
L’édition 2022 de la conférence GBTA Europe avait à plus d’un titre un caractère inédit. Pour la première fois, l’association internationale du voyage d’affaires consacrait une journée entière à un nouveau « Sustainability Summit », en amont de son événement « classique ». Pour la première fois également, la GBTA Europe sortait du marché allemand, pré carré de son partenaire historique : VDR. Et pour cette première délocalisation, la conférence annuelle de GBTA Europe a donc jeté son dévolu sur Bruxelles. Une destination de choix d’un point de vue logistique, car facilitant l’acheminement en train des participants, et donc cohérente pour un...
L’édition 2022 de la conférence GBTA Europe avait à plus d’un titre un caractère inédit. Pour la première fois, l’association internationale du voyage d’affaires consacrait une journée entière à un nouveau « Sustainability Summit », en amont de son événement « classique ». Pour la première fois également, la GBTA Europe sortait du marché allemand, pré carré de son partenaire historique : VDR. Et pour cette première délocalisation, la conférence annuelle de GBTA Europe a donc jeté son dévolu sur Bruxelles. Une destination de choix d’un point de vue logistique, car facilitant l’acheminement en train des participants, et donc cohérente pour un sommet durable. Une destination stratégique aussi pour se rapprocher des instances européennes, et faire entendre la voix de la GBTA. « Bruxelles, c’est une opportunité. Nous parlons avec l’Europe depuis 2015, nous sommes dans les rouages des systèmes européens. Et la sustainability étant au cœur de nombreuses décisions au niveau européen, cela faisait sens que le sommet se tienne à Bruxelles », explique Stéphane Vallageas, membre du Board GBTA Europe. Et s’il réfute le dessein lobbyiste de l’événement, il se félicite d’avoir pu attirer ces acteurs institutionnels : « Nous avons eu la chance en étant à Bruxelles d’accueillir sur scène beaucoup d’acteurs de la Commission européenne. Ce sont des gens très occupés, que nous n’aurions pas forcément pu réunir en dehors de Bruxelles. Cela aura aussi permis d’acter la reconnaissance de la GBTA en tant que partenaire clé pour les instances européennes dans le domaine du business travel ».

Aux côtés des représentants des instances européennes, la GBTA Europe a réussi à mobiliser des conférenciers de tout premier plan dans le domaine du voyage d’affaires. Facilitant ainsi le dialogue entre les acteurs privés et publics pour mieux réfléchir au rôle de chacun dans la nécessaire transition durable, avec en toile de fond le débat entre incitations et réglementations… « Les entreprises sont prêtes à agir et à faire davantage, mais sans la réglementation, je pense qu’elles évolueraient beaucoup plus lentement », témoigne Brune Poirson, directrice du développement durable du groupe Accor. « Cela étant dit, de bonnes réglementations ne peuvent pas être mises en place sans la collaboration avec le secteur privé, et c’est là où ce que j’appelle le « lobbying positif » intervient ».
Omniprésent lors des débats, le dossier du SAF a d’ailleurs permis d’illustrer concrètement cet équilibre encore incertain entre la carotte et le bâton. Et de rappeler à l’audience majoritairement européenne que le vieux continent souffre encore de la comparaison avec les Etats-Unis notamment, comme le souligne le Pdg d’American Express GBT, Paul Abbott : « La réglementation est importante, des règles, des objectifs ont été fixés dans l’Union Européenne. Mais quel est l’intérêt de fixer des objectifs à 65% de SAF s’il n’y a pas de production, pas d’offre ? On a besoin de régulations, mais on a surtout besoin d’incitations. Et c’est que les Etats-Unis ont bien compris. L’Inflation Reduction Act (IRA) a attiré 370 000 000 de dollars d’investissements dans les technologies propres. C’est un pas en avant considérable, qui aura un impact profond sur l’accélération de la décarbonation aux Etats-Unis. Et grâce à ces incitations, je pense que les Etats-Unis sont en avance sur l’Union Européenne pour s’attaquer véritablement aux émissions carbone pour la prochaine décennie. Il faudrait voir des actions similaires dans l’UE plutôt que des restrictions. Il est bon d’avoir une vision. Mais une vision sans plan, ce n’est qu’un rêve… », prévient Paul Abbott.
Le discours de la méthode
Ce premier sommet environnemental aura également pointé du doigt un autre enjeu crucial, celui de la donnée. Car si certains chiffres sont connus, reste à donner les clés aux voyageurs d’affaires et aux travel managers pour faire un choix éclairé. « Nos recherches aux Etats-Unis montrent qu’un voyageur peut réduire son empreinte carbone par voyage de 22% à 63% en choisissant le vol le plus efficace » assure Dan Rutherford, Program Director au sein de l’International Council on Clean Transportation. Or la confusion règne encore à l’heure de chiffrer l’impact des différents segments du voyage d’affaires. D’où l’importance d’adopter des méthodologies fiables, comme en témoigne Shelley Fletcher-Bryant, Senior Director, Sales & Client Relationship Management chez Advito : « Il est très encourageant que des méthodologies soient reconnues, comme celle de IATA ou d’Advito. Beaucoup de travail a été accompli aux cours des trois dernières années. Mais à l’heure actuelle il y a beaucoup de méthodologies différentes« . Shelley Fletcher-Bryant poursuit : « Je pense qu’une fois que nous aurons une méthodologie centralisée et reconnue par tous, et j’espère que ce sera le cas au premier ou deuxième trimestre 2023, le gros défi sera de savoir comment ce sera implémenté. Et cela va être une question clé pour l’industrie, qu’il s’agisse des TMC, des OBT, des travel managers… Car soyons francs : quelqu’un va devoir payer pour que cela soit intégré« .
Malgré l’ampleur de la tâche et des investissements, les difficultés qui se profilent, Shelley Fletcher-Bryant se veut pragmatique : « Ne laissez pas la perfection se mettre sur le chemin de vos progrès« . En clair, l’heure est désormais à l’action, à la prise de décision, quitte à identifier des marges d’améliorations. Des acteurs comme GBTA y travaillent, à l’image du partenariat conclu avec la Sustainable Hospitality Alliance – qui doit notamment améliorer la mesure de l’empreinte carbone dans le secteur hôtelier – ou plus globalement du Sustainability Program lancé l’an dernier. Et rendez-vous est déjà pris pour franchir de nouvelles étapes. Le prochain Sustainability Summit est attendu dans un autre hub décisionnel de premier plan : Washington. Quant à la prochaine conférence GBTA Europe, elle fera son retour en Allemagne dans tout juste un an, du 14 au 16 novembre 2023 à Hambourg.