
On est encore loin des résultats de 2019 sur les grands aéroports d’Asie du Sud-Est. Mais toutes les plates-formes de la région ont retrouvé l’an dernier le chemin de la croissance, mettant fin à la chute vertigineuse du trafic passagers qu’elles avaient expérimentée en 2021.
En moyenne, le trafic passagers de ces grands aéroports a représenté entre 40% et 50% du trafic enregistré en 2019, la dernière année avant covid. Un chiffre qui confirme les estimations de l’association des aéroports ACI pour l’Asie Pacifique. L’association prédisait en novembre dernier un niveau de trafic de 45% pour l’ensemble de la région en 2022, soit 1,8 milliard de passagers.
Le demande intérieure, moteur de l’activité aérienne dans l’ASEAN
Sur l’Asie du Sud-Est, les aéroports ayant enregistré les meilleures performances ont été les aéroports de Ho Chi Minh Ville et de Jakarta. Avec 34 millions de passagers l’an dernier, la plate-forme vietnamienne aura retrouvé 83% de son trafic de 2019. Même si cette embellie est intégralement due au trafic domestique. Même source de croissance à Jakarta : avec 40,54 millions de passagers, l’aéroport de la capitale indonésienne aura atteint 74% de son niveau de 2019 (54,5 millions). Mais le trafic international est resté dans les limbes, à seulement 7,5 millions de passagers.
Jakarta est cependant le premier aéroport de la région ASEAN par son trafic. Aucun autre aéroport en Asie du Sud-Est n’a réussi à dépasser les 35 millions de passagers.
Kuala Lumpur International (KLIA) a enregistré l’an dernier à peine 41% de son trafic de 2019 – soit 25,37 millions contre 62,3 millions de passagers en 2019. De façon surprenante, le trafic low-cost, généralement le moteur de la croissance à KLIA, sera resté en berne. Malgré la reprise de nombreuses lignes internationales de la compagnie AirAsia, le terminal réservé aux compagnies low-cost, KLIA2, n’a atteint que 36% de son trafic de 2019.
Quant à Manille-NAIA, quatrième aéroport d’Asie du Sud Est par son trafic avant la crise, l’absence de trafic international a pesé l’an passé sur les performances de la porte d’entrée des Philippines. Sur les 10 premiers mois de l’année 2022, l’aéroport a accueilli 23,6 millions de passagers, en retrait de 41% par rapport à la même période de 2019. Avec un volume de passagers à l’international représentant tout juste 36% des chiffres de 2019…
Bangkok et Singapour renforcent leur domination à l’international
Restent les deux grands hubs intercontinentaux d’Asie du Sud-Est : Bangkok et Singapour.
Le système aéroportuaire de Bangkok-Suvarnabhumi et Don Mueang a vu passer 44,8 millions de passagers l’an dernier contre 105,72 millions en 2019. Suvarnabhumi, hub de Thai Airways International et de ses partenaires de Star Alliance, en a accueilli 28,75 millions. La plate-forme a ainsi recupéré 44,5% de son niveau de 2019, année record avec 64,71 millions de passagers. Son niveau de trafic devrait être plus conforme à son positionnement de hub en 2023. Thai Airways International et sa filiale Thai Smile ont annoncé amplifier la reprise de leur réseau d’avant Covid.
Paradoxalement, le trafic domestique et low-cost n’a pas connu l’embellie espérée à Bangkok-Don Mueang. Avec 16,13 millions de passagers en 2022, l’aéroport n’a récupéré que 39,3% de son trafic de 2019. Don Mueang a de fait souffert l’an passé de l’absence des voyageurs chinois.
De son côté, Singapour-Changi a plutôt bien géré la reprise de son trafic. La Cité-Etat s’est rouverte aux voyageurs internationaux au second trimestre de 2022. Ce qui s’est traduit par un total de 32,2 millions de passagers l’an passé, équivalent à 47,14% du niveau de 2019.
Les perspectives sont plutôt bonnes pour cette année, notamment pour Singapore Airlines. La capacité offerte à fin décembre 2022 atteignait à nouveau 80% de la période avant-Covid. Pour 2023, selon JoAnn Tan, Senior Vice President Marketing Planning, la compagnie va surtout renforcer ses fréquences en Asie et en Australie. « À mesure que nous rétablissons notre réseau vers cette partie du monde, ces régions atteignent des niveaux plus proches de ceux d’avant la pandémie« , explique-t-elle.

La moindre fréquentation passagers, une chance pour l’expansion des aéroports
Les bas niveaux de fréquentation dans les aéroports du Sud-Est asiatique auront cependant eu un effet positif. Les aérogares qui étaient en saturation avant le Covid ont retrouvé un peu d’espace. Notamment à Bangkok et à Ho Chi Minh Ville.
Bangkok Suvarnabhumi doit depuis dix ans faire face à un trafic excédant largement sa capacité initiale de 45 millions de passagers par an. Cette année devrait voir l’inauguration d’un satellite pour 15 millions de passagers, réservé à Thai Airways International et ses partenaires.
A Saïgon, les autorités peinent à faire passer plus de 40 millions de passagers dans une aérogare conçue pour en accueillir 25 millions. Le premier coup de pioche vient ainsi d’être donné à la construction du Terminal 3 avec une capacité de 20 millions de passagers. Ouverture prévue à fin 2024 promettent les autorités.
Pour 2023 cependant, la réouverture de la Chine devrait accélérer la convalescence du trafic passagers. On peut s’attendre à une progression générale qui permettrait un niveau général de trafic dans la région de 80% de l’avant-Covid.
Un optimisme que souligne Subhas Menon, directeur général de l’AAPA, association des compagnies aériennes Asie-Pacifique. « 2022 a marqué le début d’une reprise longtemps attendue sur les marchés internationaux du voyage. Les perspectives pour 2023 sont largement positives, notamment pour le transport de passagers. La reprise devrait se poursuivre au cours des prochains mois, sous l’effet d’une forte appétence pour les voyages. En particulier, l’assouplissement récent des restrictions sur les voyages en Chine devrait stimuler cette demande, » indique-t-il.