
C’est chaque année l’occasion de se retourner sur les mois écoulés, et se projeter sur ce que pourrait être le futur proche des déplacements professionnels : American Express GBT organisait mercredi l’EVP 2023 à Paris, 32e du nom. Et dévoilait au passage les résultats de son baromètre du voyage d’affaires. Parmi les nombreux éléments décryptés par ce rapport de 40 pages, une donnée peut s’avérer particulièrement révélatrice de la réalité de l’entreprise. En l’occurrence les critères de mesure du succès privilégiés par les décisionnaires dans le business travel. Où l’on apprend que la « capacité à promouvoir des modes de transport durables et à réduire l’empreinte carbone » n’est citée que par 26% des sondés. Bien loin derrière les économies réalisées (58%) et la conformité aux politiques, aux règles fiscales et à la protection des données (58%).
Pourtant, les auteurs du baromètre l’assurent : ils constatent des « progrès encourageants », au moins en ce qui concerne la mesure. En effet, 66% des sondés affirment mesurer leurs émissions de CO², contre 53% l’an dernier. « Cela confirme l’importance grandissante de la mesure de l’empreinte carbone dans les réflexions des entreprises et la volonté de celles-ci de quantifier leurs émissions », note le rapport. Mais celui-ci en atteste : « l’empreinte carbone reste le dernier critère considéré par les décisionnaires. Cela valide l’augmentation de la prise de conscience mais les actions sont toujours limitées. En effet, seuls 16% ont répondu avoir mis en place et piloté des actions »…

Focus sur l’humain, le MICE en plein essor
Si l’environnement peine encore à se frayer un chemin dans les politiques voyages, force est de constater que l’humain est au centre de l’attention. En témoigne l’importance accordée à la satisfaction voyageurs, citée dans le trio de tête des critères de succès (55%), avec une nette progression par rapport à 2022. En outre, 81% des décisionnaires pensent que le ressenti du voyageur aura un impact sur la politique voyage d’affaires dans le futur. Autre signe que l’humain a toute sa place dans la gestion des voyages par l’entreprise : le retour en force du MICE. Les auteurs du baromètre EVP soulignent d’ailleurs : « la démocratisation des systèmes de visio-conférences et du télétravail, définis comme étant la « nouvelle normalité » et considérés dans certains cas comme une alternative aux déplacements, doivent être pris en compte durablement, comme vecteurs de croissance de l’économie française en plus des déplacements d’affaires. Dans cette logique, il conviendra aussi de regarder les dépenses MICE, pour prendre en compte l’impact de la globalité des déplacements et rassemblements pour affaires sur le développement de l’économie française ». Une évolution qui se traduit dans les chiffres : « le MICE a vu son importance augmenter de 8 points cette année. Les évènements internes et externes ont connu une forte croissance en 2022 », enregistrant une « reprise plus rapide que les déplacements standards ». Et les auteurs de poursuivre : « Les évènements et réunions internes seront également, en 2023, des raisons importantes de déplacement en entreprise, notamment dans les PME /PMI. Pour 51% des voyageurs, les voyages d’affaires permettent de garder un lien fort avec leurs collègues et leur entreprise. Cette tendance s’inscrit dans la durée et est liée aux nouveaux modes de travail et au besoin vital de travailler sur une croissance sociale et plus seulement commerciale ».

La TMC confortée, son business model interrogé
L’autre gagnant de ce baromètre EVP 2023 n’est autre que l’agence de voyages d’affaires elle-même. A en croire les chiffres publiés par American Express GBT, l’utilité de la TMC est largement reconnue : à hauteur de 85% en moyenne (+7 points), et à plus forte raison encore au sein des grandes entreprises (90%). L’agence est notamment plébiscitée pour le dossier sensible de la sécurité, qu’il s’agisse du duty of care (89%) ou de la sécurité des données (89%). A noter que la TMC est également attendue dans le domaine environnemental, pour le suivi des émissions carbone (79%). Des missions qui conforteraient le statut des TMC, à en croire les auteurs du rapport : « la valeur accordée à l’agence de voyage est en large hausse et tend à confirmer le besoin de service par les entreprises pour le voyage d’affaires ».
Pour autant, à quel prix, et surtout sous quelle forme les entreprises sont-elles prêtes à payer ce service ? Alors que la crise sanitaire a, pendant de longs mois, remis en question le modèle transactionnel, American Express GBT s’est interrogée sur une possible évolution du modèle économique. Et visiblement, les décisionnaires sont indécis sur ce point. Si leur agence devait changer son modèle économique, la majorité d’entre eux ne savent pas s’ils seraient prêts à accompagner le changement. Dans le doute, l’heure est plutôt à une forme de conservatisme à en croire le baromètre EVP. En effet, la moitié des sondés privilégient toujours les frais à la transaction (48%), ces derniers gagnent même du terrain chez les décisionnaires interrogés (+14pts).

Quel que soit le business model de demain, ce que les responsables d’American Express GBT garderont en mémoire au sortir de cet EVP 2023, c’est – notamment – leur mission d’accompagner le voyageur et l’entreprise. Avec un leitmotiv : la « volonté ». « S’il ne fallait retenir qu’une chose du baromètre c’est le sentiment de volonté. Volonté des gestionnaires de voyages et des voyageurs d’aller dans le même sens, de voyager pour les bonnes raisons, d’avoir accès au contenu et aux outils dont ils ont besoin. Volonté aussi d’être bien accompagnés, de se sentir en sécurité et d’être responsables dans leurs déplacements. Une feuille de route chargée, mais prometteuse ».