semaine. Une solution qui remporte un large plébiscite puisque près de la moitié des Français désirent même télétravailler davantage à l’avenir, jusqu’à 2,5 jours par semaine.
La pandémie est passée par là, sédimentant une évolution en germe lors de la décennie précédente. Ainsi, parmi les actifs interrogés pour cette enquête réalisée par l’ObSoCo, 44% des professionnels interrogés ont télétravaillé dans le courant du mois, essentiellement à domicile (42%). Avec plaisir d’ailleurs, puisque 88% disent se plaire à travailler à la maison.
Ce qui ne veut pas dire moins travailler, n’en déplaise à une génération de managers old school. Les télétravailleurs se disent plus investis dans leur travail lorsqu’ils sont chez eux. En effet, 85 % des Français estiment pouvoir remplir pleinement leurs missions professionnelles à domicile, contre 79 % quand ils sont au bureau. 37 % des actifs déclarent par ailleurs avoir du mal à se concentrer lorsqu’ils sont en présentiel.
Sans doute aussi plébiscitent-ils aussi ce mode de travail pour la liberté qu’il autorise, même si, en parallèle, la frontière entre vie professionnelle et personnelle devient plus floue. Une liberté que les professionnels souhaitent voir encore se renforcer. 66 % des 1200 actifs interrogés trouvent souhaitable de pouvoir travail depuis l’endroit de leur choix, tandis que 55 % aimeraient organiser leur semaine de travail comme bon leur semble, sans horaires fixes, ni différences entre la semaine et le week-end. En regardant plus loin et la décennie à venir, la semaine de quatre jours avec réduction du temps de travail à 32h est une évolution souhaitable et souhaitée par 68% des professionnels interrogés.
Quant au nomadisme business hors du domicile, les principaux tiers-lieux de travail sont les locaux des clients (14 %), les transports en commun (13 %), les terrasses et parcs publics comme les restaurants et cafés (12 %), mais aussi ces grands lieux de passage des voyageurs d’affaires que sont les hôtels et les espaces voyageurs des gares et aéroports, ou encore les espaces de coworking (6 à 7 %). En ce qui concerne les hôtels, les voyageurs y travaillent essentiellement dans leur chambre (82%) plutôt que dans les espaces communs. Le baromètre Actinéo montre une marge de progression pour en faire des lieux de travail adéquats, notamment en matière de confort et d’ergonomie des espaces de travail.
Pour autant, si le monde du travail se déspatialise dans le temps comme dans l’espace, le bureau n’est pas mort, loin de là. « L’hypothèse de la fin du bureau avait été envisagée, ce n’est pas le cas« , a commenté Antoine Vaguet, directeur Etudes & Conseil de l’ObSoCo. D’autant que 56% des répondants déclarent toujours travailler uniquement en présentiel, notamment comme le montre l’étude, des salariés basés en région où le télétravail est moins développé qu’en Ile-de-France. Parmi les salariés sédentaires, l’étude montre aussi une part plus importante de CSP- et d’employés, de même que de plus de 55 ans, par rapport aux CPS+ et aux managers des grandes entreprises.
Si le bureau garde toute sa force, c’est avant tout pour son art d’organiser les échanges et les moments de convivialité. Pour 70 % des répondants, l’intérêt de venir au bureau se trouve là, dans cette relation à l’autre. Une sociabilité indispensable à la qualité de vie au travail pour la grande majorité des salariés. Mais, alors que cette qualité de vie enregistre une baisse de 10 points par rapport à 2019 et que plus de 40% des salariés ne se sentent plus engagés dans leur travail, alors que le stress au travail saisit la moitié des professionnels interrogés, l’immobilier de bureau est invité à en faire plus pour créer les espaces propices à ce lien social : un coin thé/café, une terrasse, un espace de détente, une cuisine en libre accès, une cafétéria, un restaurant d’entreprise… De quoi donner envie de revenir au bureau. Et d’y rester.