
Dans le sillage de ces deux acteurs d’ampleur international que constituent Nice et Cannes, les destinations voisines ne nourrissent pourtant aucun complexe d’infériorité. Mieux : la cohabitation entre les différents palais des congrès serait même totalement assainie, à en croire Pierre-Louis Roucaries. A la fois Président de Provence Côte d’Azur Events (PCE) et Directeur général de l’Office de Tourisme et des Congrès de Mandelieu, il assure : « Quand j’ai pris la présidence de PCE en 2012, cela a été mon chemin de croix : la plupart des villes ne voulaient pas travailler ensemble. J’ai fait des milliers de kilomètres pour convaincre tout le monde et ce qui a fait notre force, c’est l’équipe, qui a su faire preuve de transparence et d’une grande honnêteté intellectuelle à l’égard de l’ensemble des adhérents. Notre intérêt, c’est que les opérations soient gagnées. D’ailleurs, généralement, nos destinations sont plutôt en concurrence avec d’autres régions, d’autres pays, surtout su de gros événements. Et aujourd’hui, il n’y a pas un palais des congrès de la région qui ne soit pas adhérent de Provence Côte d’Azur, toutes tailles confondues ».
Abondance de biens ne nuirait donc pas à la Côte d’Azur, dès lors que les destinations ont adopté des positionnements différents, et surtout en phase avec leur capacité d’attraction… Arborant cette fois la casquette de Président Délégué de l’Unimev, Pierre-Louis Roucaries témoigne : « Il y a environ 120 palais des congrès en France et tous ont été construits sur la justification qu’ils allaient faire venir des congrès internationaux, ce qui est faux… Un magnifique palais des congrès ne suffit pas : s’il n’y a pas d’hôtels quatre et cinq étoiles et un aéroport international, ça ne sera pas simple. Aujourd’hui, les destinations assument beaucoup plus ce qu’elles sont. Ce n’est pas parce que vous n’attirez pas de congrès internationaux aux le palais des congrès est nul. Il y a aussi un besoin du territoire, de la région, du local, qui fait qu’éventuellement cela peut se justifier. Et puis il y a des lieux qui assument différentes fonctions, en accueillant aussi bien des événements culturels, sportifs, et professionnels, et qui enrichissent l’animation du territoire. Il faut juste assumer ce que l’on est, se demander comment est structuré son territoire, étudier la concurrence. C’était mon raisonnement dans les années 2000 pour le centre des congrès de Mandelieu, alors qu’il y en avait un tous les dix kilomètres, et pourtant nous avons fait 700 événements et nous réfléchissons à l’avenir », poursuit Pierre-Louis Roucaries.
Cette réflexion, le Centre Expo Congrès de Mandelieu-la-Napoule n’a pas eu peur de la concrétiser au travers d’expérimentations technologiques. Un portique de désinfection automatique, mobile, avec prise de température peut ainsi être fourni sur demande aux organisateurs d’événements. Le studio de streaming (50 m²) a lui été remplacé par une « Social Network Room » plus modeste en termes d’espace, et de coûts… Quant au positionnement plus global de la destination sur le segment du MICE, il reste plus que jamais teinté de vert pour se démarquer des offres voisines. « Mandelieu est atypique, elle ne ressemble à aucune autre destination de la destination de la Côte d’Azur car elle n’est pas très urbanisée : les deux tiers du territoire ne sont pas construits », souligne Odile Delannoy, Directrice du Centre Expo Congrès de Mandelieu-la Napoule. Symbole de cette « green touch » – et argument de poids pour séduire les organisateurs d’événements -, le golf Old Course s’avance même jusqu’en cœur de ville. Le deuxième plus vieux parcours de France ne se cache d’ailleurs pas de vouloir « casser les codes » dans le monde du golf en accordant une place prépondérante à l’activité événementielle. De nouvelles initiatives y sont régulièrement expérimentées pour attirer tous types d’événements, à l’image du nouvel espace baptisé le BAC (1200 m²), à la fois bucolique et atypique, inauguré en juin au bord de la Siagne.

Si Mandelieu a réussi à se préserver de l’urbanisation et compte bien maintenir son ratio de verdure, la ville ne s’est pas résignée pour autant à l’immobilisme, bien au contraire. L’évolution du parc hôtelier en atteste. La rénovation de l’hôtel Mercure, qui a rouvert ses portes cet été après huit mois de travaux, sera parachevée au mois de mars. L’établissement, très largement tourné vers la clientèle affaires compte tenu de sa localisation, entend ainsi valoriser un style chaleureux tout en accordant une place prépondérante au digital, avec une réception dématérialisée.

En outre, toujours pendant l’été, deux établissements sont venus étoffer la grille quatre étoiles de la destination. L’Ilot du Golfe, membre de la Best Western Premier Collection, est le fruit d’un investissement de 13 millions d’euros et de deux ans de travaux. Il ajoute 41 chambres (dont 2 suites) à l’offre d’hébergement, toutes avec balcon ou terrasse. Quant au Casarose, dont les prochains projets concernent un spa et des villas séminaires, cet établissement de 56 chambres apporte une nouvelle touche de couleurs à la palette de Mandelieu-la-Napoule.
une croissance importante pour les dix ans à venir, en matière de tourisme en général et de tourisme d’affaires en particulier
Une palette qui devrait encore s’étendre à en croire Pierre-Louis Roucaries, qui prévoit « une croissance importante pour les dix ans à venir, en matière de tourisme en général et de tourisme d’affaires en particulier ». Le Directeur général de l’Office de Tourisme et des Congrès de Mandelieu poursuit : « Cela concerne notamment l’hôtellerie, même si les deux tiers de la superficie de la ville sont naturels et le resteront. Tous les projets sont localisés sur les 700 hectares qui sont déjà construits ». Désormais doté de quelque 2000 chambres hors meublés touristiques, l’objectif consiste moins à accroître ce chiffre qu’à monter en gamme : « les cinq ou si projets à venir sont positionnés sur du quatre ou du cinq étoiles » indique Pierre-Louis Roucaries, qui prévoit « certainement l’arrivée d’une grande chaîne internationale, quatre ou cinq étoiles ».