
Anne-Marie Couderc, Présidente non-exécutive du groupe Air France-KLM et du Conseil d’administration d’Air France, Benjamin Smith, Directeur Général d’Air France-KLM, et Anne Rigail, Directrice Générale d’Air France, accueillaient la presse cette semaine dans le cadre des vœux annuels. L’occasion de dévoiler en partie ce qui rythmera l’évolution d’Air France en 2023.
Les trois personnalités ont ainsi rappelé que le groupe a plutôt bien résisté à trois années de secousses sismiques dans le transport aérien. « Nous avons subi non seulement la crise du Covid mais aussi la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui nous oblige à contourner l’espace aérien russe et à faire face à des prix de l’énergie qui flambent« , a décrit Anne-Marie Couderc. « Nous avons résisté grâce au soutien massif de nos actionnaires – les Etats français et néerlandais. Dans le même temps, nous avons fait la démonstration du rôle stratégique de nos compagnies, notamment avec la mise en place de ponts aériens médicaux qui ont montré que nous sommes au service de nos communautés« , a-t-elle encore précisé.
La décarbonation, grand chantier en 2023… et au-delà
La grande ambition d’Air France-KLM dans les mois et années qui viennent reste la décarbonation de l’activité de transport aérien. Une ambition qu’ont souligné les trois dirigeants. « La décarbonation de notre activité est de plus en plus importante. Avec la livraison de nos nouveaux appareils, nous réduisons de 20% à 25% nos émissions de CO2. Nous allons également intensifier l’utilisation du carburant durable. C’est un enjeu stratégique des prochaines années. Notre trajectoire durable est ambitieuse mais réaliste et nous travaillons d’ailleurs en profondeur avec Airbus, le groupe Safran (ex SNECMA-Sagem) et ADP à cet effet« , a décrit Ben Smith.
« La mobilisation de tous les acteurs du transport aérien pour conquérir une indépendance énergétique sera un atout pour la France, les Pays-Bas et plus largement l’Europe« , a ainsi souligné Anne Rigail.
Parmi les défis de 2023, la Directrice Générale d’Air France a égrené les objectifs du groupe: « retrouver notre plein niveau d’activités, poursuivre notre conquête commerciale, continuer à améliorer la trajectoire financière du groupe et, bien entendu, continuer d’accélérer nos actions en matière de transition écologique« .
La Chine s’éveille enfin
L’année 2023 sera rythmée par un retour en force en Chine. « Nous recommençons nos vols sur Pékin et Shanghai et Hong Kong sur une base quotidienne« , a annoncé Ben Smith. La compagnie assurait avant le Covid jusqu’à 32 fréquences hebdomadaires vers la République Populaire, excluant Hong Kong.
La reprise sera cependant progressive. Depuis le 9 janvier, Air France se pose de nouveau à Hong Kong à raison de trois vols hebdomadaires. La compagnie continue de desservir Pékin à raison d’un vol par semaine tandis que les vols sur Shanghai-Pudong passeront de deux à trois fréquences par semaine à partir du 3 février.
A partir du 1er juillet, la compagnie passera à une fréquence quotidienne sur chacune de ces destinations. « Je pense que l’on va observer une reprise assez forte des courants de trafic entre la France et la Chine, et on l’observe déjà. Il faut se rappeler que le marché chinois était très important en France. Certes on constate que l’on n’est pas au même niveau de reprise que lors de la réouverture des frontières avec les Etats-Unis. Mais cela vient tout juste de commencer. Et il existe toujours quelques restrictions, notamment avec des tests« , souligne Ben Smith.
« Je suis cependant assez optimiste sur le fait que le trafic avec la Chine va rebondir assez vite« , assure Ben Smith. A la question de savoir si le groupe Air France-KLM compte reprendre la totalité de son réseau, Ben Smith confirme cette montée en puissance progressive. Avant la crise, KLM desservait 5 destinations (Pékin, Shanghai, Chengdu, Hangzhou et Xiamen) et Air France 3 (Pékin, Shanghai et Wuhan).
« Le niveau d’offre n’est certes pas encore équivalent à 2019. On n’avait en effet pas du tout prévu un retour si rapide. On a déjà annoncé que nous retournons avec un vol quotidien chacun sur Pékin et Shanghai. En 2019, nous exploitions cependant deux vols quotidiens sur Shanghai. Quant à Hong Kong, nous serons au même niveau de fréquences qu’en 2019« , précise encore le Directeur Général d’Air France-KLM. Et d’ajouter que l’équilibre devra être trouvé entre le continent nord-américain, dont l’offre se situe désormais au dessus de celle de 2019, et l’Asie, sur laquelle la compagnie constate la réémergence de la demande.
L’interdiction de survol de la Russie, handicap majeur en 2023
Deux écueils de taille vont handicaper cette reprise du trafic sur l’Asie. Subsiste encore en effet une pénurie de pilotes, plus que d’avions. « On a dans notre flotte cette année 109 appareils long-courriers, contre 108 avant le Covid. C’est l’embauche des pilotes qui n’est pas si facile car il y a le temps de formation. Est-ce qu’il nous faudra réduire d’un côté notre offre américaine pour suivre la demande asiatique ? C’est une question qu’on pourra se poser s’il y a explosion de cette demande« , analyse encore Ben Smith.
L’autre difficulté majeure qui inquiète davantage Ben Smith est l’interdiction de survol de la Russie pour se rendre en Asie. « L’an dernier, l’interdiction de survoler la Russie nous a relativement peu affectés puisque nous avons eu une activité réduite en raison des faibles volumes sur l’Asie. Sur la Corée et le Japon, l’interdiction de survol a ajouté entre deux et trois heures de temps de vol. Ce qui s’est répercuté sur les prix« , souligne-t-il.

« Maintenant que l’on rouvre la Chine, l’impact de l’interdiction va être plus important. En raison de l’impact sur les coûts d’exploitation et la rentabilité, les offres [commerciales] que nous proposons couvrent la différence. Le problème majeur est le fait que les compagnies chinoises ont toujours le droit de survoler la Russie. Ce sera compliqué en terme de concurrence bien évidemment. C’est un souci pas seulement pour nous mais pour toutes les compagnies qui n’ont pas le droit de survoler la Russie. Je ne sais pas s’il pourrait y avoir quelque chose mis en place par l’Union Européenne pour rééquilibrer la compétition. Mais c’est un vrai problème qui se pose actuellement« , insiste Ben Smith.
90 ans et plein de perspectives
Un autre évènement majeur attend cependant Air France en 2023. Un évènement heureux. 2023 marquera en effet le 90e anniversaire de la compagnie. Née en effet d’une fusion en 1933, la compagnie va célébrer cette longue épopée en octobre prochain. « Ce ne sera pas seulement un retour sur notre histoire. Mais aussi une perspective qui nous permet de définir nos 90 prochaines années« , précise Anne Rigail. Rendez-vous en octobre pour les célébrations!