
Air France a annoncé le 7 août la suspension des vols vers le Niger, mais aussi le Mali et le Burkina Faso. L’espace aérien nigérien était de toutes façons fermé depuis la veille. Une porte-parole de la compagnie a indiqué à l’agence Reuters : « A cause du coup d’Etat en cours au Niger et de la fermeture de l’espace aérien et de l’aéroport de Niamey-Diori Hamani, Air France ne desservira plus l’aéroport Niamey-Diori Hamani jusqu’à nouvel ordre« . Quant aux dessertes de Bamako et Ouagadougou, elles sont interrompues a minima « jusqu’au 11 août inclus » est-il précisé. En outre, les voyageurs d’affaires vont devoir faire face à des temps de vols plus longs depuis et vers plusieurs aéroports africains, à l’instar de ce qui a déjà dû être mis en place avec la fermeture de l’espace aérien russe depuis le début de la guerre en Ukraine… « La fermeture de l’espace aérien du Niger élargit considérablement la zone dans laquelle la plupart des vols commerciaux entre l’Europe et l’Afrique australe ne peuvent pas circuler. Les vols doivent déjà faire une sorte de détour de la sorte pour la Libye et le Soudan » rappellent les experts de FlightRadar24. Ces derniers estiment que « L’espace aérien du Niger étant désormais interdit, les compagnies aériennes reliant l’Europe à l’Afrique australe devront se dérouter et ajouter 1 000 kilomètres ou plus à leurs vols, ce qui augmentera la quantité de carburant nécessaire à chaque vol et la durée de celui-ci« .

De son côté, le Ministère des Affaires étrangères a mis à jour – le 7 août également – ses recommandations quant aux déplacements au Niger et dans les pays voisins. Dans sa notice sur les voyages au Sahel, le MAE indique notamment que « Tout déplacement au Niger est formellement déconseillé. Les ressortissants français au Niger sont appelés à la plus grande vigilance : il est essentiel de limiter les déplacements, de se tenir à l’écart de tout rassemblement et de se tenir régulièrement informés de la situation« . En outre, « Tout déplacement dans les zones formellement déconseillées est à exclure. Les ressortissants français qui s’y trouveraient sont invités à les quitter. Dans les zones déconseillées sauf raison impérative, il convient, si le déplacement ou le séjour s’avère indispensable, de prendre des mesures de sécurité renforcées, en particulier pour ce qui concerne les trajets et les hébergements. Les ressortissants français qui se trouveraient dans ces zones doivent savoir que leur sécurité et leur vie sont explicitement et directement menacées. Les risques avérés dans ces zones sont incompatibles avec le tourisme« .

Suite au coup d’Etat du 26 juillet au Niger, la situation s’est brutalement dégradée pour les ressortissants étrangers sur place. Le 2 août, International SOS a ainsi relevé son niveau de surveillance d’un cran, passant de “Warning” à “Stand by”. Il s’agit du troisième des cinq niveaux définis par International SOS, les deux prochaines étapes en cas de dégradation de la situation étant l’évacuation du personnel non essentiel, puis celle de tous les effectifs. “Le passage en STANDBY indique qu’une préparation avancée à l’évacuation doit être faite au cas où la situation s’aggraverait brusquement ou au cas où les organisations ne pourraient pas supporter des périodes de pénurie prolongées”, précise International SOS.
Face aux manifestations d’hostilité cristallisées contre son ambassade, et en raison de la fermeture de l’espace aérien, la France a opté pour une opération d’évacuation, lancée le 2 août. Au total, 1079 personnes ont ainsi été évacuées, dont 577 ressortissants français et ayants-droits. Une opération à laquelle des spécialistes privés ont été amenés à participer, notamment pour les ressortissants basés en dehors de Niamey. “Depuis le début de la crise, nous avons organisé la mise en sécurité et l’évacuation d’une dizaine de ressortissants français et européens” témoigne Thibault Janin. Le Directeur Général d’Ilios International poursuit : “La plupart travaillaient ponctuellement pour des sociétés d’ingénierie sur des projets locaux en assistance technique. Nous nous occupons aussi de l’évacuation des expatriés ou voyageurs de nationalité africaine travaillant pour le compte de sociétés européennes mais qui ne peuvent pas être pris en charge par le ministère des affaires étrangères français. En effet, la France ne peut prendre en charge que les ressortissants français, voire européens.

« Pour les français présents à la périphérie de Niamey, nous avons organisé des déplacements routiers sous haute protection jusqu’à l’aéroport international afin qu’ils soient pris en charge le plus tôt possible par les forces françaises. Pour ceux positionnés sur des localités excentrées tels que Tahoua ou Agadez qui n’ont pas réussi à partir à temps du pays, nous nous sommes coordonnées avec d’autres organismes tels que des entités de l’ONU qui ont leur propre ligne aérienne et qui peuvent également, dans des cas exceptionnels, prendre en charge des ressortissants expatriés à bord », indique Thibault Janin, qui pointe le cas plus problématique des expatriés africains qui sont pas évacués par leur gouvernement. « Nous sommes toujours en train de les regrouper dans une zone sécurisée à Niamey, le temps de pouvoir les faire sortir convenablement du pays. La réouverture des frontières devrait permettre de les évacuer dans de bonnes conditions. Dans le cas contraire, nous étudions d’autres options pour les faire sortir par d’autres moyens”.

Pour les jours et les semaines à venir, International SOS conseille notamment aux organisations opérant actuellement au Niger de reporter tout voyage sur place. Parmi les recommandations pratiques, le spécialiste sécurité indique que les salariés doivent être en mesure de se doter de réserves (nourriture, eau, électricité de secours, carburant, argent liquide et médicaments de première nécessité) suffisantes pour pouvoir rester à l’abri pendant sept jours, dans un logement sûr. Autre impératif, pour les entreprises : les réseaux d’échange d’informations avec les salariés doivent être solides et préparés à d’éventuelles coupures de communication pendant les crises.
Le 3 août a vu la junte militaire décréter la levée du couvre-feu qui avait été instauré le 26 juillet, tout en mettant fin aux fonctions de quatre ambassadeurs. Outre la France, les Etats-Unis, le Nigeria et le Togo sont concernés. Difficile d’imaginer quelle sera la suite des événements, alors que l’ultimatum fixé par la Cédéao expirerait dimanche. D’après international SOS, “l’issue la plus probable des négociations en cours est l’annonce par le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) d’un plan de transition vers la démocratie, et le maintien d’un calme tendu dans le pays. Cependant, il existe un risque crédible de détérioration rapide de la situation”.