
Ce n’est pas une surprise, tant la chute était attendue tôt ou tard. WeWork s’est déclaré en faillite en début de semaine aux Etats-Unis. Le géant américain du coworking, soutenu par le conglomérat japonais Softbank, a vu sa valeur s’effondrer, passant en un an de 47 milliards de dollars à à peine 50 millions. Alourdi par des loyers élevés, plombé par ses dettes, mis à mal par la flambée des taux d’intérêt et la banalisation du travail à domicile, la start-up fondée par Adam Neumann autour d’espaces de coworking design s’est placée sous la protection du chapitre 11 aux Etats-Unis et de manière similaire au Canada.
Ce dépôt de bilan ne concerne cependant que les établissements de WeWork dans ces deux pays, ceux situés hors Amérique du Nord ne faisant pas partie de cette procédure. « Les franchisés de WeWork dans le monde entier ne sont pas non plus concernés« , précise cet acteur phare des espaces de bureaux partagés. La vingtaine de sites parisiens devraient ainsi continuer à fonctionner comme à l’accoutumée.
Afin de réduire considérablement la dette de la société et d’accélérer sa restructuration, la mise sous protection de WeWork se traduit par le rejet des baux de certains sites « en grande partie non opérationnels » et des discussions en cours avec ses autres bailleurs. Selon Reuters, « les documents déposés par WeWork auprès du tribunal des faillites font état de 69 baux que l’entreprise a l’intention de rejeter immédiatement, et l’entreprise a déclaré qu’elle s’efforçait de renégocier les baux avec 400 propriétaires« .
« Au cours de cette période, WeWork continuera à rationaliser son portefeuille de baux de bureaux commerciaux« , précise le groupe américain. Alors que WeWork comptait 777 sites dans 39 pays en juin dernier – avec une occupation moyenne de 72% -, sans doute de nouvelles cessions sont-elles à prévoir. « Le moment est venu pour nous de tirer l’avenir vers le haut en nous attaquant énergiquement à nos anciens contrats de location et en améliorant considérablement notre bilan« , a déclaré David Tolley, PDG de WeWork, tout en se disant confiant dans la capacité de sa société à sortir de cette passe difficile : « WeWork a des fondations solides et un avenir prometteur« .
WeWork en faillite, IWG en pleine croissance
Sans que le malheur des uns fasse le bonheur des autres, la situation de We Work tranche avec celle d’un autre grand nom du secteur, IWG, la maison mère de Regus et de Spaces. Le leader mondial du travail flexible a en effet enregistré une croissance de ses revenus de +14% au premier semestre 2023, et de 8% sur le troisième trimestre. « La croissance structurelle du travail hybride, combinée à notre position sur le marché, s’est traduite par une progression continue du chiffre d’affaires« , a salué le PDG d’IWG Mark Dixon.

Ne souhaitant pas commenter la situation de ses concurrents, IWG note cependant « avoir déjà repris un certain nombre de sites concurrents, dont plus de 30 sites WeWork à l’international pour répondre à la demande croissante de travail hybride« . Des reprises qui participent à un développement très soutenu. Depuis janvier 2023, IWG a ouvert 612 nouveaux sites dans le monde, après en avoir ajouté 462 l’année précédente, la quasi totalité étant issus de partenariats en contrats de gestion ou en franchise. A faible intensité capitalistique donc, à l’inverse des baux élevés de WeWork.
Le développement d’IWG est porté par deux tendances : des entreprises qui réévaluent leurs portefeuilles immobiliers et réduisent leurs emplacements en centre-ville et, en parallèle, le développement d’espaces de travail flexible dans des communes plus proches des zones résidentielles, pour limiter les déplacements des salariés. « Nous assistons en ce moment à une accélération sans précédent du mouvement de « grande résiliation » des baux. Des entreprises de toutes tailles résilient leurs baux commerciaux à long terme et les remplacent par des accords à court terme avec des opérateurs d’espaces de travail flexible comme IWG« , remarque Mark Dixon.
Ce qui est vrai en Amérique du Nord, avec plus de 250 nouveaux sites IWG rien qu’aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni ou en France, un des marchés clés d’IWG. Le groupe y a ouvert 13 nouveaux centres entre janvier et septembre 2023 et une vingtaine d’autres sont à venir les prochains mois, notamment en région. « Notre réseau national continue de s’étendre avec des ouvertures dans des régions où nous n’étions pas présents auparavant, comme Douai, Clermont-Ferrand, Carquefou et Brest par exemple« , précise Christophe Burckart, directeur général France d’IWG. Selon IWG, le secteur des espaces de travail flexible devrait croître de 600 % d’ici 2030. De quoi ouvrir de belles perspectives de croissance pour le leader mondial qui a conclu la signature de 200 nouveaux centres au troisième trimestre. Mais aussi pour WeWork, une fois sa restructuration achevée ?