
La croisière ne s’amuse plus ! Le raz de marée de l’épidémie de coronavirus et les contaminations à bord de navires ont emporté les belles prévisions de la Cruises Lines International Association (Clia) qui espérait 32 millions de croisiéristes en 2020. Au cœur de la crise, plusieurs paquebots ont été refusé dans les ports, errant le long des côtes italiennes, américaines ou japonaises. Et la saga du Diamond Princess mis en quarantaine dans le port de Yokohama, avec 700 cas à bord dont 13 mortels, a eu un effet dévastateur pour l’image du secteur. Les annulations, puis l’arrêt de tous les bateaux ont mis à mal les finances des compagnies, l’américain Royal Caribbean ayant annoncé une perte de trois milliards de dollars au premier semestre 2020.
Les opérateurs les plus fragiles n’ont pas tenu tels l’espagnol Pullmantur ou l’anglais Cruise & Maritime Voyages, dont la filiale française qui devait débuter ses croisières au printemps 2021 ne verra finalement pas le jour. En outre, plusieurs paquebots devraient partir à la casse dont les Sovereign et Monarch of the Seas, âgés respectivement 32 et 28 ans. A l’inverse, la pandémie ne remet pas en cause l’ambitieux programme d’expansion de MSC avec le lancement toujours prévu de deux navires à l’été 2021 : le MSC Seashore qui naviguera en Méditerranée occidentale depuis Gênes et le MSC Virtuosa positionné en Europe du Nord au départ de Kiel ou de Copenhague.
Pour relancer les réservations et rassurer la clientèle, les compagnies de croisières jouent la carte de la flexibilité avec des conditions de paiement assouplies et des possibilités d’annulation ou reports facilitées selon l’évolution de la pandémie. Surtout, des protocoles sanitaires ont été élaborés pour que les navires reprennent progressivement la mer en Europe, les croisières demeurant suspendues aux Etats-Unis jusqu’au 30 septembre. Fort d’un protocole sanitaire élaboré avec Bureau Veritas, CroisiEurope a repris ses croisières sur les fleuves français (Seine, Rhône, Loire et Gironde) et européen (Rhin, Danube, Elbe) ainsi que ses navigations maritimes autour de la Corse et en Croatie.
Dès mi-juillet, Ponant a été le premier à larguer les amarres avec des croisières autour de la Corse, en Atlantique et en Arctique. MSC a suivi en août avec le MSC Grandiosa navigant sur la côte italienne et Malte depuis Gênes, puis fin septembre le MSC Magnifica depuis Trieste. « La reprise sera très progressive et selon un protocole sanitaire sécurisé« , précise Patrick Pourbaix, directeur général France de MSC Croisières. Les passagers doivent ainsi montrer patte blanche avec un test PCR réalisé 72h avant le départ et un second test effectué dans le terminal avant de monter à bord. Le masque est obligatoire lors des déplacements sur les navires et la température des passagers prise deux fois par jour à l’entrée des restaurants, où les buffets ne sont plus en service libre. Enfin, si les passagers souhaitent descendre aux escales, ils ont obligation de suivre les excursions organisées par la compagnie. « La distanciation sociale est respectée à bord d’autant que nous ne souhaitons pas dépasser pour l’instant les 70% de remplissage« , ajoute Patrick Pourbaix. Un seuil loin d’être atteint avec moins de 50% de passagers sur les premiers départs.
Costa reprend également la mer mais à petite vitesse avec le seul Costa Deliziosa et des croisières en Méditerranée réservées dans un premier temps aux Italiens. Tous les protocoles sanitaires ne sont cependant pas infaillibles. Les mésaventures rencontrées cet été par Hurtigruten avec des cas positifs sur le MS Roald Admunsen en Norvège et Ponant avec le Paul Gauguin en Polynésie sont là pour le rappeler…