Désamour entre Air France et l’Airbus A380

Parmi les compagnies pionnières en Europe pour l’exploitation des Airbus A380, Air France annonce qu’elle va fortement réduire sa flotte de super-jumbos à partir de l’année prochaine. Une poignée de lignes continuera d’être desservie par le géant du ciel, au premier rang desquelles New York.
A380-Air-France
Air France va réduire le nombre de lignes opérées en Airbus A380.

Il semble que l’Airbus A380 a fait long feu chez Air France. La nouvelle direction, sous la houlette de Benjamin Smith, le nouveau directeur général, a annoncé la couleur : la compagnie va réduire sa flotte d’A380 de 50 %, passant de 10 à 5 appareils. Les deux premiers appareils seront rendus dès l’an prochain à leur propriétaire, avec la fin du contrat de leasing de ces avions.

Parmi les premières compagnies d’Europe à avoir exploité l’Airbus A380, Air France met en service cet appareil sur sept lignes au départ de Paris pendant la saison hiver 2018-2019, essentiellement sur l’Amérique du Nord. L’Airbus A380 d’Air France se pose ainsi à New York, Los Angeles, Mexico et Miami sur le continent américain, mais aussi à Abidjan et Johannesburg en Afrique tandis qu’en Asie, l’appareil dessert Shanghai.

L’appareil, avec sa capacité de 516 passagers pour l’A380-800, n’est en fait vraiment rentable que sur des lignes long-courriers flirtant avec le million de passagers. Ce qui concerne essentiellement la liaison Paris-New York ou la desserte de la Guadeloupe et Martinique. En revanche, l’Asie est le continent qui aura généré les plus grosses déconvenues pour l’exploitation de lignes en A380. Air France ne vole plus désormais que sur Shanghai avec le géant du ciel, alors qu’elle exploitait dans le passé des lignes vers Hong Kong, Singapour et Tokyo.

L’Airbus A380 a perdu en popularité, notamment parce que les passagers préfèrent des fréquences plus variées à la haute densité en cabine. En effet, la conversion de certaines lignes en A380 s’accompagne généralement d’une réduction des fréquences à maximum un vol quotidien, à l’exception notable de New York desservi en A380 deux fois par jour durant la saison d’été. Or, sur des lignes comme Tokyo, Los Angeles ou Hong Kong, le passager souhaite avoir une certaine souplesse en matière d’horaire, en raison d’un plus grand choix de correspondances.

De plus, l’avion a vieilli par rapport aux nouveaux modèles que sont désormais l’Airbus A350 et le Boeing 787. Ces deux avions, aux capacités en sièges plus réduites – autour de 250 à 350 passagers –, sont moins gourmands en carburant et donc plus facilement rentabilisés. Ils offrent, en plus de cela, un confort en cabine plus élevé que sur l’A380, notamment en étant plus silencieux.

Cependant, l’exploitation de l’Airbus A380 se justifie encore sur des lignes où règne une importante saturation du trafic, comme à Shanghai par exemple. Les cinq appareils que conservera Air France vont de ce fait bénéficier d’un programme de rénovation des cabines avec l’installation de sièges lits en classe affaires offrant enfin un niveau de confort similaire à celui des Boeing 777 et 787, appareils qui constituent l’essentiel de la flotte long-courrier de la compagnie française aujourd’hui. Ce programme de modernisation devrait débuter dès 2020 et qui pourrait redonner à l’A380 un peu de glamour pour séduire à nouveau les passagers.